Chaque fois que ce programme de subventions est remis en
question, les bonzes de l’UPA nous prédisent la fin du monde.
Pourtant, l’expérience des agriculteurs néo-zélandais
démontre le contraire.
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L'arrêt des subventions à l'agriculture en Nouvelle-Zélande
a donné naissance à une économie rurale dynamique, diversifiée et croissante, et
a discrédité le mythe selon lequel l'agriculture ne peut vivre sans subvention.
Aux USA, tous les cinq ans environ, les membres du Congrès issus
des milieux ruraux font équipe pour faire accepter une coûteuse extension de la
politique agricole. Ils remettent le couvert cette année. Le Sénat a récemment fait
passer une loi garantissant des milliards de dollars de subventions aux exploitations
agricoles, et la Chambre des représentants en a fait de même.
Le projet de Farm Bills est un vaste lobbying. Les politiciens
n'ont jamais expliqué pourquoi l'agriculture américaine devait chouchoutée par le
gouvernement. Les membres du Congrès sont plus préoccupés à s'emparer de subventions
pour les agriculteurs de leurs états respectifs qu'à discuter ou débattre de l'intérêt
des aides fédérales.
Elles ne sont pas utiles. Les réformes agricoles des années 1980
en Nouvelle-Zélande le prouvent de façon spectaculaire. Face à une crise budgétaire,
le gouvernement néo-zélandais décida de supprimer presque toutes les subventions
à l'agriculture. Ce fut une sérieuse réforme puisque les agriculteurs néo-zélandais
étaient habitués aux subventions massives et que l'économie du pays est plus dépendante
de l'agriculture que celle des États-Unis.
Malgré les protestations, les subventions furent abrogées en
1984. Près de trente subventions à la production ainsi que les incitations à l'exportation
furent supprimées. En résulta-t-il un abandon massif de l'agriculture et la fin
des exploitations familiales ? Pas du tout. Bien sûr, il y eut une période de transition
difficile pour les agriculteurs, mais peu d'entre eux quittèrent leurs terres, contrairement
à ce qui avait été prédit. Seulement 1% des agriculteurs du pays ne réussirent pas
à s'adapter et durent abandonner.
La grande majorité des agriculteurs néo-zélandais prouvèrent
qu'ils étaient des entrepreneurs expérimentés – ils redressèrent leurs entreprises,
explorèrent de nouveaux marchés et redécouvrirent la rentabilité. Aujourd'hui, le
secteur agricole néo-zélandais est plus dynamique que jamais, et les agriculteurs
du pays sont fiers de prospérer sans l'intervention de l'état.
Avant les réformes de 1984, les subventions étouffaient la production
agricole en faussant les signaux du marché et en empêchant l'innovation. Beaucoup
d'agriculteurs exerçaient leur profession simplement pour recevoir des subventions.
Par exemple, 40% des revenus bruts des éleveurs de bœufs et de moutons provenaient
des aides publiques.
La suppression des subventions fut un catalyseur pour les gains
de productivité. Les agriculteurs néo-zélandais réduisirent leurs coûts, diversifièrent
l'utilisation de leurs terres, cherchèrent des sources de revenus non-agricoles,
et développèrent de nouveaux produits. Les agriculteurs devinrent plus attirés par
des activités économiquement viables.
Les données officielles viennent confirmer la réalité du terrain
concernant l'amélioration de l'efficacité de l'agriculture néo-zélandaise après
les réformes. La production agricole a stagné durant les années précédant les réformes,
mais depuis, la production a augmenté significativement plus vite que dans les autres
secteurs de l'économie néo-zélandaise.
Depuis les réformes, la part de l'agriculture dans l'économie
néo-zélandaise reste stable à 5% du PIB. Si on y ajoute les activités para-agricoles
comme la transformation du lait, de la viande et de la laine, l'agriculture est
estimée représenter 15% du PIB. En comparaison, la part de l'agriculture dans l'économie
a chuté dans d'autres pays industrialisés.
Avec la suppression des subventions en Nouvelle-Zélande, les
pratiques agricoles sont tournées vers les clients et non plus vers la tentative
de recevoir le plus de subventions possibles. Dans le même temps, toute la chaîne
logistique s'est améliorée et la sécurité alimentaire est maintenant d'une importance
primordiale. Les entreprises livrant en matières premières les exploitations agricoles
ont dû réduire leurs coûts par l'insistance des agriculteurs pour un meilleur rapport
qualité-prix.
Une plus grande efficacité de la production agricole néo-zélandaise
s'est traduite par une meilleure gestion de l'environnement. Par exemple, supprimer
les subventions a réduit l'utilisation des engrais. Cette suppression a permis l'émergence
de nouvelles activités agricoles comme le tourisme rural qui nécessite une gestion
accrue de l'environnement.
Ce que les agriculteurs américains doivent en retenir est que
la fin des subventions doit être vue comme une opportunité, pas une fatalité. Après
la fin des subventions, aucun doute que les agriculteurs américains prouveront qu'ils
sont des entrepreneurs doués en innovant de multiples façons comme les agriculteurs
néo-zélandais l'ont fait. Et nous supposons que – comme les agriculteurs néo-zélandais
– les agriculteurs américains seront fiers de leur nouvelle indépendance et n'auront
aucun intérêt à recommencer à vivre aux dépens du contribuable.
C'est le bon moment pour l'Amérique d'engager des réformes à
la néo-zélandaise car les prix des matières premières sont élevés et que les finances
des exploitations agricoles se portent relativement bien. Il est vrai que les conditions
météorologiques et les marchés créent des hauts et des bas pour l'agriculture, mais
sur le long terme, la croissance de la population mondiale signifie une plus grande
demande en produits agricoles. Certaines personnes prétendent que l'Amérique a besoin
de subventionner parce que d'autres pays le font. Mais l'agriculture non-subventionnée
de la Nouvelle-Zélande est mondialement compétitive avec 90% de sa production exportée.
L'arrêt des subventions à l'agriculture en Nouvelle-Zélande a
donné naissance à une économie rurale dynamique, diversifiée et croissante, et a
discrédité le mythe selon lequel l'agriculture ne peut vivre sans subvention. Alors
au lieu de faire payer la facture aux contribuables qui ne peuvent plus se le permettre,
ilest temps pour le Congrès américain de faire machine arrière et d'envisager une
alternative qui a fait ses preuves : l'économie de marché.
Mark Ross et Chris Edwards. Chris Edwards est analyste au Cato
Institute. Mark Ross est le directeur général du syndicat agricole Federated Farmers
of New Zealand. Publié en collaboration avec www.Contrepoints.org.
Traduction : Xelectro/Contrepoints.
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