Par Bruno Lebeau.
Le principal acheteur de la chaîne Lidl a révélé au magazine allemand Report24 que le groupe de discount allemand Lidl veut passer à une gamme verte en projetant que la viande et les autres produits animaux seront progressivement remplacés par des produits d’origine végétale dans leurs magasins.
Pendant ce temps, la pression monte en France sur les distributeurs.
C’est dans un article presque anodin écrit avec toute la force de l’évidence, que FranceTVinfo explique que le Réseau Action Climat pointe du doigt les enseignes de la distribution, toutes « mal notées » par cet organisme indépendant de toute idéologie, et « regrettant » qu’il n’y ait pas encore une « amorce » pour proposer « moins de produits d’origine animale, en particulier de viande » selon les mots de Benoît Garnier responsable alimentation du Réseau Action Climat. Il suggère un tournant vers « une alimentation plus végétale avec plus de produits qui soient riches en protéines végétales ».
Nul doute que nous aurons bientôt plus de chance de rencontrer Benoit Garnier dans les rayons de Lidl quand l’enseigne aura étendu sa conversion végane à toute l’Europe après l’Allemagne et l’Autriche, qu’à Carrefour, Leclerc, Super U et autres Intermarché, que le Réseau Action Climat a tous, sans surprise, mal noté dans son évaluation. Aucune enseigne n’obtient la moyenne. En ces temps où l’on s’est habitué à ce que même le baccalauréat soit presque offert, c’est dur !
Derrière cet article presque sympathique tant il est imprégné de bonne volonté, oubliant que l’enfer en est pavé, on en compatirait même si l’observateur avisé n’entrevoyait pas comment en vérité s’immisce une vision totalitaire de la société. Vous n’aurez plus le choix, mais vous serez heureux !
En Angleterre, c’est Extinction Rebellion qui fait pression pour que le Royal Opera House refuse le mécénat de BP ou d’autres entreprises de combustibles fossiles, déplore Zoé Strimpel dans The Telegraph.
En mai dernier les écolos réussissaient à avoir la peau du banquier senior de HSBC, Stuart Kirk, un des plus hauts cadres de la banque suisse poussé à la démission pour avoir osé critiquer le catéchisme du réchauffement climatique lors d’une conférence publique, fustigeant « les avertissements apocalyptiques, stridents et non fondés » et dénoncer cette cancel culture qui détruirait « la richesse et le progrès ».
Il avait écrit dans un communiqué au vitriol :
« De manière ironique – compte tenu du poste que j’occupe -, je suis arrivé à la conclusion que le traitement de la banque à mon égard depuis mon discours à la conférence du Financial Times en mai avait rendu ma position pour le moins non durable. »
Considéré jusqu’alors comme le meilleur de sa génération, Kirk devait essuyer l’opprobre général des media pour avoir révélé qu’en vertu des accords de Paris « les banques centrales et les régulateurs financiers utilisent toutes les armes réglementaires de leurs arsenaux pour supprimer les investissements dans les combustibles fossiles et diriger les flux de capitaux vers les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire » dont chacun a pu mesurer les limites que la crise en Ukraine aura eu au moins le mérite d’exposer à tous.
Il faut dire que HSBC, comme bien d’autres banques, est soumise à un harcèlement permanent sur ses investissements.
Déjà en 2020 Greenpeace fustigeait UBS et le Crédit suisse, ainsi que des banques américaines, en raison de leur financement des énergies fossiles au mépris, selon l’enseigne écologiste, des sacro-saints accords de Paris. Et face à ce lobby écolo qui murmure à l’oreille des gouvernants en mal d’utopies, quelle banque peut aujourd’hui ne pas proposer de produits financiers verts ?
Selon le site écolo Cultivar :
« La facture de la transition énergétique est lourde… Pour aider les États, les grandes entreprises et les banques du monde entier émettent des obligations vertes, également dénommées green bonds.
