L’idéologie écologiste qui a contaminé l’esprit des politiques et technocrates européens et français impose chaque mois, chaque semaine, des contraintes et interdictions supplémentaires aux agriculteurs qui les empêchent de faire leur métier dans des conditions acceptables et efficientes.
Sous prétexte de préserver l’environnement, cette idéologie veut obliger quatre fois moins d’agriculteurs à produire dans des conditions identiques à celles de la fin du XIXe siècle pour nourrir deux fois plus de consommateurs. Elle veut supprimer la motorisation, soi-disant responsable de la pollution, et revenir à la traction animale. Mais cela ne serait pas suffisant pour satisfaire les défenseurs de la cause animale pour qui la traction animale serait une souffrance insupportable et inadmissible.
Retour donc à la binette, la faux, la faucille et le fléau manié de la main de l’homme. Retour au servage du Moyen Âge, avec son cortège de disettes et de famines. L’écologie veut également supprimer ce qu’elle nomme outrancièrement « pesticides » des produits homologués selon des normes de sécurité identiques à celle des médicaments. Les médicaments protègent les humains, mais les phytosanitaires les empoisonneraient…
La guerre des nitrates
De longue date, les normes se sont attaquées aux nitrates qui permettent aux agriculteurs d’augmenter les rendements et la qualité de panification des farines. Non seulement l’emploi des nitrates d’origine synthétique est drastiquement limité, contrôlé et éventuellement sanctionné, mais même les nitrates d’origine naturelle, issus de la transformation de la masse végétale en humus, puis en ammoniaque sont inclus dans le cycle des restrictions.
La dernière manifestation de cette contrainte excessive et injustifiée, comme démontré par la suite, réside dans la décision de la commission européenne de diminuer les émissions d’azote de 50 % d’ici 2030. Cette décision a suscité la vive réaction des agriculteurs néerlandais pour lesquels elle entraînerait la fermeture de 11 000 fermes et menacerait la pérennité de 17 000 autres sur 53 000 que compte le pays. Devant le tollé, une prolongation de la norme de 170 kg/ha a été décidée avec étalement et respect intégral en 2025.
Cependant, malgré la pression pour imposer cette notion de toxicité des nitrates, de nombreux travaux et scientifiques ont non seulement contredit cette thèse, mais démontré des effets bénéfiques.
Ainsi le colloque international organisé à La Pitié Salpetrière le 31 mars 2011 a conclu :
« Les données historiques, l’expérimentation animale, l’expérimentation aiguë humaine et l’épidémiologie établissent aujourd’hui que la consommation de nitrates est non seulement inoffensive chez l’homme, mais bénéfique. Dans ce sens, une classification des aliments a été proposée, « nitric oxyde index », basée sur le contenu en nitrates, nitrites et sur le pouvoir antioxydant (ORAC). Les nitrates doivent donc désormais être considérés comme des nutriments nécessaires à la santé humaine. »
De plus, David Schindler, limnologue de réputation mondiale, a démontré que l’eutrophisation des masses d’eau n’était pas due à l’excès de nitrates, mais à la présence de phosphore.
Et de préciser :
« Il n’y a absolument aucune preuve que la restriction de l’azote permette de réduire l’eutrophisation dans les lacs ou les estuaires. […] ajouter de l’azote seul n’a jamais provoqué une augmentation de l’eutrophisation, tandis qu’ajouter du phosphore l’a toujours fait. »
Les instances de la communauté européenne devraient appliquer leurs textes, à savoir la directive nitrates 91/676/CEE qui prévoit dans son article 8 : « Les annexes de la présente directive peuvent être adaptées au progrès scientifique et technique, conformément à la procédure prévue à l’article 9. »
Ainsi, les avis de scientifiques renommés, les conseils de nutritionnistes préconisant la consommation de légumes qui contiennent jusqu’à 50 fois plus de nitrates par kg que la norme d’eau potable, n’interpellent pas les responsables technocratiques et politiques de l’Union européenne pour revoir cette politique délétère de lutte contre les nitrates.
Les néonicotinoïdes
La polémique sur ces insecticides dure depuis de nombreuses années et leur interdiction s’intensifie d’année en année.
Ils sont accusés de détruire les populations d’abeilles, alors que la preuve n’en n’est pas formellement apportée. L’unité de pathologie de l’abeille de l’Agence française de Sécurité Sanitaire de Aliments (AFSSA) a publié le 15 février 2008 dans un rapport :
« Les résidus de pesticides, dont l’imidaclopride (Gaucho) et le fipronil (Régent), ont été recherchés sur la matrice apicole de 120 colonies d’abeilles. Les analyses ont révélé des résidus de pesticides à des doses très faibles dans la limite du seuil de détection. Selon les chercheurs « aucune relation statistique entre la présence de résidus et la dynamique des abeilles adultes et larvaires, ni avec la mortalité des colonies n’a pu être mise en évidence. »
Le 26 avril 2006, le conseil d’État confirmait l’interdiction de l’insecticide Gaucho à base d’imidaclopride pour l’enrobage des semences.
