Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

23 novembre, 2021

Québec doit se mettre à la diète

Par Olivier Rancourt 

Dernièrement, nous apprenions que depuis 2018, le nombre de fonctionnaires québécois a augmenté de 13 %, alors que le nombre d’emplois dans le secteur privé, incluant les travailleurs autonomes, a diminué d’environ 0,05 %, soit 1600 emplois en moins sur la même période. Pourtant, cette tendance n’est pas observée pour l’Ontario ni à l’échelle canadienne. Tout comme applaudir dans l’avion lors d’un atterrissage, il s’agit d’une tendance strictement québécoise qui perdure depuis des années. Dans ce contexte, c’est désormais près d’un employé québécois sur quatre qui travaille pour le gouvernement.

Les conséquences pour les entreprises québécoises sont claires : elles doivent rivaliser avec le gouvernement pour attirer la main-d’œuvre. La différence majeure réside dans le fait que le gouvernement peut toujours offrir plus que le privé – parfois en salaire, mais souvent en conditions de travail, régimes de pension, etc. – pour attirer des employés. En effet, contrairement aux entreprises, il n’a pas comme objectif d’être rentable en tout temps pour survivre, ou du moins n’a pas les mêmes contraintes budgétaires et de performance que le secteur privé. Incapables de pourvoir leurs postes vacants, certaines entreprises doivent donc refuser des contrats ou diminuer leurs opérations pour survivre avec moins d’employés, ce qui nuit à la prospérité du Québec. Après tout, ce sont les entrepreneurs qui créent la richesse, et non l’État.

Non seulement cette concurrence pour les travailleurs amplifie la pénurie de main-d’œuvre, mais chaque personne supplémentaire employée par l’État coûte plus cher aux contribuables québécois. N’oublions pas que ceux-ci sont toujours les plus lourdement imposés en Amérique du Nord, et que le ministre Girard affirmait en mars que le déficit structurel augmentera de plus de 6,5 milliards de dollars en raison de la pandémie. L’état des finances publiques exige que l’on reconsidère la pertinence de plusieurs programmes de création d’emplois dans le secteur public et de dépenses gouvernementales.

Trop d’investissements publics

Un des facteurs qui expliquent la faible création d’emplois du secteur privé, autre que la hausse des embauches au sein de la fonction publique, est le surinvestissement du gouvernement au Québec. Depuis 2014, les investissements publics ont crû presque quatre fois plus rapidement que les investissements privés. La conséquence de ce surinvestissement du public est ce que l’on appelle en économie un effet d’éviction : le gouvernement remplace une partie de la demande privée par la demande publique.

C’est le même son de cloche pour le gouvernement fédéral. Le Canada fait partie des pays de l’OCDE ayant le plus haut niveau d’investissement public, et est aussi celui avec le niveau d’investissement privé le plus bas.

Alors que les dépenses gouvernementales ne cessent de croître et que la taille de l’État explose, nous nous retrouvons en pénurie de main-d’œuvre, avec près de 195 000 postes vacants au Québec. Nous sommes en droit de nous demander pourquoi l’État prend une place de plus en plus importante face au secteur privé. Ses dépenses ne font qu’éclipser la création d’emplois par les entreprises, en plus d’amplifier la dette publique, tant fédérale que provinciale. Après tout, rien n’est gratuit dans ce bas monde et cette dette devra être remboursée éventuellement, soit par une hausse de taxes ou par une diminution des services à la population.

L’analyse des chiffres est claire : les différents paliers de gouvernement interviennent trop dans l’économie, ce qui crée des effets néfastes pour tous. Les gouvernements doivent se désengager de l’économie et laisser les entreprises créer de la richesse et innover. C’est une des meilleures façons de créer de la prospérité à long terme tout en atténuant la pénurie de main-d’œuvre.

Olivier Rancourt est économiste à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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