«Je suivais un cours avec cette fille. Elle a environ 27 ans et deux enfants. Quand elle m'a dit qu'elle n'avait pas les moyens de payer le téléphone pour appeler sa mère malade et m'a demandé de l'aider, je me suis senti mal, je n'ai pas pu refuser. Je pensais qu'elle paierait.»Huit mois plus tard, Émilie découvre que son ami a accumulé une facture de 600 $ et qu’elle refuse de la payer.
Lorsque sa mère, Lyne Monette, est informée de l’arnaque dont a été victime sa fille, qu’est-ce qu’elle fait? Elle sympathise avec Émilie et en profite pour discuter de liberté et de responsabilité? Aucunement, elle en attribue toute la faute à Bell. Selon elle, Bell aurait dû refuser la demande d’abonnement de sa fille.
Je n’ai aucunement l’intention de défendre Bell dans ce dossier. Ils sont bien assez grands pour se défendre et si quelqu’un a commis une faute qu’il en assume les conséquences.
Il me semble évident que l’origine du problème d’Émilie réside dans le fait qu’elle a naïvement fait confiance à une personne qu’elle connaissait à peine.
Je trouve cette anecdote intéressante, car elle dénote l’attitude de déresponsabilisation trop souvent observée chez les Québécois. Au pays de l’État nounou, les citoyens n’ont pas à répondre des gestes émotifs ou impulsifs qu’ils posent. C’est obligatoirement la faute de quelqu’un d’autre.
Que ce soit en santé, en éducation, en société, une portion de plus en plus importante d’individus blâment les autres pour expliquer leur comportement irresponsable. Je suis obèse à cause de la malbouffe; j’abandonne l’école à cause des profs; je m’endette à cause des banques; je consomme à cause de la publicité; etc.
Après 40 ans d’État nounou, la déresponsabilisation des individus a atteint toutes les sphères d’activité de tous les jours. Les comportements irresponsables sont trop souvent devenus la norme.
Les adolescents croient tous qu’ils sont prêts à exercer leur liberté sans entraves. C’est le cheminement normal de tout humain vers l’âge adulte, l’âge des responsabilités. C’est le rôle des parents de leur apprendre que la liberté a pour corollaire la responsabilité. Une personne libre, donc responsable, doit assumer les conséquences de ses actes.
C’est une leçon qui aurait pu guider Émilie dans sa vie d’adulte si seulement sa maman n’avait pas eu la mauvaise idée de rejeter la responsabilité de l’erreur d’Émilie sur Bell.
Émilie aura 18 ans dans quelques mois. Suivra-t-elle des cours de rattrapage en « responsabilisation » ou préfèrera-t-elle joindre la cohorte toujours plus nombreuse des Québécois qui demandent sans cesse au gouvernement de les protéger contre eux-mêmes?
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