Cependant, une enquête diligentée par le ministère de l’Agriculture a mis en évidence durant l’hiver 2017-2018 une mortalité des colonies d’abeilles de 29,4 %, difficilement imputable aux insecticides utilisés sur les cultures.
La Cour de justice européenne s’étant prononcée contre la prolongation de la dérogation d’utilisation des néonicotinoïdes sur les semences de betteraves, de nombreux agriculteurs ont manifesté leur colère, à l’instar de leurs collègues néerlandais contre les restrictions des nitrates, pour attirer l’attention de l’opinion publique sur les conséquences gravissimes de cette décision et son injustice.
Les betteraves étant des plantes non butinées par les abeilles, la dangerosité des insecticides utilisés n’est nullement démontrée.
L’avis de l’ANSES du 13 décembre 2021 relate au sujet des études dont elle a été saisie :
« Les auteurs concluent que le colza succédant à une betterave sucrière en année N+3 n’a pas remobilisé de thiaméthoxame dans le nectar (ni d’autre substances actives néonicotinoïdes qui auraient pu être appliquées antérieurement) »
Ainsi, l’Anses considère donc que :
« Les données soumises ne permettent pas d’affiner le score relatif à la « probabilité de rémanence en fonction du positionnement dans la rotation après semis de betteraves sucrières » retenu dans l’avis de l’Anses du 23 décembre 2020 pour les cultures concernées. »
L’ANSES relève également que :
« Les doses d’emploi (appliquées via les semences de betteraves) étaient de 60 g imidaclopride/hectare pour toutes les parcelles. »
On peut ici noter que l’imidaclopride est interdite en agriculture, mais que des produits commerciaux utilisés sous forme de pipette liquide à appliquer entre les épaules des animaux de compagnie contiennent de 100 à 600 mg d’imidaclopride (selon le poids de l’animal) et sont en vente libre !
On peut comparer l’aveuglement de la réglementation qui interdit d’utiliser 60 grammes de molécule à l’hectare et en autorise 600 mg au contact direct des mains du gamin de deux ans qui caresse son chien en suçant son pouce !
Le glyphosate
L’Union européenne repousse l’évaluation du glyphosate à la mi-2023.
Son interdiction ardemment voulue par les militant écologistes est insuffisamment documentée relativement à sa toxicité et à la dangerosité qu’il représenterait. Ces militants ont mené une campagne d’intoxication médiatique qui s’est soldée par un échec tant la méthode et les résultats se sont révélés manipulés.
J’ai repris dans un article objectif les tenants et les aboutissants des différentes positions sur le sujet.
L’avis de l’ANSES du 12 02 2016 précise :
« Le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1A ou 1B (cancérogène avéré ou présumé pour l’être humain) dans le cadre de l’application des critères du règlement(CE) n° 1272/2008 (CLP) »
Sans être spécialiste, mais simplement inspiré par le bon sens, il est curieux qu’après 45 années d’utilisatione l’on ne soit pas scientifiquement capables d’avoir des conclusions précises, crédibles, indéniables sur la dangerosité du glyphosate.
L’interdiction de cet herbicide, outre la perte de rentabilité due à son efficacité sur les adventices, sa non-sélectivité qui oblige à ne pas le pulvériser sur les cultures non OGM garantissant une absence de risque de contamination des fruits des cultures, entraînerait la remise en cause des nouvelles méthodes de culture en non labour, garantes d’économies de carburant. De plus, l’interdire serait compromettre la compétitivité des producteurs français face aux importations en provenance de pays où il continue d’être largement utilisé.
Ce qui est interrogatif, c’est que les écologistes demandent l’interdiction du glyphosate en France, alors qu’on ne trouve pas des résidus dans les produits français, mais ils ne demandent pas l’interdiction d’importer des produits qui en contiennent et surtout occultent l’origine des produits analysés.
Le partage de l’eau
L’article 641 du Code civil énonce :
« Tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds. »
Il est évident que selon cet article les agriculteurs, qui possèdent l’immense majorité des surfaces françaises, peuvent disposer de la majorité de l’eau que nous dispense le ciel. Seulement, comme la majorité des citoyens habitent en ville, ils ont voulu que l’accès à l’eau soit considéré au niveau de la personne, et non de sa finalité.
C’est ce qu’a défini la loi du 30 décembre 2006, Art 1-1 :
« L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels sont d’intérêt général. »
Dans un contexte climatique où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et sévères, l’eau devient un bien de plus en plus précieux. Sa préservation est de plus en plus réglementée : restrictions des intrants agricoles, bandes enherbées et règles d’écoconditionnalité de la PAC pour les agriculteurs, assainissement individuel ou collectif pour les citoyens, mais eaux pluviales citadines déversées directement dans les cours d’eau, etc..
