par Louise V. Labrecque
Il a dormi deux jours ! Un silence sublime
Enveloppe et sa mort et
l'indicible crime
Dont l'homme s'est couvert.
Mais, à la voix de Dieu,
la pierre est renversée ;
Les soldats sont vaincus
; la garde est dispersée ;
Le sépulcre est ouvert !
Quand l'aurore a paru,
quelques femmes pieuses
Se rendent au saint
lieu, tristes, silencieuses,
Pour embaumer le corps.
Mais celui qu'on a vu
chargé d'ignominie,
Rachetant l'univers même
au prix de sa vie,
N'est plus parmi les morts !
Un messager du ciel
annonce son absence ;
Pourtant, on doute
encore ; on hésite, on avance,
En effet, l'ange est seul !
Assis, calme et serein,
rayonnant de lumière,
Et tout vêtu de blanc,
il est là sur la pierre,
... Près de lui, le linceul !
Ô mort, c'en est donc
fait ! L'innocente victime
Que tu vis immoler même
à côté du crime
A brisé ton pouvoir.
Fuis devant ce vainqueur
que l'amour seul anime !
Hâte-toi de rentrer au
fond du noir abîme
Cacher ton désespoir.
N'as-tu pas entendu ce
lugubre murmure,
Lorsque le Créateur a vu
sa créature
Le vendre et le trahir ?
N'as-tu pas entendu la
plainte de la terre
S'élever contre toi
quand ta main sanguinaire
Venait pour le saisir ?
N'as-tu pas vu le ciel
refuser sa lumière,
Quand ton pied décharné
montait sur le calvaire
Où tu devais finir ?
Tu contemplas le Christ
de ton regard livide,
Et tu crus un moment que
ton bras déicide
Pouvait le retenir ?
Et là, tu lui donnas ton
baiser de vampire,
Et tu pensas pouvoir
prolonger ton empire
Par un dernier effort ;
Tu voulus te glisser
avec lui dans la tombe ;
Mais ici, plus d'espoir,
car ta puissance tombe ;
Le Christ est le plus fort !
N'as-tu pas entendu des
voix dans la vallée,
Depuis le Golgotha
jusques en Galilée,
Proclamer sa grandeur ?
Ô mort ! ne vois-tu
point les gardes effrayés
Fuyant de toutes parts ou tombant foudroyés
À l'aspect du Sauveur ?
Le Seigneur s'est levé
comme une jeune aurore,
Mais plus resplendissant
et plus brillant encore
Et bien plus radieux !
Comme on voit un soleil
dominer la colline,
L'Homme-Dieu s'est levé
dans sa gloire divine
Mais plus majestueux !
Il est ressuscité !
Puis, selon sa parole,
Ses disciples l'ont vu ;
lui-même les console
Et leur parle longtemps.
Il leur dit l'avenir, il
leur dit les tempêtes
Qui devront s'élever et
gronder sur leurs têtes
Dans la suite des temps !
Il est ressuscité !
Voilà que son Église
Se trouve pour toujours
sur son pouvoir assise
Et brave les enfers !
Comme un aigle qu'on
voit s'élancer dans l'espace,
Elle prend son essor et jamais
ne se lasse
De remplir l'univers.
Il est ressuscité !
C'est pour montrer à l'homme
Que jamais ne pourra
s'écrouler un royaume
Sous son sceptre divin !
Et de sa propre bouche
il abandonne à Pierre
L'édifice sacré dont la
première pierre
Fut mise de sa main !
Il est ressuscité ! Des
voix dans la vallée,
Depuis le Golgotha
jusques en Galilée,
Redisent dans leur chant :
Ô mort ! Fuis du
vainqueur la victoire sublime,
Hâte-toi de rentrer au
fond du noir abîme,
Jésus est triomphant !
James Donnelly
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