Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

08 juillet, 2020

Responsabilité. Réactiver la responsabilité individuelle


Alain Laurent - Les Belles Lettres, 2020


Mais de quoi se plaint-on ? Ne devrait-on pas être contents et rassurés ? L’Etat et les élus politiques s’occupent de nous. Ils nous prennent en charge. C’est la belle vie ! Peut-être, pour certains. Il s’agit, pourtant, d’un terrible scénario. C’est ce que nous décrit parfaitement Alain Laurent dans son dernier essai. Kant l’avait déjà prévu, décrivant « un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, comme celui d’un père envers ses enfants, c’est-à-dire un gouvernement paternaliste, où les sujets, comme des enfants mineurs qui ne peuvent distinguer ce qui leur est véritablement utile ou nuisible, sont réduits au rôle simplement passif d’attendre du seul jugement du chef de l’Etat qu’il décide comment ils doivent être heureux et de sa seule bonté qu’il veuille bien s’occuper de leur bonheur… ». Et Tocqueville d’écrire : « Au-dessus des individus s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’éveiller sur leur sort… Il ressemblerait à la puissance paternelle… »
L’Etat français met en œuvre à la lettre ce que Kant et Tocqueville redoutaient et dénonçaient. On ne cesse d’invoquer la responsabilité, mais on materne les individus à tel point que tout le monde devient irresponsable. La prise en charge des Français par l’Etat providence tend à combler tous les besoins de tout un chacun. Alors, pourquoi se charger d’une tâche aussi lourde que celle de s’assumer ? On peut en rire, mais les faits sont graves et les intentions, loin de l’angélisme. Depuis des années, la multiplication des institutions et des missions de l’administration a rendu caduc le rôle de l’individu. On lui ce qu’il doit faire, ce qu’il doit boire et ce qu’il doit manger. Au nom du pédagogisme progressiste, on décide à sa place de ce qui est bon et de ce qui est mauvais. Ce n’est pas à lui de faire la différence, d’établir des hiérarchies. L’Etat impose le « confort de l’irresponsabilité » comme l’a très bien écrit Jean-François Revel. On nous fait croire que cette idéologie contre la responsabilité est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Notre bien-être en dépendrait. Plus encore, on déresponsabilise même les délinquants. Ne sont-ils pas les victimes de cette société « injuste et inégalitaire » ?
« A force de dérive compassionnelle, d’excuse sociale et d’obsession assurantielle…, cette société de post-responsabilité connaît une prolifération sans précédent d’ « assistés », une catégorie à prendre maintenant dans une acception généralisée : être aidé, guidé, « tutoré », pris en charge, donc assisté en tout, dans tous les aspects de la vie personnelle et sociale… ce maternage infantilisant stérilise définitivement le sentiment de fierté et l’envie d’autonomie qui constituent le ressort de la responsabilité… ». Alain Laurent a raison d’être inquiet. Cette dérive décourage les individus qui « résistent ». Il y a aussi le risque de dérive autoritaire. Moins de responsabilité individuelle c’est aussi plus de pouvoir centralisé et de décisions coercitives. C’est le gouvernement qui réfléchit à notre place. Libérons-nous pendant qu’il est encore temps. En commençant par lire et faire lire cet essai plus que convaincant.

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