Il annonce fièrement :
« La France n’est pas en reste : parmi les acteurs, le réseau bancaire français BPCE vient de lancer, en ce début d’année 2022, des green bonds dédiés à l’agriculture durable. »
Et ajoute, pour justifier cette mobilisation générale pour le climat :
« L’ONU, mais aussi les différents États manquent de fonds pour porter seuls le financement de la transition écologique mondiale. »
Mais ne soyons pas dupes. Cette implication est d’autant moins spontanée qu’en vérité peu viable économiquement, ce qu’avait en fin de compte révélé Kirk : sans la pression des ONG et autres activistes écologistes, l’affaire n’irait pas de soi… Sans compter les gouvernements, comme en France, où derrière l’aimable création de labels verts, TEEC et ISR5 pour les fonds d’investissements par exemple, annoncé par un rapport précurseur de 2017 sous la houlette de Nicolas Hulot et Bruno Le Maire, les acteurs financiers français n’ont guère le choix que de s’y soumettre, comme HSBC.
Qu’importe la raison économique, seule compte la doctrine. Et quoi qu’on en pense les États exercent encore un réel pouvoir sur les banques.
Surtout ne nous y trompons pas, cet agenda imposé aux banques l’est aussi aux industriels.
Ford va supprimer des milliers de postes en vue de sa transition vers l’électrique, relatait Capital en juillet dernier. Il est question d’une perte de deux à trois millions d’emplois directs et indirects dans le secteur de l’automobile en Europe. À partir de 2035 des usines seront sommées de ne plus produire de voitures essence et diesel lesquelles seront interdites de commercialisation aux innombrables garages qui sont d’ores et déjà condamnés à disparaître. Sous l’égide écologiste l’UE va imposer le plus grand plan social de l’histoire.
Qu’importent les études montrant à quel point prétendre que la voiture électrique serait meilleure pour le climat que la voiture thermique si on prend en compte l’ensemble de la chaîne de production.
L’article du journal Le Parisien énonce que :
« La voiture électrique émet en moyenne 50 % de CO2 de plus qu’une voiture thermique. « Pour fabriquer la batterie qui l’alimente en électricité, explique Maxime Pasquier, chef adjoint du service transports et mobilité de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il faut aller chercher les métaux parfois à l’autre bout du globe, il faut aller chercher les métaux parfois à l’autre bout du globe. » Cobalt, graphite, manganèse, lithium, nickel… leur extraction demande une quantité phénoménale d’énergie. Sans compter l’eau et des adjuvants chimiques, extrêmement nocifs pour l’environnement.
Sur route, la voiture électrique l’emporte largement et « encore plus en France, affirme Maxime Pasquier, où la production d’électricité provient aux trois quarts du nucléaire », qui ne rejette pas de CO2. »
Ouf ! La doctrine est sauve !
Et un deuxième graphique pour nous rassurer. Nous rassurer ou nous amuser ? La voiture présentée est une hybride et non une électrique, en l’occurrence la Prius de Toyota, le Japonais numéro un mondial qui précisément favorise l’hybridation.
Par ailleurs si le premier graphique relève d’une production standard, à quoi se réfère le deuxième ? Quelle voiture électrique comparée avec quelle voiture thermique ?
Les données du débat mériteraient d’être exposées avec précision : est-il comparé une Zoé ou l’un de ces SUV dont le poids inquiète les autorités anglaises sur la capacité des parkings à le supporter avec un petit diesel 1,5 DCI reconnu pour sa sobriété (environ 4,5l/100) émettant moins de 120 gr/100 de CO2 justement, ou d’une Ferrari, Lamborghini, McLaren et autres Bugatti dont les énormes V6 voire V12 dépassent allègrement les 400 gr/100 !
Un déni de la situation actuelle
Amusant encore d’ailleurs de constater que les constructeurs de supercars les plus polluants des véhicules circulant sur les routes bénéficient d’une étrange complaisance, les fabricants de ces voitures de luxe ayant jusqu’en 2035 pour se mettre en conformité avec les directives européennes, au lieu de 2029 pour les constructeurs généralistes.
Qu’importe donc la raison dans tout ça. Qu’importent les avertissements de Toyota et d’autres constructeurs qui préviennent du risque de pénuries de minerais dont la voiture électrique est gourmande à l’excès, que cela peut même être mauvais pour l’environnement, explique le patron du constructeur japonais.
Qu’importe le sabordage industriel et désastres sociaux dénoncé par Loïk le Floch-Prigent dans le numéro 14 du magazine Transitions & Energies.
