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29 juillet, 2022

Le PIB fournit une lecture erronée de l’état de l’économie

 Par Frank Shostak.

La statistique du PIB reflète l’idée que le facteur clé de la croissance économique n’est pas la production de richesses mais plutôt leur consommation. Il s’agit plutôt d’un calcul de la valeur des biens et services finaux produits pendant un intervalle de temps donné, généralement un trimestre ou une année. Comme les dépenses de consommation représentent la plus grande partie de la demande globale, de nombreux commentateurs estiment que les dépenses de consommation sont le principal moteur de la croissance économique.

Tout ce qui compte dans cette optique, c’est la demande de biens et de services qui, à son tour, donnera lieu presque immédiatement à leur offre. Comme l’offre de biens est considérée comme acquise, ce cadre ignore les différentes étapes de la production qui précèdent l’émergence du bien final.

Dans le cadre du PIB, les biens apparaissent en raison du désir des gens d’en acquérir. Cependant, il ne suffit pas d’avoir une demande de biens, il faut aussi avoir les moyens de les acheter. Les moyens sont divers biens de consommation finaux nécessaires pour soutenir les individus dans les différentes étapes de la production.

La source principale des moyens de subsistance est l’épargne des individus. Par exemple, Jean le boulanger produit dix pains et en consomme deux. Les huit miches de pain non consommées constituent une épargne. Jean le boulanger pourrait échanger les huit pains économisés contre les services d’un technicien afin d’améliorer son four, c’est-à-dire l’amélioration de son infrastructure. Avec l’aide d’une infrastructure améliorée, Jean pourrait augmenter la production de pain – augmentant ainsi la croissance économique. Notez que les huit pains économisés assurent la vie et le bien-être du technicien pendant qu’il améliore le four.

L’épargne détermine la croissance future. Si un renforcement de la croissance économique nécessite une infrastructure particulière alors qu’il n’y a pas assez d’épargne pour réaliser une telle infrastructure, alors la croissance économique n’émergera pas. Le cadre du PIB ne peut pas nous dire si les biens et services finaux qui ont été produits au cours d’une période donnée sont le reflet de l’expansion de la richesse ou le résultat de la consommation de capital.

 

Le PIB et l’économie réelle : quelle relation ?

Il est difficile de calculer le PIB réel. Pour calculer un total, il faut additionner plusieurs choses, qui doivent avoir une unité en commun. Or, il n’est pas possible d’ajouter les réfrigérateurs aux voitures et aux chemises pour obtenir le total des biens finaux. Pour surmonter cette difficulté, les économistes utilisent la dépense monétaire totale en biens, qu’ils divisent par un prix moyen de ces biens. Il n’est cependant pas possible de calculer le prix moyen.

Supposons que deux transactions aient été effectuées. Dans la première transaction, un téléviseur est échangé contre 1000 dollars. Dans la deuxième transaction, une chemise est échangée contre 40 dollars. Le prix ou le taux d’échange de la première transaction est de 1000 dollars/TV. Le prix de la deuxième transaction est de 40 dollars/chemise. Pour calculer le prix moyen, il faut additionner ces deux rapports et les diviser par deux. Cependant, on ne peut pas additionner 1000 dollars/TV et 40 dollars/chemise, ce qui implique qu’il n’est pas possible d’établir un prix moyen.

L’emploi de diverses méthodes sophistiquées pour calculer le niveau moyen des prix ne peut contourner le problème essentiel qu’il n’est pas possible d’établir un prix moyen de divers biens et services. Par conséquent, les divers indices de prix que les statisticiens gouvernementaux calculent ne sont que des chiffres arbitraires. Si les déflateurs de prix n’ont aucun sens, il en va de même pour la statistique du PIB réel.

Puisqu’il n’est pas possible d’établir quantitativement l’état du total des biens et services réels, on ne peut pas prendre au sérieux les diverses données comme le PIB réel que les statisticiens de l’État produisent. Le concept de PIB donne l’impression qu’il existe une chose appelée production nationale. Or, dans une économie de marché, la richesse est produite par les individus et leur appartient indépendamment. Selon Ludwig von Mises, l’idée que l’on puisse établir la valeur de la production nationale ou de ce que l’on appelle le PIB est farfelue :

Si un calcul commercial évalue une réserve de pommes de terre à 100 dollars, l’idée est qu’il sera possible de la vendre ou de la remplacer contre cette somme. Si une unité entrepreneuriale entière est estimée à 1 000 000 dollars, cela signifie que l’on s’attend à la vendre pour cette somme. L’homme d’affaires peut convertir son bien en argent, mais pas une nation.

