Peut-on être machiavélique au point de laisser croire à la population que la solution aux problèmes de congestion dans les urgences passe par plus de bureaucratie? Bien sûr que oui, le machiavélisme est le propre du politicien.
Si le ministre veut sincèrement régler ce problème voici ce qu’il doit faire :
- Établir un objectif : Réduction de 25% du temps d’attente dans les urgences avant le 1ier juillet 2009;
- Rétablir l’autorité des gestionnaires : Tous les conflits entre l’équipe de direction d’une part et les bureaucrates du ministère et les syndicats d’autre part seront tranchés en faveur de la direction de l’hôpital;
- Responsabiliser les gestionnaires : Tenir les gestionnaires entièrement responsables des résultats. Offrir des bonis pouvant atteindre deux fois le salaire annuel si les résultats sont dépassés. Imposer des sanctions pouvant aller jusqu’au congédiement si les résultats ne sont pas au rendez-vous.
À tous ceux qui seraient tentés de me reprocher d’être simpliste, que ça ne peut pas fonctionner, qu’il faut ceci ou cela, je réponds : Cela fait plus de vingt ans que vous nous promettez une solution et les résultats se détériorent, alors le moment est venu d’essayer autre chose.
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Michel Vastel
Un médecin pour soigner les urgences!
Le journal de Québec, 07/06/2008 08h03
Faut-il en rire ou en pleurer? Pour réduire les temps d'attente ou de séjour dans les urgences des hôpitaux du Québec, le ministre Philippe Couillard crée une nouvelle «direction nationale des urgences» au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux!
Le rapport? Le nouveau patron, le docteur Pierre Savard, est lui-même un urgentologue au Centre hospitalier universitaire de Québec qui affiche des résultats assez bons: une durée moyenne de 11 heures 30 sur civière. Ses nouvelles responsabilités réduiront cependant son temps de travail à l'hôpital à 12 heures par semaine, ce qui a fait dire au critique de l'Action démocratique: «ça ne donnera pas de nouveaux médecins, ça ne donnera pas de nouvelles infirmières...»
Le reste du temps, le docteur Savard sera dans un bureau du ministère à étudier des statistiques sur le fonctionnement des 78 hôpitaux de la province. Car l'une des premières choses que notre jovial ministre de la Santé a précisée, c'est que le nouveau «directeur national des urgences» n'aura aucun pouvoir! «Ce ne sera pas une police des urgences», a-t-il dit. «Il sera un facilitateur»!
On ignore encore combien de personnes travailleront dans cette nouvelle «direction générale». Sorte de service d'urgence pour les urgences, son personnel descendra dans les hôpitaux où cela va mal et leur apprendra de meilleures méthodes, supposément plus rapides. Il me semble que tout cela va coûter bien cher pour ne rien régler. Depuis 2003 qu'il est ministre de la Santé, un certain docteur Philippe Couillard n'a strictement rien amélioré!
Mais cela lui permettra, la prochaine fois qu'une «crise des urgences» éclatera dans les journaux, de changer un peu son discours. Plutôt que de parler encore «d'argent neuf» -- il doit commencer à en manquer! -- il dira: «les choses s'améliorent, j'ai nommé un directeur national des urgences». Une façon de dire que, si ça ne marche pas encore, ce n'est plus de sa faute mais celle du docteur Savard!
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