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19 juillet, 2022

12 aberrations sur l’inflation colportées par les médias

 Par Gérald Autier.

C’est une erreur de penser que ce que l’on appelle communément « inflation » se résume simplement à l’augmentation des prix à la consommation.

L’inflation ne doit pas se définir comme une augmentation des prix à la consommation, mais comme une augmentation de la masse monétaire. L’augmentation des prix à la consommation n’est que l’un des symptômes de l’inflation, tout comme l’est l’augmentation du prix des actifs.

Cette distinction est importante. Il en découle que l’inflation n’est pas « de retour » mais bien présente depuis plusieurs années. Elle l’est d’autant plus significativement depuis la mise en œuvre de politiques monétaires accommodantes qui alimentent les hausses de prix des actifs. Preuve en est la phénoménale augmentation du prix des marchés financiers et immobiliers au cours des douze dernières années.

 

L’inflation est transitoire

Il est de bon aloi pour les gouvernants de rassurer les populations quant à la nature temporaire du phénomène inflationniste.

Nous sommes beaucoup plus pessimistes à ce sujet.

En effet, les autorités se trouvent aujourd’hui face à un dilemme cornélien. D’une part, laisser s’envoler les prix à la consommation, ce que le public appelle « inflation » ; de l’autre, relever drastiquement les taux d’intérêt1 directeurs des banques centrales afin de réduire le le volume du crédit alimentant l’augmentation des prix. Encore faudrait-il pour ce faire avoir une marge de manœuvre budgétaire. Une hausse des taux de la BCE aurait non seulement des répercussions négatives sur la croissance économique anémique, mais  renchérirait aussi le service de la dette, alors que celui-ci est déjà à peine supportable.

 

L’IPC reflète fidèlement l’évolution des prix à la consommation

En France, le niveau des prix à la consommation est publié mensuellement par l’INSEE. Son indicateur IPC (Indice des Prix à la Consommation) reflète l’évolution des prix du panier moyen des ménages.

Par exemple, lorsque le prix d’un paquet de café moulu vendu 1 euro augmente de 2 centimes d’un mois à l’autre, l’INSEE intègre cette hausse proportionnellement au poids relatif du café dans le panier moyen des ménages.

Si vous ne buvez pas de café, tant pis pour vous. C’est le principal reproche que l’on peut faire à l’IPC. Le panier moyen des ménages n’est pas forcément le vôtre. Il est celui d’un ménage imaginaire. De fait, l’INSEE en exclut un grand nombre de produits et services, comme les véhicules d’occasion, les primes d’assurance, les crédits immobiliers, les services de plomberie ou d’électricité, les travaux d’agrandissement ou de rénovation de logement, etc.

L’IPC est une mesure très arbitraire des prix des biens à la consommation.

 

Si l’IPC est stable, cela signifie que les prix à la consommation le sont également

Le deuxième reproche que l’on peut faire à l’IPC tel que le calcule l’INSEE est que cet indice ne prend pas en compte les évolutions des habitudes de consommation des ménages.

Par exemple, supposons que le panier moyen contienne une ligne « litre de jus d’orange ». Supposons par ailleurs que le cours de cet agrume s’envole et que, corollairement, le prix moyen du litre de jus d’orange en grande distribution passe de 1,25 euro à 7,50 euros. Il est fort probable que les ménages n’achèteront plus (ou réduiront fortement leur consommation) de jus d’orange. Puisqu’il n’est plus consommé, l’INSEE considère que ce produit n’est plus représentatif du panier moyen et ne le prendra plus en compte dans ses calculs de l’indice des prix à consommation. Bonne nouvelle pour l’indice lui-même qui affiche ainsi une étonnante stabilité alors que le prix de certains produits a dans les faits fortement augmenté.