Ainsi, l’efficacité des mesures de protection est bien différente à l’arrivée. Les analyses comparatives des eaux aux exutoires des stations d’épuration citadines et des retenues collinaires agricoles présentent des différences inquiétantes.
Entre les extrêmes citadins et agricoles, on constate que les eaux agricoles contiennent 36 fois moins de glyphosate et 227 fois moins d’AMPA (produit de désagrégation du glyphosate et des lessives). Les eaux citadines contiennent au moins 5526 fois plus d’Eschérichia Coli que les eaux agricoles qui sont en dessous de la limite quantifiable !
Notre pays étant bien pourvu en pluviométrie, laquelle est insuffisante en été. Le bon sens veut que l’on stocke l’eau lors des périodes de pluviométrie excédentaire, comme les pouvoirs publics le conseillent et le subventionnent pour les particuliers, pour l’utiliser en période de sécheresse.
Mais les écologistes ne l’entendent pas de cette oreille et s’opposent au stockage de l’eau par les agriculteurs. Ils vont même jusqu’à affronter les forces de l’ordre (Sivens, Sainte Soline) avec mort et blessés à la clef, et saccager les retenues d’eau appartenant aux agriculteurs.
Les puits de carbone
La lutte effrénée contre le CO2 incite les décideurs à imposer des règles non seulement pour limiter les émissions, mais pour stocker le carbone. Les moyens préconisés sont le stockage dans le sol en favorisant les prairies et les forêts. Le CO2 capté par les végétaux est en partie transféré dans les racines et est conservé un certain temps avant d’être relargué lors la mort de ces végétaux.
Ainsi, pour être efficace, il faudrait remplacer les cultures par des prairies et de forêts. Mais comment pérenniser de prairies si les promoteurs de ce principe veulent aussi supprimer l’élevage ? Il faut des animaux pour entretenir une prairie ! Et comment nourrir les populations si l’on remplace les cultures par des forêts ?
Il a cependant été démontré qu’un hectare de culture de maïs transformait annuellement plus de CO2 en oxygène et hydrates de carbone qu’un hectare de forêt. Cette transformation participe à la purification de l’air et à l’alimentation des populations, avec un cycle annuellement renouvelé et comme principales énergies motrices le soleil, l’eau et le travail des agriculteurs.
Les conséquences d’une idéologie
La focalisation des causes de la pollution sur l’agriculture conduit les écologistes et les décideurs qui les écoutent aveuglément à un parangon fou : s’il n’y avait plus d’activité agricole, il n’y aurait plus de pollution. Et de penser que pour ne plus sentir l’odeur des élevages en France, il suffit d’acheter du poulet brésilien ou du bœuf argentin. Et pour ne plus utiliser d’herbicides, il suffit d’acheter à l’étranger. Même si les produits qui en proviennent contiennent des résidus, il n’y a pas ainsi de pollution des sols en France. L’examen des analyses précitées apporte la preuve que cette vision est non seulement fausse mais suicidaire.
La récente crise de l’énergie, boostée par la guerre en Ukraine, devrait pourtant nous faire comprendre que la dépendance comporte des risques majeurs. Les contraintes et restrictions imposées aux agriculteurs érodent jour après jour leur compétitivité. On en constate les effets par le déficit croissant de la balance commerciale agricole qui en sept ans est passée d’un excédent de 6 milliards d’euros à un déficit de 300 millions d’euros.
À vouloir supprimer aux agriculteurs tout ce qui leur a permis en un demi-siècle des gains de productivité spectaculaires, lesquels ont eu pour effet de diminuer des deux tiers la part alimentaire dans le budget des ménages, on va les contraindre à se retrouver dans des conditions de travail identiques à celles de la fin du XIXe siècle.
Leurs conditions de travail, dont la pénibilité n’est pas reconnue comme pour les salariés dans le cadre des départs anticipés à la retraite, ne sont pas de nature à encourager les jeunes à embrasser le métier. Les contraintes imposées par une réglementation en perpétuel changement, incompatible avec l’exercice d’un métier qui impose toujours le temps long, sont aussi de nature à décourager les jeunes à reprendre des exploitations. De 1982 à 2019, le nombre d’agriculteurs est passé de 1,6 million à 400 000, celui des ouvriers agricoles de 310 00 à 250 000.
Plutôt que de soutenir une profession vitale pour le pays, nos décideurs s’emploient à la rendre chaque jour plus difficile. Sauront-ils s’arrêter avant que nous ne soyons devenus totalement alimentairement dépendants des importations, à la merci du bon vouloir des producteurs étrangers, de leurs prix imposés ou d’une pénurie mortifère ? Le retour des disettes des siècles anciens ?
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