Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 novembre, 2021

Jean-Marc Daniel se plonge dans l’histoire pour vérifier l’économie

 Dans Histoire de l’économie mondiale, Jean-Marc Daniel explique l’importance de l’histoire économique comme la « vérification expérimentale » des théories économiques.

Histoire de lire, le salon annuel du livre d’histoire de Versailles avait lieu ce week-end du 20 novembre. Contrairement à l’année dernière où il avait dû être réduit à des vidéos, il se tenait cette année dans les locaux prestigieux de Versailles et notamment l’hôtel de ville. Le public était présent en nombre.

Un participant avait retenu en particulier notre attention, Jean-Marc Daniel. Les lecteurs de Contrepoints le connaissent probablement comme une des rares voix libérales présente dans les grands médias avec notamment sa chronique dans la matinale de BFM Business, sa revue de livre dans La Librairie de l’Éco et sa chronique dans L’Express.

Il était invité au salon pour présenter son dernier livre Histoire de l’économie mondiale paru chez Tallandier. Il a répondu à des questions de Patrick Allard dans un format court de 25 minutes, bien trop court d’après les réactions du public.

Ce moment a néanmoins permis à Patrick Allard d’interroger Jean-Marc Daniel sur un certain nombre d’éléments historiques mentionnés dans ce livre.

En préambule, Jean-Marc Daniel explique l’importance de l’histoire économique comme la « vérification expérimentale » des théories économiques.

L’IMPORTANCE DE L’OR

La première question porte sur la raison de l’importance de l’or, fil conducteur de l’histoire économique et donc de ce livre. Jean-Marc Daniel détaille deux qualités et deux défauts à ce métal.

La première qualité est que ce métal est inaltérable, une propriété nécessaire à une bonne réserve de valeur. Il note la symbolique du nom donné au mélange d’acide chlorhydrique et d’acide nitrique capable de dissoudre l’or : eau régale (ou royale).

Une autre caractéristique de l’or, de par cette inaltérabilité et sa valeur, est que le stock extrait des mines depuis l’Antiquité est bien connu.

Un défaut majeur d’un point de vue pratique est la densité de l’or ralentissant son transport et le rendant souvent la cible de vol. Le voleur étant lui-même ralenti par le poids de son butin était donc incité à tuer ses victimes pour ne pas être rattrapé. L’or était donc une source de violence. Cet aspect fait partie des raisons du développement des banques pour proposer des solutions plus pratiques pour échanger de la valeur.

Un autre défaut est sa rareté, du moins du point de vue des États. Cette contrainte de aboutira à l’abandon l’étalon-or au XXe siècle puis à l’époque actuelle de l’argent magique, pour reprendre le terme d’un autre ouvrage récent de Daniel.

FRÉDÉRIC ANCILLON ET L’OR ESPAGNOL

Un événement majeur de l’histoire économique mondiale est la découverte de grandes mines d’or en Amérique du Sud par les Espagnols.

C’est l’occasion de présenter les trois formes d’économie identifiées par Frédéric Ancillon au XIXe siècle : chrysohédoniste, ponocratique et physiocratique.

Le chrysohédonisme (du grec chrysos, or) connu aujourd’hui sous le nom de mercantilisme. Cette doctrine fait l’erreur de croire que toute cet or arrivé en Espagne va en être le moteur économique. L’Espagne sera dépassée par deux autres nations : la France, physiocratique, donc centrée sur l’agriculture et dans une moindre mesure le charbon, et surtout par le Royaume-Uni, physiocratique aussi mais surtout ponocratique, c’est-à-dire encourageant le travail (du grep ponos, le travail).

C’est l’occasion de rappeler l’admiration de Jean-Marc Daniel pour le Royaume-Uni, ces îles pas particulièrement favorisées par le sort mais arrivées au rang de puissance mondiale par le travail et le commerce, avec son Bordelais natal en particulier. L’auteur fait remarquer que nous avons un chrysohédoniste au sommet de l’État pensant que Quoi qu’il en coûte est une politique viable.

BULLES ET RÉGULATIONS

La question suivante nous fait avancer jusqu’au XVIIIe siècle.

Des événements comme la tulipomanie, le système de John Law et la faillite de la Compagnie de la Mer du Sud marquent le début de la spéculation, des bulles et des arnaques financières.

Le développement des mathématiques financières permet des avancées dans l’anticipation économique mais même l’extraordinaire intelligence d’Isaac Newton ne lui permet pas d’éviter de perdre beaucoup dans son investissement dans la Compagnie de la Mer du Sud. Il aurait déclaré « Je peux prévoir le mouvement des corps célestes, mais pas la folie des gens. »

L’ARRIVÉE DES MACHINES

Au XIXe siècle, la révolution industrielle fait avancer à toute vitesse l’économie mais crée aussi la crainte de la machine.

Heureusement certains visionnaires comme Ada Byron anticipent l’impact positif de la machine capable d’aider ou remplacer toutes les activités humaines. Cette époque est aussi celle de William Gladstone qui défend un État minimal au Royaume-Uni et le libre commerce.

Paraphrasant Marx, Jean-Marc Daniel affirme :

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes fiscales.

Après avoir expliqué l’impact négatif de la fin du rôle central de l’or de nos jours, Jean-Marc Daniel a conclu :

Sortons de l’or éventuellement, mais réhabilitons le travail !

Aucun commentaire: