Revue de livre par minarchiste
“Give Me a Break”, par John Stossel.
John Stossel est un journaliste qui a débuté sa carrière au
bas de l’échelle, en tant que journaliste de consommation. Il s’est taillé une
solide réputation en dénonçant les fraudeurs et les tricheurs ainsi qu’en
défendant les gens qui se sont fait avoir. Son succès fut retentissant; tel que
démontré par la croissance de son auditoire et par les nombreux prix qu’il a
remportés (19 Emmys).
Au fil du temps, parfois en réaction à certains de ses
reportages percutants, le gouvernement a augmenté ses activités de protection
du consommateur. Ces dernières décennies ont été marquées par une croissance
exponentielle de la réglementation aux États-Unis. Est-ce que cela a permis de
mieux protéger la population? Pour Stossel, la réponse est non! L’intervention
accrue du gouvernement et la croissance de la règlementation n’ont fait que
faire augmenter les coûts pour les consommateurs et mettre des bâtons dans les
roues des entrepreneurs. Pour Stossel, « toute règlementation semble avoir
des conséquences inattendues. L’argent des contribuables fini dans les poches
des riches plutôt que des pauvres. Des règlementations bien intentionnées
visant à protéger les consommateurs font plutôt en sorte de leur nuire en
faisant augmenter les prix et en réduisant leurs choix de consommation. »
Stossel a alors commencé à critiquer les gouvernements et à
dénoncer leurs abus. C’est à ce moment qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis,
dont notamment le démocrate Ralph Nader. Dans un des chapitres, Stossel
s’insurge d’ailleurs contre ce qu’il appelle la « gauche totalitaire », des
individus qui non seulement désapprouvent ses idées libertariennes, mais qui en
plus n’hésitent pas à utiliser la violence pour le faire taire. Pour ces gens,
la liberté d’expression ne s’applique pas aux gens qui ne pensent pas comme
eux.
Au fil du livre, Stossel relate les histoires les plus
intéressantes qui ont marqué sa carrière. Par exemple, il a enquêté sur la
fameuse histoire d’Erin Brockovich. Il note qu’il n’a jamais été démontré que
l’entreprise d’électricité en question a rendu quiconque malade. L’entreprise a
semblé coupable simplement parce qu’elle a fait ce que les entreprises font
généralement dans ces cas : régler à l’amiable pour éviter les frais légaux et
la mauvaise presse. L’EPA affirme qu’aucune donnée ne démontre que le chromium
cause le cancer. Le California Cancer Registry a analysé les statistiques de
cancer de la région et des employés de l’entreprise (50,000 sujets) et a relevé
que ces gens étaient en meilleure santé que la moyenne. L’histoire d’Erin
Brockovich n’est qu’une fable cinématographique. Cette histoire démontre bien
l’un des points principaux de Stossel dans ce livre : les avocats ont beaucoup
trop de pouvoir aux Etats-Unis. Même s’ils ont tort, les avocats peuvent
soutirer beaucoup d’argent aux entreprises (et donc aux consommateurs). Stossel
dénonce d’ailleurs le fait qu’aux Etats-Unis, si vous poursuivez quelqu’un et
que vous perdez, vous n’avez pas à payer les frais de défense de l’autre
partie. Selon Stossel, les poursuites nuisent à l’innovation car elles exposent
les inventeurs à des conséquences légales désastreuses. Elles découragent la
prise de risque qui précède généralement les grandes innovations.
Ce genre de film (i.e. Erin Brockovich) contribue aussi à
colporter le mythe voulant que l’environnement se détériore. Pourtant, depuis
1976, les émissions de dioxyde de souffre ont diminué de 67%, de dioxide
d’azote de 42%, de monoxyde de carbone de 73%, de plomb de 97% et les smogs
sont en baisse d’environ un tiers. Stossel se souvient d’une entrevue avec
Patrick Moore, ancient directeur de Greenpeace, qui a quitté cette organisation
parce qu’il affirme qu’elle a été corrompue par des activistes politiques qui
l’utilise pour amasser des fonds en faisant peur aux gens. Ces gens distordent
la science pour pousser leur agenda anti-capitaliste, ce qui n’a rien à voir
avec la protection de l’environnement.