Que devons-nous donc penser des déclarations périodiques selon lesquelles l’économie, telle qu’elle est représentée par le PIB réel, a augmenté d’un certain pourcentage ?

Tout ce que nous pouvons dire, c’est que ce pourcentage n’a rien à voir avec la croissance économique réelle et qu’il reflète très probablement le rythme du pompage monétaire. Le PIB étant exprimé en dollars, il est évident que ses fluctuations seront déterminées par les fluctuations de la quantité de dollars injectés dans l’économie. Nous pouvons également en déduire qu’un taux de croissance élevé du PIB réel est susceptible de refléter un affaiblissement du processus de formation de la richesse.

Lorsque l’on se rend compte que la croissance économique dite réelle, telle que représentée par le PIB réel, reflète les fluctuations du taux de croissance de la masse monétaire, il devient clair qu’un boom économique n’a rien à voir avec une véritable expansion économique. Au contraire, un boom conduit à une contraction économique réelle, puisqu’il sape la réserve de richesse, qui est au cœur de la croissance économique réelle.

Comme le cadre du PIB suppose que la banque centrale peut provoquer une croissance économique réelle, la plupart des commentateurs suivent servilement ce récit. Une grande partie de la soi-disant recherche économique apporte un soutien scientifique au point de vue selon lequel le pompage monétaire peut permettre à l’économie de croître. Ce que ces études négligent, c’est qu’aucune autre conclusion ne peut être tirée une fois que l’on a réalisé que le PIB est un proche parent de la masse monétaire.

 

Pourquoi avons-nous besoin d’informations sur la croissance économique ?

On est tenté de se demander pourquoi il est nécessaire de connaître la croissance de ce que l’on appelle l’économie. À quoi peut servir ce type d’information ? Dans une économie libre, ce type d’information serait peu utile aux entrepreneurs. Le seul indicateur auquel tout entrepreneur se fierait serait celui des pertes et profits. Comment l’information selon laquelle l’économie a augmenté de 4 % au cours d’une période donnée peut-elle aider un entrepreneur à générer des bénéfices ?

Ce dont un entrepreneur a besoin, ce n’est pas d’informations générales, mais plutôt d’informations spécifiques concernant la demande d’un ou de plusieurs produits spécifiques. L’entrepreneur doit lui-même établir son propre réseau d’informations concernant une entreprise particulière.

Les choses sont différentes, cependant, lorsque l’État et la banque centrale manipulent le cours des affaires. Dans ces conditions, aucun homme d’affaires ne peut ignorer la statistique du PIB puisque l’État et la banque centrale réagissent à cette statistique par le biais de politiques fiscales et monétaires.

Grâce au cadre du PIB, les responsables des États et des banques centrales donnent l’impression qu’ils peuvent piloter l’économie. Selon ce mythe, l’économie est censée suivre une trajectoire de croissance définie par des fonctionnaires omniscients. Ainsi, chaque fois que le taux de croissance tombe en dessous du sentier de croissance défini, les fonctionnaires sont censés donner à l’économie une impulsion appropriée. Inversement, lorsque l’économie croît trop rapidement, les fonctionnaires sont censés intervenir pour ralentir le taux de croissance de l’économie.

Si l’effet de ces politiques se limitait uniquement à la statistique du PIB, l’ensemble de l’exercice serait inoffensif. Cependant, ces politiques altèrent les activités des producteurs de richesse et nuisent ainsi au bien-être des gens. De même, par le biais du pompage monétaire et de la manipulation des taux d’intérêt, la Réserve fédérale ne contribue pas à générer plus de prospérité, mais met plutôt en mouvement un « PIB plus fort » et la menace conséquente du cycle d’expansion et de contraction qui aboutit à l’appauvrissement économique.

 

Conclusion

La statistique du PIB fournit un cadre de référence illusoire pour évaluer les performances des responsables étatiques. Les mouvements du PIB ne peuvent toutefois pas nous fournir d’informations significatives sur ce qui se passe dans l’économie réelle.

En fait, elle peut même nous donner une fausse impression. Dans la plupart des cas, un fort taux de croissance du PIB est susceptible d’être associé à une dilapidation intensive de la masse des richesses. Ainsi, malgré de « bonnes données » sur le PIB, beaucoup plus d’individus peuvent avoir beaucoup plus de mal à joindre les deux bouts.

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