Verrons-nous un jour un artiste québécois critiquer la
gauche bien-pensante? J’en doute, car au Québec un artiste qui ose sortir la
tête au-dessus du troupeau est rapidement décapité. Il est banni de l’UDA, pas
explicitement bien entendu, et plus personne n’ose se montrer en public en sa
compagnie.
On peut reprocher beaucoup de choses aux Français, mais pas
celle de se taire pour éviter la controverse :
La gauche «pousse vers la médiocrité», écrit Johnny Hallyday dans sa
toute récente autobiographie, Dans mes yeux. «Nous sommes étranglés par la
rectitude politique», confie Gérard de Villiers au New York Times. On peut
se moquer de ceux-là ou encore de Depardieu, mais c'est plus difficile avec
Fabrice Luchini, un membre en règle de l'intelligentsia culturelle qui plaide
sur divers plateaux de télé: «Ce que je n'aime pas dans la gauche, c'est d'être
toujours dans le bon sentiment, de ne pas voir la nature humaine telle qu'elle
est». Et récitant Molière: «C'est une folie à nulle autre seconde de vouloir se
mêler de corriger le monde»...
Il s'agit d'une autre différence entre les deux sociétés, la française
et la nôtre: une telle liberté de parole dans nos milieux artistiques,
idéologiquement monolithiques, est impensable.--- Mario
Roy
Fabrice Luchini déboulonne la gauche française de son
piédestal.
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