Ces dernières semaines, les interventions propageant le mythe selon lequel la forêt publique québécoise serait en danger se multiplient dans les médias. La plus récente est celle de l’émission Enquête de Radio-Canada qui, bien que soulevant des allégations inquiétantes si elles s’avèrent exactes, laisse présager que notre patrimoine forestier est le buffet à volonté de l’industrie forestière. Richard Desjardins va jusqu’à suggérer que nos forêts sont la « cour à bois » des entreprises forestières. Il m’apparaît donc indispensable de faire la lumière sur les faits souvent oubliés dans ces analyses, lesquelles relèvent davantage de l’idéologie que de la démarche scientifique.
Une perspective inutilement alarmiste
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement reçoit une véritable volée de bois vert dans la foulée de sa Stratégie nationale de production de bois. À lire ces procès d’intention mal déguisés, on en vient rapidement à oublier les véritables orientations de ce plan gouvernemental. Celui-ci se base sur des statistiques et des faits clairs, qui montrent bien que le Québec peut se permettre d’augmenter la récolte de bois.
Les tenants et aboutissants de cette politique sont de rendre l’industrie et l’environnement d’affaires plus compétitifs, notamment en augmentant le volume de bois récolté dans nos forêts publiques. Or, lorsque nous prenons le temps d’analyser les données, il en ressort que le gouvernement a visiblement bien cerné l’opportunité qui s’offre à nous. Je m’explique.
Contrairement à ce que certains laissent entendre, c’est moins de 1% de la forêt publique québécoise qui est récoltée chaque année. Ce seuil est tout à fait soutenable. Rappelons que tous les cinq ans, le Forestier en chef de la province détermine la possibilité forestière du Québec, soit le volume maximum de récolte annuelle que l’on peut prélever à perpétuité sans affecter la capacité productive de nos forêts.
En d’autres mots, grâce à cet exercice, l’industrie forestière est contrainte de ne pas dépasser un niveau jugé acceptable de volume de bois récolté. Ce faisant, nous récoltons donc présentement moins de bois qu’il s’en régénère chaque année. La forêt publique est ainsi protégée et amenée à croître, année après année.
Le secteur forestier est aussi régi par un cadre réglementaire et environnemental qui empêche les entreprises d’agir comme si les forêts publiques étaient leur cour à bois.
C’est d’ailleurs pourquoi il n’y a plus de coupes à blanc au Québec depuis 1995 et que toutes les superficies qui font l’objet de coupes doivent obligatoirement être régénérées pour atteindre un état de production au moins équivalent à celui qui existait avant la coupe. On pourra nous répéter ad nauseam que le problème est toujours présent, la réalité est à des années-lumière de ce portrait folklorique et sensationnaliste.
Le secteur forestier est nécessaire pour la relance économique
Prétendre à tort que nos forêts publiques sont dignes du Far West ne fait que nuire à un secteur qui embauche plus de 60 000 travailleurs québécois et qui sera indispensable pour la relance économique de nos régions. Il représente déjà plus de 2,5% du PIB de la province, et son rôle évoluera dans les prochaines années avec la nouvelle Stratégie du gouvernement, au grand bénéfice de nos régions.
Les Québécois sont collectivement propriétaires de 92% de la forêt de notre territoire, et cette richesse doit être protégée, comme elle l’est d’ailleurs en ce moment. C’est la vision actuelle de collaboration entre nos gouvernements, l’industrie, les travailleurs et les communautés en région qui nous fera réellement bénéficier de cette belle ressource qu’est la forêt.
Nous devons continuer à l’exploiter de manière durable et consciencieuse, peu importe ce qu’en disent certains groupes de pression. Prioriser l’analyse pragmatique et comprendre l’importance du secteur forestier pour le Québec est la voie à suivre dans ce dossier.
Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.
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