Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.
Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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En plus de l’intérêt que représente pour un dirigeant le fait de s’entourer de nombreux cadres en qui il a confiance, il existe d’autres raisons d’édifier de lourdes structures administratives. On peut justifier ainsi l’accroissement des ressources de l’organisation. Le truc est de multiplier les unités administratives et de gonfler le niveau d’effectif nécessaire dans chacune d’elles. On arrive ainsi à construire des structures pyramidales qui ont en plus le mérite de justifier des postes élevés pour les gestionnaires supérieurs.
Bien que des structures administratives lourdes consolident le pouvoir et le statut des dirigeants, elles complexifient grandement les communications et sont une source d’inefficacité. La circulation rapide de l’information est une clé du succès dans toutes les organisations, mais la multiplication des niveaux hiérarchiques a un effet négatif en instaurant des règles quasi protocolaires pour le cheminement de l’information. Ces contraintes artificielles entraînent des délais et de la distorsion.
Un observateur a désigné sous le nom de « phénomène du U » une des conséquences les plus fréquentes du long cheminement de l’information suivant la ligne hiérarchique : une demande émanant d’un sous-ministre est transmise dans la machine administrative jusqu’à ceux qui sont appelés à effectuer le travail demandé. La demande est interprétée et clarifiée aux divers échelons et le travail effectué peut subir des modifications lorsqu’il remonte de l’autre côté du « U » pour être réacheminé vers le sous-ministre. Souvent, ce dernier constate que le produit qu’on lui remet n’est pas celui qu’il a demandé : il voulait cheval et on lui livre un chameau!
Le poids de la hiérarchie génère, au surplus, une mentalité de dépendance. Les employés attendent que leur supérieur leur indique ce qu’il faut faire et se gardent bien de prendre des initiatives. L’accent mis sur l’autorité engendre un sentiment d’impuissance. La forte spécialisation des tâches et les règles qui sont le propre de la bureaucratie accroissent encore l’inefficacité des bureaucraties. (p. 68-69)
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