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10 juin, 2021

Impact économique de la crise covid : l’étatisme impossible (4)

 Les problèmes naissent inévitablement de l’exercice du pouvoir coercitif des États. Notre mini-série sur l’analyse de la crise covid du point de vue de l’école autrichienne d’économie.

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Seconde partie de l’article ici

Troisième partie de l’article ici

PANDÉMIES : BUREAUCRATIE ET COERCITION GOUVERNEMENTALE VERSUS COORDINATION SOCIALE SPONTANÉE

Théorème de l’impossibilité du socialisme et son application à la crise actuelle

La réaction des différents gouvernements et autorités publiques du monde (et en particulier de notre propre pays, l’Espagne) face à l’apparition et évolution de la pandémie de Covid-19, les mesures qu’ils ont successivement adoptées et le suivi de leurs effets constituent une occasion unique pour tout théoricien de l’économie désireux de constater, vérifier et appliquer dans un cas historique très proche et important le contenu essentiel et les implications principales du Théorème de l’impossibilité du socialisme énoncé pour la première fois il y a cent ans par Ludwig von Mises1.

Il est vrai que l’effondrement de l’ancienne Union soviétique et du socialisme réel ainsi que la crise de l’État providence avaient déjà suffisamment illustré le triomphe de l’analyse des économistes de l’école autrichienne dans le débat historique sur l’impossibilité du socialisme.

Mais la tragique irruption de la pandémie de Covid-19 nous a fourni un exemple réel supplémentaire beaucoup plus concret et proche de nous, illustrant parfaitement et confirmant ce qu’indique la théorie, à savoir : il est théoriquement impossible qu’un planificateur central puisse donner un contenu coordinateur à ses ordres. Leur apparente nécessité, la noblesse du but poursuivi ou la bonne foi et l’effort dont on fait preuve pour réussir importent peu2.

Étant donné l’impact mondial de la pandémie actuelle qui a touché tous les pays indépendamment de leur tradition, culture, niveau économique et système politique, l’applicabilité du théorème de Mises à toute mesure coercitive d’intervention étatique est évidente, de sorte qu’il se généralise comme Théorème de l’impossibilité de l’étatisme.

Il existe certes des différences notables quant aux mesures d’interventions adoptées par les divers gouvernements. Cependant, même si la gestion des uns ou des autres a pu être plus ou moins bonne ou mauvaise, il s’est agi en réalité de différences de degré plus que de catégorie, car les gouvernements ne peuvent se départir de l’essence coercitive fixée dans leur ADN. C’est leur caractéristique la plus intime et, quand ils l’appliquent et dans la mesure où ils l’appliquent, tous les effets négatifs prévus par la théorie apparaissent et se reproduisent inéluctablement.

Le problème ne réside donc pas dans le fait que certains gouvernants sont plus ineptes que d’autres (ce qui est, sans nul doute, le cas en Espagne3), mais dans le fait que tous sont voués à l’échec lorsqu’ils s’obstinent à organiser la coordination de la société en utilisant leur pouvoir et des ordres coercitifs.

Et voici sans doute le message le plus important que la théorie économique doit transmettre à la population : les problèmes naissent inévitablement de l’exercice du pouvoir coercitif des États, indépendamment de la compétence du politicien en place.

Bien que cet article s’occupe d’une manière générale de l’analyse économique des pandémies, nous allons nous concentrer presque exclusivement sur les implications de la pandémie actuelle au regard du Théorème de l’impossibilité de l’étatisme-socialisme.

Cela, non seulement en raison de la proximité chronologique et personnelle des faits pour n’importe quel lecteur d’aujourd’hui, mais aussi parce que les modèles d’intervention mis en œuvre pour d’autres pandémies sont très éloignés dans le temps. Et même si l’on peut reconnaître de nombreux phénomènes dont nous avons été témoins récemment (par exemple, la manipulation informative des États alliés durant la pandémie de grippe de 1918, précisément mal nommée espagnole pour cette raison), leur valeur ajoutée comme illustration de l’analyse théorique est aujourd’hui plus réduite.

