Depuis le début de la crise économique, les gouvernements
ont dépensé plusieurs billions (1 billion = 1 000 milliards) en programme
de sauvetage et de relance sous prétexte d’éviter une grande dépression. Il est
maintenant évident que l’interventionnisme à la keynésienne n’a pas eu d’effets
positifs si ce n’est ceux de gonfler les dettes publiques à l’hélium et de retarder
indûment l’imposition des correctifs nécessaires.
Le scénario est toujours le même : les politiciens
créent des emplois inutiles pour répondre aux demandes répétées des
interventionnistes, mais un jour ou l’autre l’argent vient à manquer. Les
banques demandent alors aux gouvernements d’assainir leurs finances. Ils n’ont
donc d’autres choix que celui de dégraisser l’État ou de faire faillite.
Les interventionnistes prétendent alors que ce sont les
politiques d’austérité qui plombent l’économie. Ils ne réalisent pas que ce
sont les politiques interventionnistes passées qui sont la source du problème,
car dans le monde merveilleux des interventionnistes l’État n’a pas de limite
financière.
Les interventionnistes ont depuis toujours blâmé les autres
pour leurs bévues. C’est dans leur nature. Il est plus facile de blâmer les autres que de remettre en question les politiques
désastreuses qu'ils préconisent.
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L’un des mythes les plus pernicieux de l’histoire économique
du XXème siècle est la croyance que la Grande Dépression a été causée, ou du moins
aggravée, par l’engagement dogmatique du président américain Herbert Hoover dans
une politique d’inaction, de laissez-faire, à la suite du krach boursier. Cet argument
fait partie intégrante de l’ensemble des croyances sur la Grande Dépression que
j’ai nommé la version « lycéenne de l’histoire » de cet événement (qui inclut que
le laissez-faire en est la cause, que l’inaction de Hoover a empiré les choses,
que le New Deal a fait des merveilles, et que la Seconde Guerre mondiale nous a
sortis de la crise). Cette affirmation au sujet de l’adhésion de Hoover au laissez-faire
est, comme je l’ai suggéré, tout à fait erronée.
En fait, Herbert Hoover a longtemps été connu comme un progressiste
privilégiant davantage d’intervention de l’État dans l’économie. De son passage
à la U.S. Food Administration lors de la Première Guerre mondiale jusqu’à son poste
de Secrétaire au Commerce dans les années 1920, Hoover a constamment mis en avant
qu’il pensait que le laissez-faire ne fonctionnait pas et que l’État devait jouer
un rôle plus actif. Lorsque l’économie s’enfonça au cours de sa première année en
tant que président, il mit sans surprise ces croyances en action.
Hoover signa non seulement la loi Smoot-Hawley sur le rehaussement
des tarifs douaniers, comme chacun le sait, il encouragea aussi les hommes d’affaires
à maintenir les salaires élevés, augmenta le montant réel des dépenses de l’État,
réduisit l’immigration à près de zéro, mit en place toutes sortes de facilités de
prêt de la part de l’État, et augmenté le déficit budgétaire. Parallèlement à la Réserve fédérale qui faillit à sa tâche, entraînant une baisse de 30 pour cent
de la masse monétaire, ces interventions de Hoover furent responsables de la transformation
de ce qui aurait pu n’être qu’une grave récession, mais de courte durée, en une
Grande Dépression. Ainsi, la version « lycéenne de l’histoire » a raison de critiquer
Hoover ; mais cependant elle le fait exactement pour les mauvaises raisons.
La vision bien connue
de Hoover
Comment ce mythe a-t-il été initié ? Les positions de Hoover étaient largement connues avant qu’il ait été élu. Et en effet, « en 1920 [Franklin] Roosevelt soutint Hoover à la présidence, en tant que démocrate » (1). Pendant la présidence de Hoover, de nombreux commentateurs soulignèrent son activisme. Hoover lui-même en fit un argument électoral de sa campagne présidentielle de 1932 contre Roosevelt. Roosevelt le savait aussi : une partie de sa campagne consistait en une attaque contre le creusement du déficit budgétaire par Hoover. Les conseillers de Roosevelt comprirent également ce que Hoover avait fait ; ils purent même noter que la majeure partie du New Deal avait été conçue à partir de programmes que Hoover avait lancés.