 

Certains prix ne changent pas, il n’y a donc pas d’inflation

Les prix à la consommation sont influencés par des facteurs non seulement monétaires mais aussi réels. Parmi ces derniers, relevons l’augmentation de la productivité. En effet, les entrepreneurs cherchent à satisfaire au mieux leur clientèle. Ils sont constamment à la recherche de méthodes de production plus efficaces ou de produits plus innovants répondant toujours mieux aux attentes du marché. Dans une économie de marché libre, l’innovation exerce naturellement une pression à la baisse sur les prix : soit parce que le prix de la marchandise est effectivement réduit, soit parce qu’on trouve des marchandises à des prix identiques offrant davantage de fonctionnalité ou de meilleure qualité. À titre d’illustration, nous avons tous constaté que le prix des ordinateurs portables proposés aujourd’hui est nettement plus bas qu’il y a 20 ans. Alors même que ces ordinateurs sont nettement plus sophistiqués qu’au début du siècle.

Grâce aux gains de productivité et sans intervention des autorités monétaires, les consommateurs devraient connaître une augmentation progressive de leur pouvoir d’achat.

A contrario, dans le cas où l’inflation monétaire est manifeste, la baisse des prix engendrée par les gains de productivité peut ne plus être observée. La baisse des prix et l’inflation peuvent se compenser. Les prix ont l’air stables mais, sans intervention, ils auraient baissé.

 

L’inflation générale des prix est causée par des phénomènes géopolitiques

Les tensions internationales peuvent effectivement provoquer la hausse de certains prix. Considérons que si un événement géopolitique obère une partie de la production mondiale de blé, il est certain que, si la demande reste identique, le prix du kilo de blé augmentera. Toutefois, cet événement ne peut pas causer une augmentation générale des prix. Tout simplement parce que, schématiquement, si un individu perçoit un salaire identique et qu’il acquiert le kilo de farine plus cher, il disposera conséquemment de moins d’argent pour consommer du sucre. Si la demande du sucre se réduit, son prix baissera.

Si les prix augmentent de concert, c’est qu’il y a une inflation monétaire.

Milton Friedman, chef de file de l’École monétariste, résume cela parfaitement : « L’inflation est toujours un phénomène monétaire ».

 

Nos enfants rembourseront la dette créée par l’inflation

Au temps de l’empereur Constantin, l’inflation s’expliquait principalement par la volonté des autorités de rogner les pièces d’or pour pouvoir en fabriquer plus.

De nos jours, si les méthodes des autorités monétaires sont différentes, les effets sont les mêmes. La Banque centrale europénne achète les obligations souveraines des États européens, ce qui leur permet d’émettre de nouvelles obligations finançant ainsi toujours plus de dépenses publiques. L’endettement public en France qui atteint aujourd’hui près de 130 % du PIB, est le résultat d’une dette créée ex-nihilo et non d’une richesse créée en contrepartie par un prêteur.

Dans le second cas, il y aurait effectivement une facture importante à rembourser à terme. Dans le premier, la facture, présentée aux épargnants, sera graduelle et prendra la forme d’augmentation des prix à la consommation et d’une augmentation du prix des actifs.  Rien d’étonnant à ce que ses effets ne soient pas immédiats, Richard Cantillon a démontré que l’inflation était progressive : les prix augmentent d’abord au point d’entrée de la monnaie, ce qui creuse les inégalités entre ceux qui ont accès au crédit et ceux qui n’y ont pas accès.

 

Il n’y a que deux façons de rembourser notre dette : taxes et inflation

Les taxes et l’inflation seraient les deux seuls moyens de rembourser notre importante dette publique. Or, l’inflation est aussi une taxe sur l’épargne (voir point 10).

Concédons néanmoins qu’il y a que deux moyens de rembourser notre dette : les taxes connues de tous et celles dissimulées aux yeux de tous.

 

Pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages, il faut mettre en œuvre un nouveau « quoiqu’il en coûte »

Dans un article précédent, nous exprimions nos craintes concernant les conséquences sociales du « quoiqu’il en coûte » en soutenant qu’il entraînerait une paupérisation durable de la population française.

Nos inquiétudes n’étaient pas infondées. Le très bien nommé « quoi qu’il en coûte » coûtera très cher (cf. point 10) aux épargnants. Si d’aventure les autorités monétaires persévéraient dans une politique d’expansion monétaire, le coût à supporter serait in fine encore plus élevé.

 

2 % d’inflation annuelle est bon pour l’économie

Certains économistes considèrent qu’une petite dose d’inflation peut être bénéfique pour l’économie. Ils soutiennent, à juste titre, que si les prix à la consommation augmentent, les salaires suivront.