Comme l’explique en détail mon livre Socialisme, calcul économique et fonction entrepreneuriale, en particulier au chapitre III, qu’il faut considérer comme reproduit ici4, la science économique a démontré qu’il était impossible à l’État de fonctionner d’une manière dynamiquement efficiente car il se trouve toujours dans une situation d’ignorance invincible qui l’empêche de donner un contenu coordinateur à ses ordres. Cela est dû fondamentalement à quatre raisons que nous allons énumérer par ordre d’importance croissante.

Premièrement, à l’immense volume d’informations et de connaissances nécessaires, non seulement de type technique ou scientifique, mais surtout  concernant une infinité de circonstances personnelles et particulières de temps et de lieu (connaissance pratique).

Deuxièmement, au caractère essentiellement subjectif, tacite, pratique et non formulable de cette information ou connaissance, ce qui détermine son caractère non transférable à l’organe étatique de décision et de planification centrale.

Troisièmement, au fait que cette connaissance n’est ni donnée ni statique, mais varie sans cesse grâce à la capacité innée de création propre à l’être humain et en raison du changement continuel des circonstances environnantes, ce qui produit un double effet sur les autorités : elles sont toujours en retard car l’information maigre et déformée qu’elles reçoivent est déjà obsolète une fois qu’elles ont pu la digérer ; et leurs ordres pour le futur ne peuvent pas viser juste car celui-ci dépend d’une information pratique qui n’est pas encore apparue car pas encore créée.

Et quatrièmement, nous l’avons vu, il ne faut pas oublier que l’État égale coercition (c’est sa caractéristique la plus intime). Donc, en imposant ses ordres par la force à n’importe quel secteur social il entrave et même bloque la création et l’apparition de la connaissance ou information dont il a justement besoin pour donner un contenu coordinateur à ses ordres.

On comprend maintenant le grand paradoxe de l’interventionnisme étatique5 qui tend invariablement à produire des résultats contraires à ceux que l’on se propose d’obtenir.

Ainsi, se manifestent partout les déséquilibres et manques de coordination, le comportement systématiquement irresponsable de l’autorité (qui n’a même pas conscience de l’information qu’elle ne possède pas et de ce que coûtent réellement ses décisions), la création incessante de pénurie, le désapprovisionnement et la mauvaise qualité des ressources qu’elle essaie de mobiliser et de contrôler, la manipulation informative à but politique et la corruption des principes essentiels de l’État de droit.

On a pu constater l’apparition de tous ces phénomènes successifs, enchaînés et inévitables depuis le début de la pandémie et dès que l’État s’est attaché à lutter contre elle. Nous le redisons, ils ne sont pas le résultat d’une mauvaise praxis des gestionnaires publics mais sont inhérents au système fondé sur l’utilisation systématique de la coercition pour planifier et essayer de résoudre les problèmes sociaux.

Nous recommandons au lecteur de lire le travail de recherche de José Manuel Romero y Oriol Güell, intitulé « El Libro blanco de la Pandemia6», sur la base de l’analyse théorique que nous présentons au sujet de l’impossibilité de l’étatisme.

Toutes les carences et insuffisances de l’étatisme y sont pratiquement illustrées, bien que les auteurs, journalistes de profession, pensent ingénument que leur description des faits servira à éviter que les mêmes erreurs se répètent dans le futur. Ils n’arrivent pas à comprendre que celles-ci découlent, plus que d’erreurs politiques ou de gestion, de la propre logique du système de réglementation, planification et coercition étatique qui engendre toujours d’une façon ou d’une autre les mêmes effets de non-coordination, inefficience et injustice.

Ainsi, et à titre d’exemple parmi beaucoup d’autres, nous pouvons citer la chronologie des faits parfaitement décrite par les auteurs, et les semaines précieuses qui ont été perdues alors que les médecins de l’hôpital public de Valence Arnau de Vilanova se battaient sans succès depuis déjà le 13 février 2020 pour obtenir des autorités sanitaires de la Communauté (et de l’État) l’autorisation de pratiquer les tests de coronavirus aux prélèvements faits sur un patient de 69 ans décédé avec des symptômes qu’ils soupçonnaient être ceux du Covid-19.

