Depuis le début des années 2000, l'or constitue un des
meilleurs investissements qui soit. Au
moment d'écrire ces lignes, je considère que cela demeure vrai. J'entends ici par investissement une façon d'investir
ses ressources dans le but de les faire fructifier. Néanmoins, il y a lieu d'être prudent avant
d'investir dans l'or. D'abord, parce
qu'il s'agit d'un marché relativement petit, donc sujet à une volatilité plutôt
élevée. Ensuite, parce qu'il est offert
de différentes façons qui viennent accompagnées de risques tout aussi
différents.
On peut se procurer le métal lui-même et le laisser à la
maison, à la banque ou dans des entrepôts expressément conçus à cet effet; on
peut en être propriétaire via des fonds négociables en bourse ou des fonds
mutuels, mais sans jamais pouvoir y toucher, ni même le voir; on peut en être
actionnaire via des producteurs ou des explorateurs, etc. En disant que l'or est un bon investissement,
j'ai à l'esprit uniquement les diverses façons d'investir dans le métal
lui-même. Un investissement dans les
producteurs et explorateurs d'or constitue un risque élevé où l'on s'aventure à
ses risques et périls.
La bonne performance de l'or depuis une douzaine d'années
est principalement attribuable à l'augmentation de sa demande. Celle-ci, à son tour, est attribuable à la
mauvaise gestion gouvernementale de la monnaie, voire des finances publiques en
général. En d'autres mots, l’offre d’or
des 12 dernières années ne constitue pas une variable explicative importante de
la variation de son prix. D’ailleurs peu
importe la période choisie, l'offre d'or constitue rarement une variable
explicative importante de son prix.
Il y a essentiellement trois raisons à cela: l'or est peu
consommé, presque indestructible et sa mise en marché est beaucoup plus stable
que celle des autres monnaies. Il sert
surtout de valeur refuge, c'est-à-dire un investissement qui tend à maintenir
son pouvoir d'achat sur une longue période.
Dans ces circonstances, pour établir la quantité d'or offerte, on doit
considérer non seulement sa production périodique, mais historique. Ainsi, que sa production annuelle soit bonne
ou mauvaise a relativement peu d’impact sur son offre totale, par conséquent
peu d’impact sur son prix.
Cela ne signifie pas que le prix de l'or varie uniquement en
fonction de sa demande, mais plutôt que son offre, pour autant qu'on s'en
tienne aux périodes d'un an et moins, n'a qu'un rôle marginal dans la
détermination de son prix. Encore une
fois, le principal facteur qui explique cette demande accrue est la mauvaise
gestion de la monnaie, soit une augmentation beaucoup plus élevée de la masse
monétaire relativement à la richesse produite.
On parle alors d'inflation monétaire ou de dépréciation monétaire. En d'autres mots, il s'agit d'une dépréciation
du pouvoir d'achat de la monnaie en raison de l'augmentation de la masse
monétaire, de sa valeur nominale, sa «quantité».
Une augmentation importante de la quantité de monnaie, d'une
période à l'autre, n'annonce pas tant une augmentation des prix des biens de
consommation qu'un bouleversement de l'activité économique, un cycle économique. Dans ces circonstances, le prix de l'or tend
à augmenter, toutes choses égales par ailleurs.
Nonobstant une baisse de 35 % de son prix, en dollars
américains, depuis son sommet atteint il y a 2 ans, relativement à la plupart
des monnaies importantes utilisées dans le monde, l'or
s'est apprécié de 150 % à 300 % depuis les 10 dernières années. En d'autres mots, en seulement 10 ans la
plupart des monnaies se sont dépréciées d'au moins 60 % par rapport à
l'or. Aux sceptiques qui pensent que la
période choisie est avantageuse pour l'or, il suffit de préciser que plus la
période choisie est longue, plus grande est la dépréciation des monnaies par
rapport à l'or (Voir ici
l'exemple illustré du dollar américain).
L'or comme investissement collectif, c'est-à-dire comme
monnaie
J'écris les «autres monnaies» sachant que l'or n'en est pas
une, mais puisqu'il l'a été plus longtemps que toutes autres monnaies et qu'il
pourrait agir à ce titre de nouveau, on se doit de le considérer comme une
alternative viable. Choisir l'or comme
monnaie relève du domaine public, car il ne peut être établi à ce titre que si
bon nombre d'individus le désirent. Par
conséquent, ce type d'investissement relève moins de la finance que de la
politique et de l'économie. À cette fin,
l'or se veut moins une quête de profit comptable qu'un moyen efficace et
avantageux d'échanger biens et services.
