Au Québec on aime compliquer les choses. Santé, éducation,
développement économique, etc. tout est devenu tellement compliqué que personne
ne s’y retrouve.
Le débat en cour sur l’éducation supérieure démontre bien
cette volonté de tout compliquer à l’extrême. Gratuité, modulation, indexation,
recherche, enseignement, immobilier, étudiant de première génération, programme
de qualité supérieure, multiplication des structures, etc. sont tous des
ingrédients jetés pêle-mêle dans la grande marmite du druide omnipotent (lire
ministre) dans l’espoir qu’il en ressortira une potion magique qui permettra à
tous de faire face aux nombreux défis du monde de l’éducation supérieur.
Plus un système est complexe, plus il est nécessaire de mettre
à profit l’intelligence et la créativité de l’ensemble des gens qui le
composent. Pour ce faire, il est nécessaire de simplifier les structures et de
responsabiliser les intervenants. Les entreprises oeuvrant dans un libre
marché, concurrence oblige, doivent optimiser leur efficacité. Pour ce faire
elles doivent simplifier l’organisation du travail en décentralisant les
décisions et en responsabilisant les individus. L’entreprise peut ainsi compter
sur les connaissances et la créativité de tous les individus qui la composent.
C’est le secret des entreprises à succès.
C’est tout le contraire des monopoles d’État qui complexifient
l’organisation du travail en multipliant à l’infinie les structures. Les
monopoles, à plus forte raison les monopoles étatiques, centralisent les
moindres décisions et utilisent les individus comme des machines uniquement
capables d’exécuter les ordres des hauts fonctionnaires omnipotents et de
prendre les blâmes lors de dérapages. Ces organisations sont vouées à la
médiocrité et maintenues artificiellement en vie grâce au trésor public,
c’est-à-dire en plongeant toujours plus profondément dans les poches des
contribuables.
Les défis confrontant nos universités dans un univers
mondialisé requièrent agilité,
créativité, et efficacité. Pour y arriver il faudra nécessairement repenser les
rôles de chacun dans le but exprès de simplifier les structures et de faciliter
et valoriser la contribution de tous.
Il faut libérer les universités des contraintes, souvent
politiquement motivées, imposées par le ministère afin qu’elles puissent
pleinement s’épanouir. Pour ce faire, il suffit de séparer les fonctions
d’acheteurs de service de ceux de fournisseurs. Le rôle du ministère consiste à
déterminer le « quoi » : définir les objectifs, énoncer les
politiques qui en découlent (financement public, aide financière aux étudiants,
etc.) et mesurer les résultats. Le « comment » doit être laissé à la
discrétion des universités : les droits de scolarité, les programmes
d’étude et de recherche, les immobilisations, le financement privé, etc.
Dans un tel environnement, les universités se
concurrenceraient pour attirer les étudiants en leur offrant des programmes
d’étude et des services au meilleur prix possible. Les universités dont les
gestionnaires sauraient le mieux canaliser les efforts et les talents des gens
qui la composent augmenteraient d’autant leurs chances de succès. Les autres s’efforceraient
de les émuler. Celles qui n’y arriveraient pas seraient condamnées à
disparaître au profit des plus performantes.
Oui, je sais, au Québec il est tabou de parler de
performance, de concurrence, d’efficacité, de libre entreprise, mais il faudra
bien y arriver un jour. Je ne puis me résigner à accepter que la société
québécoise végète dans la médiocrité pour toujours.
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