Comment ce mythe a-t-il été initié ? Les positions de Hoover étaient largement connues avant qu’il ait été élu. Et en effet, « en 1920 [Franklin] Roosevelt soutint Hoover à la présidence, en tant que démocrate » (1). Pendant la présidence de Hoover, de nombreux commentateurs soulignèrent son activisme. Hoover lui-même en fit un argument électoral de sa campagne présidentielle de 1932 contre Roosevelt. Roosevelt le savait aussi : une partie de sa campagne consistait en une attaque contre le creusement du déficit budgétaire par Hoover. Les conseillers de Roosevelt comprirent également ce que Hoover avait fait ; ils purent même noter que la majeure partie du New Deal avait été conçue à partir de programmes que Hoover avait lancés.
Alors d’où vient le mythe de Hoover ? Je n’ai pas de réponse
facile à cette question, mais c’est une question importante parce que nous pourrions
peut-être nous trouver aujourd’hui au beau milieu d’un mythe parallèle.
Actuellement
c’est la conviction que les programmes de soi-disant « austérité» ont empêché l’économie
en Europe, et peut-être aussi aux États-Unis, de se rétablir de la Grande Récession
de manière plus solide. Pour des gourous de l’économie tels que Paul Krugman, la
reprise très molle et même les récessions en W dans le monde entier sont dues à
ce qu’ils considèrent comme des coupes drastiques dans les budgets (« l’austérité
») des pays de l’Union européenne. Aux yeux de Krugman cela prouve qu’une relance
de style Keynésien encore plus importante est nécessaire.
Quelle austérité ?
Face à cet argument classique divers économistes libéraux ont
proposé des preuves convaincantes (2) qu’en réalité les réductions de dépenses en
Europe ont été inexistantes ou très faibles. Dans presque tous les cas, elles ont
été accompagnées de hausses d’impôts, contre-productives lors d’une récession. Ces
économistes font également valoir que la reprise molle peut être le résultat des
différentes politiques que ces gouvernements ont adoptées, comme les programmes
de relance dès le début de la récession et/ou justement les hausses d’impôts liées
à l’austérité supposée. Sans un effort sérieux pour résoudre le problème de la hausse
des coûts de maintien de leurs vastes programmes sociaux, les pays de l’UE (et les
États-Unis) devront tôt ou tard payer les pots cassés. Leur réticence à faire face
à cette réalité n’incite pas les investisseurs à vouloir y prendre des risques à
long terme.
Le danger aujourd’hui, c’est que le mythe de l’austérité deviendra
l’équivalent du mythe de Hoover pour la Grande Récession. Les dégâts dus au mythe
de Hoover s’étendent jusqu’à la Grande Récession elle-même : à l’automne 2008 beaucoup
ont en effet fait valoir que refuser l’intervention énorme de l’État que nous avons
connue cet hiver-là serait du « Hooverisme » et allait nous plonger dans une seconde
Grande Dépression. On le voit, le mythe de l’austérité est vraiment juste une version
réchauffée du mythe de Hoover.
Quand des gens comme Krugman se retrouvent face à l’échec des
idées qu’ils colportent depuis des décennies, plutôt que d’affronter cette vérité,
ils se replient sur les vieux mythes. Tout comme les défenseurs de l’intervention
dans les années 1930 et 40 ont eu besoin
du mythe de Hoover lorsque le New Deal n’a pas tenu ses promesses, leurs homologues
modernes ont besoin du mythe de l’austérité pour expliquer l’échec de leur interventionnisme
aujourd’hui. Il n’y a pas de tâche plus importante pour les libéraux d’aujourd’hui
que celle d’empêcher le mythe de l’austérité de gagner du terrain.
Steven Horwitz – Le 24 mai 2012. Steven Horwitz est Professeur
d’économie à la St. Lawrence University aux USA. Cet article a été publié originellement
en anglais sur www.freemanonline.org.
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