Au cours des siècles, les famines ont décimé des populations
entières, mais elles ont aujourd’hui pratiquement disparu.
Comment peut-on expliquer ce phénomène?
Dans le texte qui suit, l’économiste Steven Horwitz,
argumente que c’est la mondialisation qui a mis fin à ce fléau.
Contrairement aux prétentions des écolos gauchistes, les
bienfaits de la mondialisation dépassent largement les effets négatifs.
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Beaucoup de lycéens lisent Les Raisins de la Colère de John Steinbeck.
Dans ce livre, l’auteur décrit le « Dust Bowl » des années 30 et les souffrances
qu’ont dû endurer beaucoup d’américains en
raison de la violente sécheresse, de techniques agricoles primitives et de la tempête
de poussière qui s’en est suivie au Texas, dans l’Oklahoma et dans d’autres états.
Alors que le Midwest américain a été touché par la sécheresse cet été, il est intéressant
d’étudier pourquoi les mauvaises récoltes n’ont pas, dans ce cas, conduit à des
pénuries de nourriture et à d’autres problèmes graves.
Il est également intéressant de se pencher sur la question de
savoir pourquoi les famines, qui se sont produites régulièrement au cours de l’histoire
de l’humanité, ont presque disparu depuis à peu près un siècle. La réponse réside
dans le marché et la mondialisation. Leur combinaison, pour les raisons explicitées
ci-dessous, permet à l’humanité d’être beaucoup moins à la merci du climat et fait
en sorte que la nourriture soit acheminée à l’endroit où il faut. Les marchés aident
à combattre les famines de deux façons : d’abord, les innovations rendues possibles
par la « recherche du profit » et la liberté relative sur les marchés dans le monde
occidental ont largement augmenté la productivité agricole. Nous nourrissons avec
succès une planète de 7 milliards d’hommes – même si nous voudrions la nourrir mieux
encore – et nous le faisons en utilisant
sans cesse moins d’hectares et moins d’agriculteurs. Les Etats-Unis peuvent
nourrir leur propre population et même exporter des céréales vers le reste du monde,
en dépit du fait que les agriculteurs soient obligés de détourner leur maïs vers
l’éthanol subventionné. Nous risquons moins les famines aujourd’hui parce que nous
pouvons produire plus de nourriture avec moins de ressources. En cas de mauvaise
récolte à un endroit, d’autres grandes récoltes ailleurs viendront compenser le
manque.
Signaux de prix
Le deuxième intérêt des marchés en la matière, c’est que les
signaux émis par les prix et les profits informent les producteurs sur les endroits
où la nourriture manque, fournissant ainsi les incitations pour l’y acheminer. Les
prix sont des incitations « enveloppées dans de la connaissance », ce qui leur permet
de servir de signaux pour assurer que personne ne manque de nourriture. Certes,
la nourriture peut être plus chère durant une sécheresse, mais cela est bien mieux
que de n’avoir pas de nourriture du tout, comme c’était le cas fréquemment au cours
de l’histoire de l’humanité.
Nous voyons ces processus opérer actuellement. La sécheresse
au centre des Etats-Unis a détruit une grande partie des récoltes de maïs dans l’Indiana
et dans l’Iowa. Dans le même temps, les agriculteurs des états de Washington et
de Virginie n’ont pas été touchés. L’offre raréfiée dans le Midwest a augmenté les
prix et signalé aux producteurs des autres états que des opportunités de profit
existaient à ces endroits ; les incitations associées à ce signal ont conduit les
fermiers à acheminer leurs récoltes où se trouvait la demande. Certes, les prix
élevés dégraderont la situation de certains consommateurs, mais le maïs est en fait
plus rare, donc les prix plus élevés ne résultent pas du fait que les agriculteurs
« exploitent » la sécheresse, mais reflètent une réelle pénurie d’offre.
Les signaux prix peuvent également conduire les producteurs à
détourner le maïs de la production non-alimentaire vers la production alimentaire. Une telle substitution n’est possible que parce
que les prix de marché fournissent la connaissance et les incitations nécessaires.
Dans un monde sans marché, les producteurs ne pourraient pas avoir accès aussi facilement
et efficacement l’information ; et ils n’auraient pas les incitations pour répondre
de façon appropriée. Il en résulterait plus de famines.
Mondialisation
Enfin, la mondialisation a quasiment éradiqué les famines. Tous
les mécanismes marchands identifiés ci-dessus sont d’autant plus efficaces que le
commerce s’accroît. Quand les marchés de marchandises sont mondialisés, les pays
faisant face à des sécheresses et à des mauvaises récoltes peuvent se ravitailler
auprès du monde entier. Les habitants des Etats-Unis ne sont pas contraints de faire
appel aux agriculteurs de l’état de Washington ou de Virginie. Ils peuvent faire parvenir du maïs du monde entier. Les agriculteurs
canadiens, qui ont connu une année plus clémente, voient le prix de leurs exportations
vers les Etats-Unis augmenter. Les canadiens vont payer leurs céréales un peu plus
cher, certes, mais les prix aux Etats-Unis vont être bien plus faibles qu’ils ne
l’auraient été en l’absence d’importations canadiennes.
Comme Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu l’ont montré dans leur
merveilleux nouveau livre The Locavore’s Dilemma (« Le dilemme du locavore »), la croyance
selon laquelle produire et distribuer localement la nourriture augmenterait la sécurité
alimentaire est erronée. Le plus important que nous puissions faire pour assurer
la sécurité alimentaire face à la sécheresse et aux autres menaces sur les récoltes,
c’est de permettre aux marchés de fonctionner librement et d’étendre cette liberté
au monde entier.
Nous ne pouvons pas contrôler la météo, la menace de sécheresse
est donc toujours présente. Mais nous pouvons libérer le marché, et mondialiser
la production de nourriture pour empêcher les désastres humains que sont les famines quand les récoltes échouent.
La victoire sur les famines constitue l’un des grands accomplissements de l’Homme
au cours du dernier siècle. Le fait que personne ne meurt de faim aux USA en raison
de la sécheresse de cet été est une preuve de cette victoire. Ne laissons pas les
forces du « locavorisme » ruiner ces progrès.
Steven Horwitz est professeur d’économie à l’Université de St
Lawrence aux États-Unis. Une version decet article a paru initialement en anglais
sur www.thefreemanonline.org.
Traduction www.UnMondeLibre.org.
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