Stossel s’est aussi intéressé au cas de l’amiante. Les
avocats ont poursuivi toutes les entreprises reliées de près ou de loin à l’amiante,
soit plus de 6,000. Les coûts engendrés par ces poursuites auraient détruits
plus de 60,000 emplois. C’est d’ailleurs avec cette cause que l’avocat Peter
Angelos a pu générer assez d’honoraires pour acheter l’équipe de baseball des
Orioles de Baltimore. Quant au règlement sur les fabriquant de cigarettes,
Stossel le décrit comme la plus grande arnaque de tous les temps. Les
dédommagements ont fini en majeure partie dans les poches des avocats et les
producteurs de cigarettes les ont payés en augmentant les prix des cigarettes!
Les avocats se sont donc enrichis sur le dos des fumeurs, qui représentent en
moyenne une classe plus pauvre de la société.
Pour Stossel, le monde est devenu excessivement averse au
risque. Il a déjà posé la question suivante à son auditoire : supposons que
j’invente un nouveau type de carburant pour concurrencer le pétrole. Celui-ci
est cependant très explosif, invisible, inodore et poison. Par ailleurs, il
tuerait en moyenne 400 Américains par année suite à des accidents. Est-ce que
vous l’adopteriez? La foule répondait alors unanimement non. Pourtant, le
carburant décrit par Stossel était nul autre que le gaz naturel, utilisé par
tous les américains depuis longtemps. Selon Stossel, les Américains acceptent
ce carburant simplement parce qu’il a été adopté avant que nous devenions si
averse au risque.
Les médias font en sorte que nous surestimons certains
risques, notamment les crimes violents, les attaques de requin et les accidents
d’avion. Cette mauvaise perception mène à de mauvaises décisions. En 2001, la
recherche sur le VIH a reçu $4,439 de subventions, le cancer du sein $290 et le
parkinson $175. Le diabète, qui tue plus de gens que le VIH, n’a reçu que $41,
alors que les maladies les plus meurtrières de toutes, les maladies
cardiovasculaires, n’ont reçu que $58 par patient.
Au sujet des pesticides, les recherches de Stossel
démontrent que 99% des pesticides que nous ingérons sont naturellement produits
par les plantes. Bien entendu, les aliments organiques sont moins exposés aux
pesticides synthétiques, mais en revanche, ils sont davantage exposés aux
bactéries puisque les agriculteurs organiques utilisent le fumier comme
fertilisant plutôt que l’azote. Ces bactéries (dont la e-coli) font pourtant
bien plus de victimes que les pesticides. Par ailleurs, les aliments organiques
ne sont pas plus nutritifs, ils coûtent beaucoup plus cher et nuisent à
l’environnement (puisque en raison des rendements plus faibles, les
agriculteurs organiques ont besoin de plus de territoire pour générer la même
quantité de nourriture).
De nos jours, il existe des milliers d’organismes de
régulation aux Etats-Unis, que ce soit pour les coiffeurs, les médecins ou les
astrologues. Malheureusement, ces organismes n’améliorent pas les choses. Les
entrepreneurs les plus riches et les mieux connectés se paient des avocats pour
remplir la paperasse et refilent les coûts aux consommateurs. Quant aux
plus petites entreprises, elles se font écarter du marché. Pourtant, ce ne sont
souvent pas elles qui causent problème. Ces petites entreprises opèrent souvent
dans des milieux plus défavorisés et permettent aux plus pauvres d’obtenir des
services pour moins cher. En fait, les véritables bénéficiaires de la
régulation sont les entreprises établies (et leurs avocats), les syndicats et
les bureaucrates-régulateurs eux-mêmes. En 1900, les États-Unis comportaient 6
millions de fermes et le Département de l’Agriculture employait 3,000
personnes. Aujourd’hui, il n’existe plus que 2 millions de fermes et le
Département emploie 100,000 personnes.
Stossel explique que les règlementations sont si complexes
et lourdes qu’elles deviennent ridicules. L’une d’elles est le American
Disability Act, qui favorise l’accès au travail à des gens qui souffrent d’une
forme d’invalidité. Stossel relate alors le cas d’Exxon et du nauffrage du
Exxon-Valdez. Le pilote était un ancien alcoolique qui avait fait une rechute à
bord du navire pétrolier pour ensuite confier la barre à un subordonné, qui l’a
fait échouer, causant ainsi un immense désastre écologique. Selon le ADA,
l’alcoolisme est une forme d’invalidité pour laquelle un employeur ne peut
discriminer. Donc, en vertu de l’ADA, Exxon n’aurait pas pu rejeter la
candidature de Joseph Hazelwood parce qu’il est un ancien alcoolique. En fait,
Exxon n’aurait même pas pu lui demander s’il avait des antécédents à cet égard!
En guise d’exemple, Stossel raconte l’histoire de Cornrows,
une chaîne de salons de coiffure spécialisée dans les nattes africaines, fondée
par un couple d’immigrants. Leur succès était tel que certains de leurs 20,000
clients faisaient 6 heures de route pour s’y rendre! Puis, les autorités ont
déclaré l’entreprise illégale car elle n’avait pas de permis. Pour l’obtenir,
ils auraient à effectuer une formation de 1,000 heures coûtant $5,000, qui leur
apprendrait à faire des teintures et des permanentes (même si ces services ne
sont pas offerts à leur salon). Cette formation inclut un cours de 125 heures
sur le shampoing! En fait, le régulateur de la coiffure est contrôlé par les
grandes chaînes de salon de coiffure qui n’aiment pas la nouvelle concurrence.
Et ces bureaucrates doivent justifier leur salaire en harcelant les petits
entrepreneurs comme les fondateurs de Cornrows.
À Charlotte en Caroline du Nord, Stossel a interviewé deux
vieilles dames qui tricotaient des mitaines et des chandails de laine à la
maison. Ils vendaient leurs produits à un marché local, jusqu’au jour où il
leur fut interdit par les « autorités » de travailler de la maison, car leur
quartier n’est pas zoné industriel ou manufacturier. À Baltimore, Stossel a
fait un reportage sur une dame qui après avoir perdu son emploi, était
déterminée à ne pas être dépendante de l’aide sociale. Elle cuisinait 6
douzaines de muffins par jour et les vendaient au porte-à-porte dans son
quartier. Les gens adoraient ses muffins maison, mais elle dû arrêter cette
pratique car elle ne disposait pas d’une cuisine commerciale certifiée.
À Chattanooga au Tennessee, Stossel a rencontré un
entrepreneur qui avait voulu démarrer une entreprise de vente de cercueils peu
dispendieux. Un cercueil n’est en fait qu’une boîte en bois. Il n’y a pas de
raison pour que des familles en deuil doivent payer $3,000 pour cela.
Cependant, il dû fermer ses portes car il lui était interdit par les autorités
de vendre des cercueils sans permis de directeur funéraire. Pour obtenir ce
permis, il aurait dû suivre une formation et travailler comme apprenti pendant
2 ans pour apprendre à embaumer des corps et à gérer un salon funéraire, ce que
son entreprise ne faisait pas.
Une nouvelle entreprise démarrée par des immigrants a connu
un certain succès. À l’aide d’un mini-van, ces gens reproduisaient un service
d’autobus en amenant les gens où ils le voulaient pour $1, comparativement à
$1.50 pour le service municipal. Les mini-van offraient cependant plus de
flexibilité sur les arrêts et les horaires. Un véritable service de transport
en commun privé. Il ne fallu pas grand temps à la municipalité pour mettre un
terme à cette pratique sous divers prétextes incohérents, sous la pression du
syndicat des chauffeurs d’autobus.
À Snowmass au Colorado, Stossel a visité un marché local qui
embauchait jadis de jeunes étudiants pour emballer les sacs d’épiceries, pour
quelques heures par semaines, les aidant à amasser de l’épargne pour leurs
études. Cet épicier ont dû les renvoyer car ils contrevenaient à la
réglementation sur le travail des enfants. Même chose pour un garçon de 12 ans
qui s’amusait comme un fou dans son emploi de préposé aux bâtons (« batboy »)
dans une ligue mineure de baseball de sa ville.
Stossel habite la ville de New York, où l’un des problèmes
de longue date est le manque de toilettes publiques décentes. Dans les années
1980s, la firme française JC DeCaux a soumis un modèle de toilette
auto-nettoyantes à la ville. Elle dû obtenir l’approbation de 13 différentes
agences de réglementation. Après plus d’un an de négotiations, les bureaucrates
ont finalement accepté de faire un essai de quatre mois. Les toilettes de
DeCaux connurent un immense succès et elles ne couteraient rien à la ville
puisque la firme les rentabiliseraient en y affichant de la publicité.
Cependant, le gouvernement fédéral a déclaré que le projet n’était pas conforme
avec l’American Disability Act car il n’y avait pas d’accès pour les fauteuils
roulant. DeCaux avait expérimenté un modèle pour fauteuils roulants à Londres
et cela n’avait pas bien fonctionné. Les bureaucrates ne voulurent rien
entendre. Ainsi, les toilettes d’essai furent détruites les trottoirs refaits.
Les New Yorkais continuent d’uriner sur les murs et dans les ruelles.
