Par Pascal Richet
Le 22 juin dernier, nous avons publié sous la signature de Jean-Philippe Delsol, un article sur Le Totalitarisme écologique dénonçant la censure de fait exercée sur l’article de Pascal Richet « The temperature-CO2 climate connection : an epistemological reappraisal of ice-core messages. » (traduction française disponible ici) paru en accès libre dans la revue History of Geo- and Space Sciences. Cet article, qui remet en cause les théories du réchauffement anthropomorphique, est une contribution au débat de la part d’un scientifique reconnu. Notre intention n’était pas de dire que M Richet avait nécessairement raison, même si son raisonnement est particulièrement convainquant, mais de nous insurger contre la dictature de la pensée imposée par l’ONU et « son » GIEC. A la suite de quoi, M. Pascal Richet nous a fait parvenir la traduction française d’un article qu’il a publié le 26 juin dans le journal économique espagnol Expansión. Avec l’accord de ce dernier et de l’auteur, nous en publions ci-dessous la version française.
Depuis sa domestication il y a 400 000 ans, le feu a très
largement déterminé l’évolution de l’homme et celle des sociétés humaines par
le biais de sa maîtrise de plus en plus poussée. Alors que la cuisson des
aliments a conduit à une régression des mâchoires et à un développement du
cerveau, les arts du feu ont peu à peu donné naissance à la civilisation
moderne. Eclairage artificiel, céramiques, métallurgie, mortiers de chaux puis
de ciment, machine à vapeur, moteurs à explosion et à réaction, production
d’électricité, toutes ces avancées familières ont été indissolublement liées au
feu, et donc à la production de dioxyde de carbone (CO2) par la combustion de
bois, gaz, pétrole ou autres substances.
Les modèles climatiques ont relégué à l’arrière-plan des
archives beaucoup plus parlantes comme les glaces polaires
L’augmentation de la population mondiale et une élévation de
niveau de vie ont bien sûr conduit à des émissions croissantes de CO2 dans
l’atmosphère. Selon le dogme dominant, l’effet de serre associé à ce gaz a en
retour fait attribuer à ses teneurs croissantes un dérèglement climatique aux
conséquences catastrophiques les plus variées. Décarboner les activités
humaines en quelques décennies afin de lutter contre ce dérèglement est ainsi
devenu un impératif. Tirer un trait sur des millénaires d’ingéniosité humaine
est cependant un défi formidable, comme l’illustre un coût estimé par la banque
mondiale à 89 000 milliards de dollars pour la seule période 2015-2030 !
Devant la nature colossale des investissements annoncés, et
celle des ressources minérales et énergétiques à engager, il est utile de
s’assurer que les effets du CO2 sont bien ceux qui sont décrits. Au premier
plan se trouvent les modèles informatiques de climat auxquels on se fie surtout
de nos jours, qui souffrent pourtant de nombreuses limitations. La principale
est qu’ils couvrent des périodes de temps beaucoup trop brèves pour rendre
compte des grands cycles de glaciations-déglaciations, les changements climatiques
les plus tangibles, qui se produisent sur des dizaines de milliers d’années. La
situation est analogue à celle qu’on rencontrerait si l’on prenait une
vaguelette comme fondement d’une théorie des marées sans considérer des cycles
entiers de marées montantes et descendantes d’ampleurs variables.
Les modèles climatiques ont par ailleurs relégué à
l’arrière-plan des archives beaucoup plus parlantes. Les plus précieuses sont
les glaces polaires car les instruments d’analyse modernes permettent de déchiffrer
les messages climatiques de l’histoire de la planète qu’elles ont conservé à
mesure que la neige se compactait en glace en emprisonnant de minuscules bulles
d’air. Il est par exemple possible de mesurer précisément la teneur en CO2 (et
en méthane, CH4) de ces bulles en fonction de la profondeur de la glace dans
les carottes extraites, et donc de leur âge. Et comme la température de dépôt
de la neige peut aussi être déterminée par des méthodes isotopiques, on dispose
d’un enregistrement continu de ces paramètres sur des périodes se comptant par
centaines de milliers d’années.
