Revue de livre par Damien Theillier via 24hGOLD
Publié le 11 février 2013
Le capitalisme a gagné la bataille des faits mais
paradoxalement, il a perdu la bataille des idées. Dans les faits, il a
procuré à l'humanité un accroissement considérable de sa richesse matérielle et
réduit la pauvreté. Mais du point de vue des idées, sa légitimité morale est
contestée. En effet, beaucoup d’enseignants dénoncent dans le capitalisme
l’exploitation des masses, la cupidité des riches, le matérialisme hédoniste,
etc.
Un livre récent vient démentir cette légende noire : La moralité du
capitalisme, ce que vos professeurs ne vous diront pas. Édité par Tom
Palmer, ce recueil de textes est un projet conjoint de l'Atlas Economic Research Foundation et
de Students For Liberty. Il vient d’être traduit en français par
Emmanuel Martin. Il s’adresse tout particulièrement à ceux qui ont reçu à
l’école une idée négative du capitalisme.
Tom Palmer souligne dans son introduction que le capitalisme
« est un système de valeurs culturelles, spirituelles et éthiques ». En
effet, les essais réunis dans ce livre montrent que le capitalisme peut non
seulement améliorer la vie des personnes à travers le monde, mais aussi
favoriser le développement d’une société libre et pacifique, fondée sur
l’échange volontaire mutuellement bénéfique. Le capitalisme, « c’est
l’érosion de systèmes de pouvoir, de domination, et de privilèges ancrés de
longue date, et c’est l’ouverture des carrières au talent. C’est le
remplacement de la force par la persuasion. C’est le remplacement de l’envie
par l’accomplissement », écrit encore Tom Palmer.
Précisons toutefois que le mot capitalisme est fortement
« piégé », car il peut désigner des réalités très opposées. C’est
pourquoi les auteurs de ce livre prennent soin de distinguer entre
« capitalisme de marché » libre et « capitalisme de copinage ». Dans
ce dernier, des fonctionnaires, des hommes politiques et des lobbyistes
manigancent pour récompenser certaines entreprises et punir les autres. C’est
ainsi que les entreprises qui ont échoué sont « renflouées » avec l'argent du
contribuable, tandis que d’autres sont subventionnées.
« On subventionne certaines entreprises et, en
définitive, puisque l’État ne dispose pas d’argent en propre, il le prend aux
contribuables et le redistribue à ceux qui bénéficient de faveurs politiques.
Je vois ce qui se passe aujourd’hui avec General Electric, du point de vue
des impôts qu’ils paient, avec toutes les exemptions et déductions spéciales
des lois fiscales. Et comme ils sont fortement impliqués dans ces technologies
d’énergie alternative, ou au moins certaines d’entre elles, ils sont parvenus à
un point où ils n’ont pas à payer d’impôt sur la plupart de leurs revenus,
juste parce qu’ils ont des connexions politiques », écrit John Mackey.
Et il ajoute :« Je vois en ce moment du capitalisme de copinage dans
l’ensemble de ces subventions qui vont aux technologies vertes ».
La plupart des critiques estiment que le capitalisme est
basé sur la cupidité, mais John Mackey, fondateur et PDG de Whole Foods Market,
montre que l'accusation est fausse. La richesse que son entreprise a créée (une
capitalisation boursière actuelle de plus de 10 milliards de dollars), à partir
d’une idée simple, ne conduit pas seulement à des profits pour les
actionnaires. La richesse créée par les capitalistes se propage à tous
d'innombrables façons.
« Les stock-options, que je serais en droit de toucher,
sont remis à la Whole PlanetFoundation pour accorder des
micro-crédits aux populations pauvres dans le monde », souligne John Mackey.
Il affirme également que le capitalisme est un meilleur débouché pour l’espèce
humaine que le militarisme et les conflits politiques. « Il suffit
de penser aux pertes en vies humaines, aux biens détruits et à la misère causée
par les régimes anticapitalistes du XXe siècle », dit-il. (Voir aussi cet entretien avec John Mackey, traduit par l’Institut
Coppet.)
Le capitalisme conduit-il à l'américanisation de la
planète ? C’est une objection souvent entendue chez ceux qui diabolisent
le capitalisme. Paranoïa idéologique, répond Mario Vargas Llosa. Dans son
essai, le romancier péruvien (lauréat Nobel de littérature 2010) réfute l'idée
que le capitalisme saperait les cultures indigènes. Il écrit : « les
allégations contre la mondialisation et en faveur de l'identité culturelle
révèlent une conception statique de la culture qui n'a aucun fondement
historique. Quelles sont les cultures qui sont restées stables au cours du
temps ? »
L’une des accusations les plus fréquentes entendues contre
le capitalisme, c'est qu'il serait incompatible avec la « justice sociale ». La
Kenyane June Arunga affirme dans son essai, « Le capitalisme
mondial et la justice », que le libre-échange, loin de nuire aux pauvres
d'Afrique, leur a permis d’être beaucoup mieux lotis. Ils jouissent de revenus
plus élevés, de meilleurs produits et d’une vie plus facile parce que le
capitalisme (là où il est autorisé) leur permet de gagner plus et d’échanger de
meilleures marchandises. Malheureusement, plusieurs États en Afrique
maintiennent leurs propres peuples en dehors du marché et favorisent des
étrangers ou des groupes d’intérêts spéciaux locaux.
« Nos propres États, écrit-elle, nous font du mal : ils nous
volent, ils nous empêchent de commercer, ils maintiennent les pauvres dans la
misère. Les investisseurs locaux ne sont pas autorisés à jouer la concurrence
en raison de l’absence de l’état de droit dans les pays à faible revenu ».
Ce n’est pas du « libre échange » quand les entreprises internationales peuvent
obtenir des faveurs spéciales de l’État ou quand les entreprises locales voient
leur accès au marché bloqué par leur propre État. Le libre-échange exige l’état
de droit pour tous et la liberté pour tous de s’engager dans la plus naturelle
des actions : l’échange volontaire.
La grande leçon de cet ouvrage est que les défenseurs du
capitalisme ont l'avantage moral. Malheureusement, ils se retrouvent
souvent en position défensive face à leurs adversaires, imprégnés de la «
mentalité anticapitaliste », pour reprendre le titre d’un livre de Ludwig von Mises.
C’est pourquoi la lecture de La moralité du capitalisme est
indispensable à tous ceux qui veulent en découdre avec les défenseurs de la
planification, du dirigisme économique et de la bureaucratie. Le livre est
disponible gratuitement sur le site de l’Institut Coppet en version numérique avec un
extrait de l’introduction.
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