À Jersey City, le service d’aqueduc était médiocre. L’eau
goûtait mauvais et échouait parfois les tests de potabilité. Les fonctionnaires
en charge affirmaient qu’ils ne pouvaient rien faire sauf si les tarifs étaient
augmentés pour investir dans le réseau. C’est alors que le maire a décidé de
sous-traiter le service d’aqueduc à des entreprises privées. En quelques mois,
l’entreprise qui a remporté le contrat a réparé le réseau. L’eau de Jersey City
rencontre maintenant les standards les plus élevés et la municipalité économise
$35 million en dépenses.
La Food and Drug Administration (FDA) est l’un des
organismes de règlementation attaqués par Stossel. Lorsque la FDA annonce
fièrement aux médias qu’un nouveau médicament qu’elle vient d’approuver pourra
permettre de sauver 14,000 vies par année, cela ne signifie-t-il pas qu’en
prenant deux ans de trop pour l’approuver, la FDA a tué 28,000 personnes?
Stossel a interviewé une jeune fille atteinte d’une rare forme de cancer qui
l’aurait tuée avant l’âge adulte car aucun traitement n’existait à l’époque.
Ses parents voulaient qu’elle bénéficie d’un nouveau traitement développé par
un médecin du Texas, mais la FDA a refusé car ce traitement n’avait pas été
approuvé par l’agence.
Sans la FDA, serions-nous victimes de fraudeurs sans
scrupule? Peut-être, mais même avec la FDA, ces fraudeurs n’ont jamais été
aussi actifs, vendant des remèdes bidon contre la perte de cheveux, pour le
grossissement de la poitrine ou pour faire maigrir. La FDA ne réussi pas à
protéger la population de ces crapules. Tout ce qu’elle a réussi à faire, c’est
à mettre des bâtons dans les roues de l’innovation médicale.
Cependant, la FDA est loin d’être la seule agence
gouvernementale américaine à présenter un bilan aussi médiocre et coûteux.
Stossel mentionne l’exemple du scandale d’Enron. Ce ne sont pas les
régulateurs du gouvernement qui ont décelé l’anomalie comptable. Ce sont des
analystes et des investisseurs de firmes privées. Le Départment de
l’Agriculture a des inspecteurs dans chaque usine de transformation de poulets.
Chaque inspecteur examine les poulets visuellement alors qu’ils défilent sur un
tapis roulant. Son l’épidemiologue Dr Glenn Moris, les bactéries
susceptibles de rendre les gens malades sont invisibles à l’œil nu. En fait,
les entreprises aiment bien ces inspecteurs car ceux-ci leur offrent
gratuitement un service de contrôle de qualité aux frais des contribuables,
sans pour autant protéger la population de la salmonelle ou d’autres microbes.
L’autre agence écorchée par Stossel est l’Occupational
Safety and Health Administration (OSHA), qui coûte si cher à tant d’entreprises
aux Etats-Unis, prescrivant de manière très précise comment chaque travailleur
doit faire ses tâches pour « être en sécurité ». Beaucoup de petites
entreprises n’ont pas les moyens d’encourir les frais légaux nécessaires à
contester les ordonnances farfelues de l’OSHA.
Stossel consacre ensuite un chapitre aux riches qui
bénéficient des largesses de l’État. Il prend comme exemple les amphithéâtre de
sport professionnel, qui sont souvent subventionnés par les gouvernements. Les
subventions pour le stade de baseball de Cleveland ont coûté $170,000 par
emploi créé. En fait, ces subventions ne font que permettre à de riches
propriétaires d’équipes sportives de financer leurs entreprises sur le dos des
contribuables. Stossel dénonce aussi le fameux National Flood Insurance
Program, qui assure les propriétés côtières pour une valeur de $640 milliards.
En fait, le NFIP est devenu le plus gros assureur des Etats-Unis! Cette
subvention ne bénéficie pratiquement qu’aux riches puisque ce sont eux qui sont
les propriétaires de ces résidences cossues en bord de mer.
Une autre section du livre est dédiée aux entrepreneurs
créateurs de richesse, en commençant par les fameux « robber barons »
américains. Pour lui, ceux-ci n’étaient pas des voleurs (robers) parce qu’ils
n’ont rien pris à personne de force et n’étaient pas non plus des barons,
puisqu’ils étaient nés pauvres. Vanderbilt s’est enrichi parce qu’il a réussi à
réduire les coûts de voyage et d’expédition. Ses navires plus gros et plus
rapides ont permis de réduire le coût d’un voyage New York – Hartford de $8 à $1.
Rockefeller a réussi dans l’industrie pétrolière parce qu’il a abaissé ses
coûts, ce qui lui a permis de réduire le prix du pétrole drastiquement. En
fait, le surnom de « robber baron » ne leur a pas été attribué par les
consommateurs, mais bien par leurs concurrents, qui eux n’appréciaient pas les
bas prix qui faisaient baisser leurs profits.
On a parfois l’impression que les riches entrepreneurs
s’enrichissent en « prenant une plus grande part de la tarte de richesse ». En
fait, ceux-ci « cuisinent une toute nouvelle tarte ». Et pour y arriver,
ceux-ci doivent servir les consommateurs mieux que leurs concurrents. Les
gouvernements eux n’agrandissent pas la tarte, ils ne font qu’en prendre des
morceaux en utilisant la force. Et qu’en est-il des salaires de PDG et des
inégalités? L’entreprise Ben & Jerry a un jour annoncé que son travailleur
le mieux rémunéré, le PDG, ne ferait pas plus de 5 fois le salaire de l’employé
le moins bien payé, mais cela n’a pas fonctionné car Ben et Jerry n’étaient pas
satisfait des candidatures qui leurs ont été soumises. Ils ont fini par payer
14 fois le salaire du bas de l’échelle, mais ce fut un désastre qui résultat en
la vente de l’entreprise. Stossel traite aussi de la lutte à la pauvreté aux
États-Unis. Il estime que l’état-providence a littéralement créé une «
industrie de la pauvreté », administrée par les bureaucrate et les organismes
sociaux, qui ont intérêt à ce que les pauvres restent dépendants du
gouvernement.
Dans un autre chapitre, Stossel se pose une question très
controversée : qui a fait une plus grande contribution au monde, Michael Milken
(qui a « inventé » les junk-bonds) ou Mère Teresa? La réponse semble évidente
lorsqu’on considère que Milken a été condamné à une peine de prison pour avoir
enfreint les lois sur les valeurs mobilières. Cependant, lorsqu’on y pense plus
longuement, on réalise que Milken a inventé une nouvelle manière pour des
entreprises qui sont en démarrage ou en difficulté de lever des fonds
pour créer ou sauver des millions d’emplois. Milken a notamment aidé MCI
(50,000 employés) et CNN à démarrer. Il a aussi permis de sauver Mattel, Revlon
et Safeway de la faillite. En tout il a financé plus de 3,000 entreprises
incluant Barnes & Noble, AOL-Time Warner, Comcast, Mellon Bank, Occidental
Petroleum, Jeep Eagle, Calvin Klein, Hasbro, Days Inn, 7-Eleven et Computer
Associates. En permettant à ces millions de gens d’obtenir ou de conserver un
emploi, il a créé bien plus de richesse que Mère Teresa, qui s’est pourtant
dévouée aux pauvres toute sa vie.
Stossel consacre finalement un chapitre à la liberté
individuelle et au droit que nous avons de disposer de notre corps. Il critique
ainsi la criminalisation de la drogue et de la prostitution, entre autres. Il
trouve ridicule (avec raison) qu’il soit légal que deux hommes entrent dans un
ring de boxe pour se taper dessus pour de l’argent alors qu’il est illégal de
donner du plaisir à quelqu’un contre rémunération. Concernant la légalisation
des drogues, Stossel raconte l’histoire d’un sidatique qui consommait de la
marijuana pour l’aider à tolérer sa médication, ce qui avait été légalisé par
la Californie. Les policiers fédéraux l’ont arrêté et traîné en cour pour
possession de drogue. Lors de son procès, son avocat n’a pas eu le droit de
mentionner qu’il était sidatique et que la Californie lui permettait de
consommer pour raisons médicales. Il fut alors envoyé en prison, où on ne lui
permettait pas de consommer de la marijuana, qui l’aidait pourtant à ne pas
vomir sa médication. Sa condition de santé s’est alors détériorée et il en est
mort. Une autre victime de la guerre contre la drogue.
En somme, ce livre est très divertissant et fournit toute
une panoplie d’exemples, tirés de la réalité, des désastres engendrés par
l’interventionnisme du gouvernement et par son empiètement sur les libertés
individuelles. L’aspect un peu auto-biographique du livre est moins pertinent,
mais permet tout de même de bien saisir le cheminement de Stossel, qui
ressemble étrangement à celui de la plupart des libertariens. Le livre n’est
pas trop long et se lit d’un trait. Je n’hésite pas à le recommander.
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