Mais ils se heurtèrent à la dure réalité : les organes de planification centrale sanitaire (ministère de la Santé à Madrid et Département de la Santé de la Communauté Autonome) refusèrent à plusieurs reprises leur autorisation car le patient (dont on démontra plusieurs semaines après qu’il était mort du Covid-19) ne réunissait pas les conditions fixées préalablement (24 janvier) par l’autorité, à savoir être allé à Wuhan durant les 14 jours précédant le début des symptômes ou bien avoir été en contact avec des personnes dont la maladie avait été diagnostiquée.

Il est évident que dans un système décentralisé de liberté d’entreprise et qui ne restreindrait pas l’initiative et la créativité des acteurs impliqués une erreur aussi monumentale ne se serait pas produite. On aurait ainsi gagné quelques semaines décisives : on aurait su que le virus circulait déjà librement en Espagne et adopté des mesures de prévention et de lutte contre la pandémie comme par exemple annuler entre autres les manifestations féministes du 8 mars.

L’excellent livre de Mikel Buesa, précité7, expose remarquablement (en particulier aux pages 118 et s.) la série d’erreurs, d’absence de coordination, de corruption, de manipulation de l’information, de violation de droits et de mensonges qui ont été liés à l’activité des différents niveaux de l’État quand il s’est attaqué à la pandémie.

Ainsi, par exemple, le fait que « les ordres de saisie du matériel sanitaire furent, naturellement, interprétés par les fabricants espagnols comme une attaque à leur économie entrepreneuriale, provoquant un blocage de la production et des importations » (p. 109), juste au moment où le plus urgent était de protéger de la contagion les médecins et le personnel sanitaire qui travaillaient quotidiennement sans les moyens de protection nécessaires.

Ou encore la façon dont les réquisitions effectuées dans les douanes sur ordre de l’État ont fait perdre des millions de masques lorsque les fournisseurs ont préféré les envoyer à d’autres clients, craignant que le gouvernement ne se saisisse de la marchandise (ibidem).

Ou le cas, parmi d’autres, du fabricant galicien dont le matériel était bloqué dans un entrepôt, sur ordre de l’État, sans que personne ne le lui réclame (pp. 110-111).

Ou celui des entreprises espagnoles spécialisées dans la fabrication de PCR et dont le stock et la production furent contrôlés par l’État, de sorte qu’ils ne purent ni fabriquer plus de 60 000 PCR par jour ni satisfaire la demande nationale et étrangère (p. 119) ; cela étant aggravé par le goulot d’étranglement dû à l’inexistence de bâtonnets pour prélèvements, qui aurait pu se résoudre immédiatement si les producteurs espagnols avaient conservé leur liberté (p. 114).

Ou encore le désapprovisionnement général du marché des masques, gels désinfectants et gants de nitrile par suite de la réglementation étatique et de la fixation de prix maximum, tout cela durant les mois de propagation maximale du virus (p. 116)8.

Ou comment, après avoir acquis depuis mars 971 millions d’unités de divers produits (masques, gants, blouses, appareils de ventilation et de diagnostic, etc.) on n’en avait distribué que 226 millions en septembre 2020, le reste demeurant stocké et inutilisé dans de multiples entrepôts (p. 118).

Et ainsi de suite, dans une série sans fin qui ressemble plutôt à la description des inefficiences systématiques de production et distribution de l’ancienne Union soviétique et qui conduisirent à l’effondrement définitif du régime communiste à partir de 19899.

Nous le redisons, ce n’est pas le manque de travail, de gestion ou même de bonne foi de nos gouvernants qui causèrent tout cela, mais leur ignorance des connaissances économiques les plus élémentaires ; quoique le gouvernement comptât parmi ses membres des professeurs de philosophie et même des docteurs de notre discipline.

