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08 février, 2023

Pour en finir avec le « libéralisme »

 Par Simone Wapler.

Si vous défendez en France le libéralisme classique vous êtes rapidement soumis à un exercice pénible. Face à l’ignorance de votre auditoire, vous êtes contraint d’expliquer les « droits naturels », de remonter à l’humanisme et à l’école de Salamanque, de justifier laborieusement que le libéralisme n’est pas que le marché et la concurrence loyale. Ni le capitalisme de connivence.

Définir facilement le libéralisme est si malaisé que beaucoup commencent par expliquer « ce qu’il n’est pas ».

Bref, en invoquant le libéralisme, vous perdez vos interlocuteurs même ceux qui seraient plutôt disposés à aller dans votre sens. Car beaucoup commencent à douter du bien-fondé du « tout État ».

Le concept mussolinien du « tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors l’État » n’a jamais été autant pris en défaut que ces deux dernières années :

  • Réforme des retraites
  • Gestion de l’épidémie de Covid-19
  • Crise énergétique provoquée
  • Dogmatisme écologique
  • Lutte contre la hausse des prix, stigmate de l’inflation monétaire
  • Dysfonctionnements de plus en plus flagrants de l’Éducation nationale, de l’hôpital, des transports publics, de la justice…

 

Autant de sujets qui mènent certains esprits sensés – pourtant nourris aux mamelles roses et rouges du mammouth – à douter.

Si vous vous réclamez du « minarchisme » comme solution possible à ces maux votre auditeur prête une oreille plus attentive que si vous agitez l’épouvantail du libéralisme. C’est ce que j’ai constaté.

 

Le minarchisme est plus simple à définir rapidement

D’abord, l’étymologie est simple : « min » = minimal et « archie » = gouvernement.

Pas de gros mot qui font peur comme « liberté » avec son effrayant corollaire de « responsabilité ».

Légère consonnance avec « anarchie » qui évitera de vous faire immédiatement ranger dans la case « fasciste » ou « capitaliste ».

Wikipedia définit ainsi le minarchisme :

« Idéologie politique dérivée du libertarianisme qui préconise un État minimal dont la légitimité est enserrée par des limites strictes ».

Évidemment, vous aurez tout intérêt à éviter la diabolique mention du libertarianisme et à condenser cette définition, par exemple : « politique qui préconise un « État minimal », dont la légitimité est enserrée par des limites strictes ».

Wikiberal complète un peu, mais en restant simple :

« L’État étant caractérisé comme un monopole de la violence, ses prérogatives légitimes sont souvent identifiées aux seuls domaines où la violence est justifiée, les « fonctions régaliennes » de l’État : le maintien de l’ordre, la justice, la défense du territoire. »

Vous pouvez à ce stade paraître sympathique car contre la violence d’où qu’elle provienne. Presque baba-cool… Vous devriez alors pouvoir argumenter sur le bien-fondé de faire reculer les prérogatives de l’État.

Certes, un libéral farouche vous objectera que la police, la justice et même l’armée pourraient être confrontées à la concurrence. Mais le libéral farouche est une espèce rarissime dans notre merveilleux paradis social et enfer fiscal et ce n’est pas à lui que vous cherchez à ouvrir des horizons.

À ce stade, vous devriez cependant recevoir les objections classiques :

« Oui,… mais non ! Que faites-vous de l’éducation, de la politique industrielle, de la culture, de la santé, de l’énergie… Que faites-vous du « lien social » ? ».

Vous pouvez alors dégainer une autre arme : la subsidiarité.

 

La subsidiarité pour contrer l’irresponsabilité

Je vous l’accorde, la subsidiarité n’est pas le mot politique le plus usuel dans notre merveilleux paradis centralisé. Mais la définition coule assez bien :

Wikipedia

« la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. »

Vous pouvez là aussi prendre un peu de liberté avec la définition et la remplacer par :

« La décision d’une action publique doit revenir à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. »

Ainsi, vous serez vu d’un bon œil par les habitants des « territoires » excédés des décisions prises à Paris par des gens qui ne subiront jamais les nuisances de leurs erreurs.

Ceci vous permettra de butiner différents thèmes comme :

  • Le salaire minimal ou le RSA (pourquoi devraient-ils être identiques à Dunkerque et à Nice ? À Dunkerque, le chauffage est un poste bien plus lourd qu’à Nice)
  • La scolarité (pourquoi pas un peu d’initiatives locales dans la pédagogie et les programmes ? Qui est le plus apte à juger de ce qui convient à vos enfants ?)
  • Le lien social et la solidarité consentie et non pas imposée ne seraient-ils pas bien plus forts si les gens concernés avaient leur mot à dire ?
  • Pourquoi la monnaie devrait-elle être administrée par un organisme supranational irresponsable des conséquences de sa création monétaire ?
  • Etc.

 

Bref, en combinant minarchisme et subsidiarité, vous devriez pouvoir instiller un peu de libéralisme en évitant d’être étiqueté libéral-au-cœur-sec qui n’aspire qu’à être un loup parmi des loups dévorant des agneaux.

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