Il est effectivement probable que si un entrepreneur améliore sa marge opérationnelle en profitant d’une hausse du prix de vente de ses produits, il sera incité à relever les émoluments de sa force de travail. Toutefois, notons que les salariés subissent défavorablement cette situation puisqu’il peut y avoir un délai entre la hausse des prix à la consommation constatée et l’ajustement de leur salaire.

Mais cette réalité occulte le problème de fond causé par un niveau d’inflation annuel à 2 %.

Illustrons-le à l’aide d’un exemple :

Imaginons qu’en année 1, les prix à la consommation soient les suivants :

Café : 2 euros
Ticket de cinéma : 10 euros
Voiture : 10 000 euros

Et que le salaire versé par une entreprise à son employé soit de 2000 euros mensuels.

En supposant une inflation de 10 %, nous aurions les prix suivants en année 2 :

Café : 2,20 euros
Ticket de cinéma : 11 euros
Voiture : 11 000 euros
Salaire : 2200 euros

À première vue, on constate que la situation est identique. C’est oublier l’épargne accumulée par ce travailleur. Si celui-ci disposait de 10 000 euros d’épargne en année 1, il dispose toujours de 10 000 euros d’épargne en année 2. Cependant, la deuxième année, il ne peut plus s’acheter une voiture. Son épargne a été amputée de 10 %.

L’inflation est une taxe sur l’épargne qui ne dit pas son nom.

Que son niveau soit de 2 ou de 10 %, préconiser un niveau d’inflation positive comme étant bénéfique pour l’économie, c’est recommander une taxe sur capitaux accumulés des épargnants quel que soit leur niveau de revenus et quelle que soit leur richesse.

 

L’inflation est mauvaise pour les riches et bonne pour les pauvres

L’inflation comme nous l’avons établi (point 10) est une taxe sur les épargnants.  Elle touche indistinctement tous les épargnants quel que soit leur niveau de richesse. Toutefois, les classes les plus favorisées peuvent modifier leur portefeuille d’investissement en allouant leur épargne vers des actifs corrélés positivement avec l’inflation. En outre, ils disposent d’une capacité d’endettement que n’ont pas les classes sociales les plus fragiles.

Les classes sociales les plus fragiles, les classes populaires et les classes moyennes, disposant d’une épargne moindre seront les dernières à bénéficier de ces mesures monétaires et verront en premier leur pouvoir d’achat diminuer.

Les politiques monétaires accommodantes, responsables de l’inflation, sont des mesures anti-pouvoir d’achat.

 

Les gouvernements feront tout pour lutter contre l’inflation.

Contrairement aux apparences, les politiques monétaires laxistes (accommodantes) ont plusieurs avantages pour les gouvernements :

Elles réduisent de facto la valeur réelle de la dette déjà émise.

Elles permettent d’émettre de nouvelles dettes en réduisant le service de la dette.

Elles permettent d’augmenter les revenus de l’État (augmentation de la TVA, de l’impôt sur les sociétés, puis de l’impôt sur le revenu), alors que les prestations sociales sont peu ou pas augmentées (ou alors très tardivement).

Elles permettent de démontrer aux électeurs que le gouvernement agit.

En d’autres termes, les politiques monétaires accommodantes renforcent le pouvoir des dirigeants. Il pourrait être naïf de croire que les États s’attèlent sérieusement à réduire leur emprise économique.

Nous terminons notre court exposé par cette citation de John Maynard Keynes, l’instigateur de ces politiques inflationnistes :

« Par un processus continu d’inflation, le gouvernement peut confisquer, secrètement et sans être observé, une part importante de la richesse de ses citoyens » – Les conséquences économiques de la paix (1919)

  1. Le Président de la FED au début années 1980, Paul Volcker, choisit cette politique afin d’enrayer l’inflation galopante aux États-Unis supérieure à 14 %. En mars 1980, il releva le taux directeur jusqu’à 20 % alors qu’il n’était que de 6,5 % deux ans plus tôt. Il est vrai que le niveau de l’endettement public était bien inférieur à ce qu’il est aujourd’hui. ↩

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