Qu’importe le manque de fiabilité des voitures électriques, dénoncés par leurs utilisateurs en rage de s’être faits avoir au point que les reventes sont massives et font chuter même les prix des Tesla en occasion, ou encore que la ville d’Amiens a du ressortir ses vieux bus diesel pour pallier les pannes à répétition de ses beaux bus électriques tout neufs. Une étude anglaise confirmait d’ailleurs la moindre fiabilité des électriques par rapport aux thermiques.
Qu’importe l’explosion de la consommation électrique que suppose le passage au tout-électrique alors qu’il faut se soumettre aux EnR intermittentes n’ayant pour effet que de limiter le développement du nucléaire et de recourir au charbon dans une fuite en avant aberrante qui est sûrement tout, sauf bon pour la planète !
Qu’importe qu’avec leur densité énergétique élevée et leur réseau de carburant à faible coût et efficace, l’essence et le diesel soient des technologies de consommation supérieures, et que nous serons en vérité purement et simplement incapables d’assumer une production électrique suffisante pour opérer la transition de tout le parc automobile existant vers l’électrique.
Qu’importe le risque de pénurie d’eau qui menace le monde au point que même le congrès américain s’en inquiète : « Une voiture électrique consomme 56 % d’eau en plus sur son cycle de vie qu’une voiture thermique » et on en constate déjà les dégâts à Taïwan.
Qu’importe qu’au Chili, le consortium SQM qui pèse 26 % de la production mondiale de lithium a puisé en 2022 près de 400 000 litres d’eau par heure pour les besoins de son usine et qu’une inspection sur son site a révélé qu’un tiers des caroubiers, arbre rustique en raison de ses racines profondes, étaient morts à cause du manque d’eau, a révélé ensuite une étude.
Qu’importe que soient gaspillés deux millions de litres d’eau évaporés pour produire une tonne de lithium.
Qu’importe l’exploitation indigne des enfants en Afrique dans les mines des précieuses terres rares…
Qu’importe la dépendance à la Chine, et qu’au bout du compte la pénurie de lithium pourrait bientôt bloquer la production de voitures électriques…
Qu’importe même que la transition vers les voitures électriques menace l’environnement…
Qu’importe tout cela puisque le but est tout autre.
Tout ce lobbying n’a qu’un but et Anne Hidalgo avait au moins eu le mérite de l’avouer ; le but est de se passer de l’automobile, qu’elle soit électrique ou thermique : « on fait tout pour que les Parisiens n’aient plus de voiture… »
Tout comme le plan européen de performance énergétique des bâtiments a pour objectif de rendre la propriété individuelle insupportable au plus grand nombre, la voiture électrique a pour but de déposséder le plus grand nombre de l’automobile en la rendant inaccessible, ne serait-ce que par le prix d’une recharge qui dépasse déjà celui du diesel ou de l’essence.
Cet écrasement général de la société, des banques aux consommateurs, en passant par les industriels, même si on peut saluer que les constructeurs japonais résistent encore, s’annonce une société du non-choix drapée des meilleures intentions mais qui cache une idéologie totalitaire reprenant à s’y méprendre les paroles de Klaus Swchab : « vous ne posséderez rien et vous serez heureux ».
Jamais deux sans trois…
L’écologisme réussira-t-il à imposer sa vision totalitaire au même titre que le communisme qui lui aussi prônait une société idéale où l’individu n’était plus rien, la liberté n’était qu’autorisations de l’État nounou dont le vrai visage ne tarda pas à apparaître.
Si nous n’y prenons pas garde il n’en sera plus rien de nos libertés. Dépossédés de tout, confinés à jamais dans des quartiers sous ZFE au nom de l’urgence climatique. Oui, la ville intelligente de 15 minutes peut devenir le goulag numérique du futur. Ce funeste projet écolo n’est pas une théorie du complot, les habitants d’Oxford le subissent déjà et sont stigmatisés pour s’en plaindre.
Si nous ne combattons par le totalitarisme vert qui s’immisce chaque jour davantage, l’avenir sera sombre et dystopique. En un mot, le vainqueur prend tout… jusqu’à nos vies.
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