C’est pourquoi il n’est pas étonnant que dans un moment d’urgence et de gravité extrêmes ils aient misé, comme le font toujours les gouvernants car c’est leur rôle au sein de l’appareil, sur la coercition, la réglementation, la confiscation… et non pas sur la liberté d’entreprise, de production et de distribution et qu’ils n’aient pas soutenu, au lieu de les entraver, l’initiative privée et le libre exercice de la fonction entrepreneuriale.

AUTRES EFFETS COLLATÉRAUX DE L’ÉTATISME PRÉVUS PAR LA THÉORIE

Outre les effets fondamentaux de déséquilibre, manque de coordination, agir irresponsable et absence de calcul économique, l’étatisme génère toute une série d’effets négatifs supplémentaires que l’on peut étudier aussi à la fin du chapitre III de mon livre sur le Socialisme10.

Ainsi, une autre caractéristique typique de l’étatisme et des autorités qui l’incarnent consiste à tâcher d’utiliser la crise, dans ce cas créée par la pandémie, non seulement pour maintenir, mais surtout pour accroître leur pouvoir par la propagande politique, afin de manipuler et même de tromper systématiquement les citoyens11.

Par exemple, dès l’apparition de la pandémie, les autorités chinoises ont essayé de masquer le problème en poursuivant et harcelant les médecins qui l’avaient dénoncée. Puis ils entreprirent une campagne éhontée de minoration du nombre des décès, de dissimulation et de manque de transparence qui a duré au moins jusqu’à aujourd’hui, car actuellement (janvier 2021), plus d’un an après l’apparition de la pandémie, le gouvernement chinois n’a pas encore autorisé la commission internationale organisée par l’OMS à venir dans son pays enquêter de façon indépendante sur l’origine véritable de la pandémie.

Dans le cas de l’État espagnol, les travaux cités donnent la preuve de multiples mensonges proférés délibérément et systématiquement sous forme de propagande politique dans le but de manipuler et tromper les gens afin qu’ils ne puissent pas apprécier le véritable coût de la gestion gouvernementale.

Parmi ceux-ci et en raison de leur importance, on relèvera les suivants :

  1. Le nombre réel de décès. Selon Mikel Buesa, on n’a déclaré que 56,4 % d’un total qui aujourd’hui est proche de 90 000.
  2. Le total des personnes réellement contaminées. Selon le moment de la pandémie, entre cinq et dix fois plus que les cas déclarés.
  3. Les données fausses, gonflées dans une proportion de 50 % et fournies délibérément par le gouvernement au Financial Times fin mars 2020, sur le nombre de tests PCR réalisés (355 000 au lieu de 235 000 réels). Ils ont été utilisés ensuite publiquement par le gouvernement pour se vanter d’être un des pays ayant réalisé le plus de tests (par exemple, p.113 du livre de Buesa).

Il ne faut pas oublier que les États en général et leurs gouvernements en particulier, s’efforcent toujours d’atteindre leurs objectifs d’une façon extensive et volontariste[11Ibidem, p. 117.], car ils prétendent que la simple volonté coercitive concrétisée dans leurs ordres et règlements leur permet d’atteindre les objectifs qu’ils se fixent.

Extensive, en ce sens que la réalisation des objectifs poursuivis ne s’apprécie que sur la base des paramètres les plus facilement mesurables, dans ce cas le nombre de décès qui, curieusement, a été minoré presque de la moitié dans les statistiques officielles.

Et quant à la prostitution de la loi et de la justice, conséquence collatérale typique du socialisme12, Buesa démontre l’abus de pouvoir et l’utilisation illégale et anticonstitutionnelle de l’état d’alerte, alors qu’il fallait déclarer l’état d’exception avec toutes les garanties de contrôle prévues par la Constitution. On a ainsi méprisé tant l’État de droit que le contenu essentiel de cette dernière (Buesa, pp. 96-108 et 122).

La dépendance et la complicité de tout un groupe de scientifiques, experts et intellectuels vis-à-vis de l’État mérite une mention spéciale. Ils sont dépendants du pouvoir politique et s’efforcent de donner un soi-disant appui scientifique à toutes les décisions qui en émanent.

