Au Québec, 2,9% de la population gagne plus de 100 000 $ par année et paie 29% de tous les impôts.
À ce régime, bientôt il n’y aura plus de Québécois qui gagnent plus de 100 000 $ par année. Ils auront tous émigrés ailleurs.
Au grand plaisir de tous ceux qui ne paient pas d’impôt, le Québec sera devenu solidaire dans la pauvreté.
Impôts: qui paie la facture au Québec?
10 mai 2008 - 06h34
La Presse
Michel Girard
Saviez-vous que nos 3% de nantis payent autant d'impôt que 80% des contribuables québécois!
Louis est médecin. Michel travaille dans les communications. Denis est courtier. Chacun gagne au-delà de 100 000$ par année. Au Québec, il y a seulement 169 000 contribuables qui déclarent annuellement un revenu aussi élevé. Ces nantis représentent à peine 2,9 % des 5,8 millions de contribuables québécois.
Ce groupe restreint des fortunés vaut cependant son pesant d'or pour les gouvernements provincial et fédéral. Notre analyse des dernières données fiscales disponibles, soit celles portant sur l'année d'imposition 2005, révèle que ce petit groupe a payé à lui seul 29% de tous les impôts récoltés au Québec par les gouvernements de Québec et d'Ottawa.
La Presse Affaires a obtenu en primeur un relevé des «Statistiques fiscales des particuliers 2005» que publiera en juin prochain le ministère des Finances du Québec.
À eux seuls, ces 169 000 contribuables québécois ont versé 10,2 milliards de dollars en impôt, soit presque autant que les 4,8 millions de contribuables qui ont rapporté des revenus inférieurs à 50 000$. Ces derniers ont payé collectivement quelque 11,6 milliards d'impôt.
C'est donc dire que les 2,9% de nantis ont payé en impôts fédéral et provincial sensiblement la même somme que les 80% de contribuables gagnant moins de 50 000$ par année.
D'ailleurs pour être vraiment «équitable» envers notre noyau des 169 000 contribuables fortunés, il faut préciser que, en fin de compte, ils versent plus d'impôts que les 4,8 millions de contribuables à revenu plus faible. Pourquoi?
Parce que ces contribuables se sont partagé plus de 2 milliards de dollars d'aide financière directement versée par l'entremise de programmes gouvernementaux destinés majoritairement aux gens à plus faible revenu, comme le soutien aux enfants, les crédits de TVQ et TPS, la prestation fiscale pour enfants, etc.
Entre les deux groupes, les plus de 100 000$ et les moins de 50 000$, on retrouve un important groupe de contribuables, les 50 000$ à 100 000$. Au nombre de 871 000, ils représentent 14,9% de tous les contribuables.
Ils forment collectivement le noyau le plus lucratif pour les gouvernements de Québec et d'Ottawa au chapitre des impôts sur les particuliers.
Les «50 000$ à 100 000$» ont versé 13,4 milliards de dollars en impôt, soit 38,1% de la cagnotte totale (35 milliards) récoltée par Québec et Ottawa.
Quand on analyse la contribution fiscale des contribuables gagnant 50 000$ et plus, on constate qu'en dépit de leur sous-représentation parmi les contribuables québécois, ils constituent de toute évidence la véritable vache à lait des impôts directs versés aux deux ordres de gouvernement.
Alors qu'ils représentent 17,8% des contribuables, ils versent annuellement quelque 70% de tous les impôts quand on tient compte des crédits remboursables et prestations gouvernementales non imposables versées aux moins riches du Québec.
Comme véhicule de redistribution de la richesse, l'impôt sur les revenus des particuliers semble très efficace.
Les 169 000 nantis du Québec se sont partagé la colossale somme de 30,8 milliards de dollars de revenu en 2005, soit un revenu moyen 182 249$ par contribuable. À leur décharge, ils ont tout de même payé 10,2 milliards de dollars en impôt, voire une note moyenne d'impôt de 60 355$ par tête.
Les contribuables de la tranche de revenu des 50 000$ à 99 999$ ont collectivement empoché des revenus de près des 58 milliards, leur procurant un revenu moyen de 66 590$ par contribuable. Sur cette somme, ils ont payé 13,4 milliards d'impôt à Québec et Ottawa, c'est-à-dire 15 385$ par personne.
Chaque année, des groupes de pression s'élèvent contre la moindre baisse d'impôt accordée par Québec et Ottawa. Il faut dire qu'en tenant compte des divers crédits d'impôt remboursables et des prestations pour enfant non imposables, au moins 50% des contribuables québécois ne paient en réalité pas un cent d'impôt.
Évidemment, ils s'en contre-fichent des baisses d'impôts, puisque cela ne les touche pas!
Même s'ils ne prennent publiquement jamais la défense de la large contribution fiscale des nantis de la société, les ministres des Finances de Québec et d'Ottawa se gardent une petite gêne devant toute demande visant à imposer davantage les riches.
Comme quoi, les ministres des Finances reconnaissent que leur troupeau de vaches à impôt a ses limites!
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