On en aurait beaucoup plus pour son argent si l'on pouvait
transiger avec l'or comme monnaie, car, comme on vient de le préciser, il
maintient son pouvoir d'achat mieux que toutes autres monnaies. Une perte du pouvoir d'achat encourage
l'endettement et le court terme au détriment de l'épargne et du long
terme. Ce sont là deux raisons qui
expliquent pourquoi les gouvernements préfèrent la monnaie fiduciaire à l'or;
ils sont plus soucieux d'accroître leur pouvoir que d'établir le bien
commun.
Certes, plusieurs individus y travaillent avec sincérité,
mais également avec beaucoup de naïveté.
Ils ne voient pas comment le bien commun peut advenir sans l'aide de
l'État. Or, les premiers moyens
d'échange, c'est-à-dire les premières monnaies, ont vu le jour sans l'aide des
autorités politiques. Selon le lieu et
l’époque, on a constaté l'usage de marchandises et de matière première comme
monnaie. Avec le temps, ces choix se
sont arrêtés, plus souvent qu'autrement, à l'or et l'argent métallique et pour
les échanges de moindre valeur, à quelques métaux de base. Ces choix n'ont pas été ceux des autorités
politiques, mais des individus agissants dans leur propre intérêt.
La rareté de ces métaux constituait l'une des principales
raisons de les utiliser comme monnaie, car cela évitait, ou à tout le moins
réduisait, leur dépréciation.
Aujourd'hui, au contraire, la monnaie est reproductible à volonté. L'immense majorité des experts n'y voient pas
de problème, car ils se disent en mesure de la contrôler. Cependant, ils l’évaluent, cette
dépréciation, par l’entremise de différentes mesures d’inflation des prix. En d'autres mots, ils déterminent s’il y a ou
non dépréciation monétaire à partir d’une de ses conséquences, soit l’inflation
des prix des biens de consommation. Tant
que ceux-ci sont stables, disent-ils, celle-là est sans importance.
Ces experts, économistes, financiers et autres, demeurent
sourds à l'idée que la dépréciation monétaire constitue la principale source d'inflation
des prix. Pis encore, ils ne semblent
pas réaliser qu'elle est également à l'origine d'autres graves problèmes économiques. Trop occupés à en tirer avantage ou à
chiffrer l'inflation des prix, ils ne sont pas disposés à évaluer les autres
conséquences de cette dépréciation sur l'ensemble de la population.
Non seulement une dépréciation monétaire constitue la cause principale
des cycles économiques, mais elle s'établit à l'avantage de certains individus
et de certaines institutions au détriment des autres. Autrement dit, une augmentation de la masse
monétaire n'est jamais distribuée également à l'ensemble de la population, mais
de manière à avantager ceux qui y ont accès en premier, soit notamment les
gouvernements et certaines institutions financières. Pour cette raison, les banques centrales vont
assurément continuer de déprécier leur monnaie à la demande tacite des
gouvernements, question de réduire sournoisement leur dette sur le dos de leur
population endormie.
L'État ne travaille pas pour le bien commun, mais dans son
propre intérêt. Il aide les gens dans le
besoin non pas par générosité, mais par intérêt. Cela lui permet de mieux cacher l'aide qu'il
apporte également au monde de la finance qui l'aide à son tour à garder le
pouvoir. Sans lui, l'État ne pourrait
pas aider la «veuve et l'orphelin» comme il le fait présentement. Pour corriger cette situation, il ne suffit
pas de garder celle-ci et de rejeter celle-là, mais de réaliser que les gens
sont généralement mieux servis dans un marché libre.
Tant et aussi longtemps que l'État maintiendra le monopole
de la monnaie, on doit s'attendre à d'autres crises économiques. Au moment d'écrire ces lignes, la plupart des
indices boursiers en Amérique du Nord et en Europe se situent approximativement
au même niveau que celui atteint au début de l'an 2000. Le bilan du Japon est pis encore. Depuis cette date, ces trois puissances ont
connu deux crises économiques et, à mon humble avis, elles subiront une
troisième crise sous peu. Elles
chercheront, comme à l'habitude, des boucs émissaires, mais en réalité elles
n'auront qu'elles-mêmes à blâmer.
Pour sortir de ces crises à répétition, elles devront un
jour ou l'autre faire confiance aux forces du marché. Celles-ci mettront peu de temps à rétablir
l'or comme monnaie, car elles servent la collectivité mieux que l'État ne
pourra jamais le faire. Par conséquent,
si on a l'intérêt public à cœur, on doit leur laisser toute la place, et le
plus tôt possible.
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