L’auréole de la science sert ainsi à désarmer la société civile et à la laisser sans défense. Car l’ingénierie sociale ou socialisme scientiste est l’une des manifestations les plus caractéristiques et perverses de l’étatisme : elle prétend, d’un côté, justifier le fait que les experts, de par leur formation et connaissances en principe supérieures, puissent légitimement diriger nos vies et, d’un autre, bloquer toute plainte ou opposition en invoquant simplement l’appui prétendu de la science.

En somme, les gouvernements nous font croire qu’en raison des connaissances plus approfondies et de la supériorité intellectuelle supposées que présentent leurs assesseurs scientifiques par rapport aux citoyens ordinaires, ils ont le droit de façonner la société à leur guise à l’aide d’ordres coercitifs.

J’ai fait allusion ailleurs13 à la série d’erreurs auxquelles conduit cette soif de pouvoir alimentée par l’arrogance fatale des experts et techniciens.

Elle a son origine dans l’erreur fondamentale qui consiste à penser que l’information pratique éparse créée et transmise en permanence par les acteurs dans le processus social peut être connue, énoncée, stockée et analysée de façon centralisée par des moyens scientifiques, chose impossible en théorie et en pratique14.

À suivre

  1. Ludwig von Mises, Die Wirtschaftsrechnung im sozialistischen Gemeinwesen, Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, nº 47, 1920, pp. 86-121. ↩
  2. Une autre illustration historique concrète, cette fois de l’autre côté du rideau de fer à la fin de l’ère communiste soviétique, a été l’explosion de la centrale atomique de Tchernobyl le 26 avril 1986. Elle a soulevé des flots de commentaires et d’analyses. Son contexte et ses principales vicissitudes sont admirablement exposés dans la série Tchernobyl produite et distribuée en cinq chapitres par HBO-SKY à partir de 2019 et qui est devenue la mini-série de télévision la plus appréciée de l’histoire. ↩
  3. Voir, par exemple, Mikel Buesa, Abuso de poder: el coronavirus en España. Incompetencia y fracaso en la gestión de la crisis, Marcial Pons, Madrid 2020. ↩
  4. Jesús Huerta de Soto, Socialisme, calcul économique et fonction entrepreneuriale, L’Harmattan, Paris 2014, en particulier pp. 67-117. ↩
  5. Le paradoxe insoluble de l’étatisme consiste en ce que « plus l’organe directeur s’obstine à planifier ou contrôler une certaine parcelle de la vie sociale, moins il peut atteindre ses objectifs, car il ne peut pas obtenir l’information nécessaire à l’organisation coordonnée de la société. Cela crée, en outre, de nouveaux désajustements et de nouvelles distorsions, précisément dans la mesure où la contrainte est exercée de façon plus effective et où la capacité entrepreneuriale des individus se trouve, ainsi, plus limitée », ibidem, p. 80. ↩
  6. Publié par le journal El País, 14 et 20 juin 2020. ↩
  7. Mikel Buesa, Abuso de poder: El coronavirus en España: Incompetencia y fracaso en la gestión de la crisis, op. cit. Le professeur Buesa insiste, cependant, sur l’incompétence plus que sur le système lui-même, comme cause des erreurs ; et à la fin de son travail, pour le reste excellent, il ne propose pratiquement, sauf pour le marché du travail, que davantage de politiques actives du genre étatique pour améliorer les choses et sortir de la crise. Tout cela sans parler de l’interprétation keynésienne erronée qu’il en fait à la p. 203. ↩
  8. Il est bien connu que les prix maximum sont à l’origine du désapprovisionnement, de la pénurie et du marché noir. Si l’on a besoin d’un produit -par exemple de masques- la seule politique sensée consiste à libéraliser les prix pour qu’ils montent et favoriser leur production massive jusqu’à ce que l’augmentation de la demande soit satisfaite et le problème résolu ; l’expérience montre que très vite les prix reprennent leur niveau précédent -en tout cas bien avant que l’on obtienne par des mesures publiques l’augmentation nécessaire de la production qui, à la différence de ce qui se passe sur un marché libre, arrive tard, au compte-gouttes et est de mauvaise qualité-. L’argument selon lequel les prix élevés ne sont pas équitables n’a donc pas de sens car l’autre solution est bien pire : désapprovisionnement beaucoup plus prolongé, marché noir et mauvaise qualité. Si l’on veut s’assurer que les plus défavorisés puissent acheter des masques bon marché et le plus vite possible, il faut permettre que le prix monte d’abord, selon ce que détermine le marché. ↩