Les glaces extraites à la base antarctique de Vostok
constituent une référence “incontournable” pour les climatologues car elles
couvrent les quatre cycles de glaciation-déglaciations qui se sont succédé
depuis 423 000 ans. Leurs analyses ont confirmé que ces cycles sont avant tout
gouvernés par des variations de la chaleur reçue du soleil quand l’orbite
terrestre varie elle-même sous l’effet d’interactions gravitationnelles complexes.
Dans le cadre de ces cycles astronomiques, dits de Milankovitch, la question
est alors de savoir quel rôle amplificateur a pu jouer le CO2 atmosphérique. On
peut y répondre en examinant très simplement les relations de cause à effet
pertinentes à la lumière des principes de la logique établis par Aristote il y
a 2500 ans.
Les carottes glaciaires révèlent en effet l’existence de
brefs épisodes de réchauffement
Selon le principe de non-contradiction, une chose ne peut
pas être à la fois elle-même et son contraire. Il s’ensuit en particulier qu’un
effet ne peut pas être plus bref que sa cause, sans quoi la cause n’en serait
plus une. Or les données paléoclimatiques montrent que les périodes de teneurs
en CO2 élevées sont non seulement systématiquement plus longues que celles de
températures élevées, tout en débutant plus tardivement qu’elles, mais qu’elles
ne révèlent pas de fluctuations de teneurs en CO2 de courtes durées analogues à
celles que montrent les températures. Il se trouve que l’atmosphère renferme
une quantité infime de CO2 par rapport aux océans et que la solubilité du CO2
dans l’eau décroît quand la température augmente. Les teneurs en CO2 de
l’atmosphère se sont donc simplement ajustées au cours du temps aux variations
de températures avec des décalages dus à la lenteur relative de
l’homogénéisation chimique des océans. Un argument fort renforce cette
conclusion. Le méthane est un produit de l’activité biologique, qui croît
elle-même avec la température. Si le CO2 contribuait au réchauffement de
l’atmosphère, ses teneurs seraient corrélées à celles du méthane. Or ce n’est
pas du tout le cas, d’où l’on conclut que ces teneurs en méthane n’ont dépendu
que des seules températures.
Ces conclusions ne contredisent en rien l’existence d’un
léger réchauffement au cours de ces dernières décennies. Les carottes
glaciaires révèlent en effet l’existence de brefs épisodes de réchauffement,
très nombreux, auxquels aucune attention n’est curieusement apportée, et dont
la cause peut être attribuée à de tout autres facteurs tels que des
fluctuations de l’activité solaire. En bref, ce qui se passe en quelques
décennies offre peu d’informations sur l’évolution du climat, dont l’unité de
mesure est plus proche des dizaines de milliers d’années.
Que les effets du CO2 sur le climat soient minimes n’est en
rien une conclusion inédite. Les auteurs qui l’ont déjà établie sur d’autres
bases se heurtent cependant au prétendu consensus qu’on leur oppose sur la
question. Mais cette notion de consensus n’a aucune pertinence ici car
l’histoire des sciences n’est qu’une longue promenade dans le cimetière où les
idées longtemps admises sans discussion reposent désormais en paix. Elle sert
plutôt de justification pour bannir du débat toute idée hétérodoxe. Comme
l’auteur de ces lignes en fait en ce moment l’expérience, le trait le plus
inquiétant du débat climatique est la volonté de disqualifier d’entrée
l’adversaire en l’entraînant sur d’autres champs étrangers au problème plutôt
que de lui opposer des commentaires critiques auxquels des réponses seraient
apportées en laissant le public trancher. De manière surprenante, les débats
francs et honnêtes sur lesquels le progrès scientifique a reposé au cours de
l’histoire sont remplacés par des actions de nature totalitaire telles que diffamation
et tentatives de réduire au silence ou de réprimer les opinions divergentes
sous la menace de l’ostracisme.
Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, il conviendrait
pourtant de garder en tête la réflexion que fit au début du VIe siècle le philosophe
et homme d’État romain Boèce : “La philosophie grecque elle-même, en
effet, n’aurait jamais été tenue dans un si grand honneur, si elle n’avait pas
été nourrie des conflits et des dissensions des plus grands savants.”
Pascal Richet, Institut de physique du globe de Paris
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