  9. Au moment d’écrire ces lignes, tous ces problèmes que nous avons vus dans le processus, lent et non-coordonné (et aussi monopolisé par les autorités publiques avec exclusion totale de l’initiative privée) se reproduisent à propos de la distribution du vaccin et de la vaccination contre le Covid-19 de toute la population. Voir Hans-Werner Sinn, « La debacle vacunatoria en Europa », Expansión, lundi 1er février 2021, p. 38. ↩
  10. Jesús Huerta de Soto, Socialisme, calcul économique et fonction entrepreneuriale, op. cit. pp. 85-103. ↩
  11. « Tout système socialiste tendra, également, à abuser de la propagande de type politique : il essaiera toujours de présenter une version idyllique des effets produits par les ordres de l’organe directeur sur le processus social, en insistant spécialement sur les conséquences sociales négatives qui se manifesteraient faute de cette intervention. Le leurre systématique de la société, la distorsion des faits, la fabrication artificielle de fausses crises pour convaincre le public que le pouvoir doit se maintenir et se renforcer, etc., sont les caractéristiques de l’effet pervers et corrupteur exercé par le socialisme sur ses propres organes ou centres de pouvoir ». Jesús Huerta de Soto, Socialisme, calcul économique et fonction entrepreneuriale, op. cit., pp. 93-94. De nouveau, l’action des gouvernements se reflète dans la question inquiétante qui met fin à la série Tchernobyl mentionnée plus haut « Quel a été le véritable coût des mensonges ? » ↩
  12. Ibidem, pp. 126-133. ↩
  13.  Ibidem, pp. 142-146. ↩
  14. Les experts et les gouvernants attribuent habituellement les déséquilibres constants qu’engendre l’interventionnisme au manque de coopération des individus ne voulant pas obéir correctement à ses ordres, lesquels deviennent ainsi de plus en plus étendus, détaillés et contraignants. Cet accroissement du degré de socialisme produira, dans le processus social une discoordination encore plus importante, qui servira à justifier de nouvelles doses de socialisme, et ainsi de suite. Cela explique l’irrésistible tendance du socialisme ver le totalitarisme ; celui-ci étant entendu comme le régime qui tend à exercer une forte intervention dans tous les domaines de la vie. Dans d’autres occasions, ce processus totalitaire de croissance progressive de la coercition est accompagné d’embardées ou changements subits de politique, par la modification radicale du contenu des ordres ou de leur domaine d’application ou des deux, et dans le vain espoir que l’expérimentation asystématique de nouveaux types et degrés d’interventionnisme permettra de résoudre les insolubles problèmes qui se posent. L’épisode scandaleux des masques, d’abord déconseillés par les experts, puis estimés indispensables et devenus obligatoires même en plein air deux mois plus tard, est peut-être l’illustration parfaite de ce point. Voir Jesús Huerta de Soto, Socialisme, calcul économique et fonction entrepreneuriale, op. cit., pp. 86-87. Voir aussi « Macron y la vacunación », El País, dimanche 10 janvier 2021, p. 10. Tout cela sans besoin d’évoquer la réalité tragique de la discrimination à laquelle les autorités publiques soumirent les maisons de retraite ou le fait qu’aux moments les plus critiques de la pandémie, ce fut souvent un fonctionnaire public (médecin d’hôpital public) qui décida quels malades critiques de Covid-19 méritaient ou non de vivre. ↩

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