Par Louise V. Labrecque
La viande halal est
une viande dite « licite » pour le musulman. Elle est de plus en plus
présente au Québec. Plusieurs de nos abattoirs (souvent des entreprises
familiales) ont fait leurs choux gras de tous ces animaux abattus selon les
rites religieux. Ensuite, des camions remplis à ras bord s’en vont dans les
boucheries du Québec. Ce livre audacieux,
de la brillante intellectuelle québécoise Suzanne Bousquet, aurait pu porter le titre La face cachée de nos paniers
d’épicerie , tant ce secteur est florissant et tellement la
question se pose encore et toujours : mangeons-nous toutes et tous halal et/ou
kascher, sans nous en rendre compte ? Avons-nous le choix de NE PAS acheter et
consommer ces produits ? Ils sont présents partout, et nous n’avons pas les
moyens de savoir, à moins de pouvoir décrypter tous les sigles, certains
inscrits tel un symbole, ou une expression, et en si petits caractères qu’il
demeure difficile, à première vue, de savoir de quoi il en retourne exactement.
Ainsi, du savon à vaisselle au champagne, tout semble kascher (près de
80% des produits alimentaires ou de première nécessité sont certifiés ainsi) ou
halal (le nombre de produits halal s’accroît sans cesse). Il en va de même dans
plusieurs autres secteurs non alimentaires, ainsi l’auteure nous livre les
résultats de ses recherches, lesquels déboulonnent les mythes en nous mettant
au parfum des secrets de Polichinelle, dont
plusieurs sont d’intérêt public, chez nous et ailleurs.
Provocateur, comme
souvent, profond et pénétrant, comme toujours, Suzanne Bousquet livre là un
véritable brûlot, contre tout ce qui est caché aux consommateurs. Un livre à
mettre impérativement entre toutes les mains. Mais, qu’est-ce que les certifications
religieuses sous la plume de l’auteure ? Ouvrir cet ouvrage, c’est entrer dans
un autre monde, lequel pourtant est le nôtre,- incroyable mais vrai -, et cela au
quotidien. Ainsi, le sacro-saint «
pas de porc « et le « ne pas manger de viande qui n’a pas reçue au
préalable les prières et/ou les invocations (lire : abattage rituel) »,
principes religieux si chers à ceux-là,
monsieur /madame tout le monde ne souhaitent pas s’en soucier lorsqu’ils
vont faire les courses. Quoi de plus désagréable, en effet, que de consacrer un temps fou simplement pour
effectuer l’épicerie et les courses de première nécessité, afin de pouvoir décoder
tous les signes inscrits sur tous les produits. Cette situation absurde se
poursuit même dans les restaurants, où là, il n’y a aucun moyen de savoir… ! Les
clientèles visées dépassent ainsi la mission initiale; tant de laïques, en
effet, dans ces commerces ! Pourquoi nous obliger à consommer à notre insu des
produits halal ou kascher ? Au nom de quelles traditions ancestrales
(lire : d’un autre âge) s’en réclamer ? Bien sûr : l’argent coule à flot et c’est
un véritable empire pour les industriels.
Ne soyons pas surpris : ce sont des centaines de milliers de ces industries,
lesquelles font dans les aliments de tous
les jours, les boissons, les chocolats, les crayons, les parfums, les tapis… ! En fait, TOUT peut devenir kascher ou halal, (et tout le deviendra ?); c’est pourquoi
il constitue un marché immensément important. Comment en sommes-nous arrivés là
? Que faire, sans nécessairement s’obliger à vivre de manière marginale et/ou
comme un ermite ? Suzanne Bousquet en traite en long et en large dans son
livre, ouvrage solide, d’une rigueur rare, et en même temps admirablement bien
vulgarisé, ce qui en fait un moment de lecture plus qu’intéressant; cela se lit
tout seul, et il captivera tout le monde, tant la mise en lumière de tout ce
qu’on ne sait pas est foudroyante. Oui, Suzanne
Bousquet a réussi l’exploit d’un ouvrage informatif de haut niveau, sans être trop
académique, et tout en étant facilement adapté à la compréhension de la
plupart. Elle signe donc avec ce livre courageux le début d’une véritable prise
de conscience individuelle et collective de ce « business de la
crédulité » et impose, de ce fait, une mise en lumière de réflexions
salvatrices.
En effet, n’oublions
pas que le mot « islam « cela veut dire « soumission » (aveugle)
; ainsi, et tout en faisant attention à ne pas faire d’amalgames, il est facile
de deviner que les musulmans ne sont pas
du tout dans une logique spirituelle telle que nous l’entendons en Occident. Toutefois, ce dossier étant globalement si
complexe qu’une chatte y perdrait ses petits, ce livre arrive à point en permettant l’éclosion d’une véritable pensée objective,
limpide, servant réellement l’éducation et la bonne compréhension des questions religieuses. Pour sûr, le silence
éloquent entourant actuellement la publication de cet ouvrage important est
l’indice évident que l’auteure a frappé dans le mille. De ce fait, ne soyons
pas étonnés, et c’est pourquoi ce livre est à mettre entre toutes les mains,
pour de pressantes raisons d’intérêt général. De plus, vous ressortirez de
cette lecture comme si vous veniez de recevoir une véritable leçon de vie.
En effet, qu’on le
veuille ou non, nos paniers d’épicerie sont bel et bien au cœur de la bataille
de la laïcité. Ensuite, la complexité du dossier des certifications religieuses
amène des questionnements légitimes, tant il existe une véritable anarchie, de
l’intérieur. Donc, que cela soit halal ou kascher, le terme demeure tout
simplement « vendeur « (lire : amène beaucoup d’imposture). En
réalité, et sans vouloir entrer dans la polémique, l’auteure passe en revue les
arguments avancés par les uns et par les autres. En même temps, l’industrie souhaite
satisfaire ses clientèles les plus exigeantes (lire : les intégristes)
avec des normes telles que « glatt-kosher »,
« mehadrin », etc. Mais,
qu’est-ce, au juste, qu’une viande halal? C’est une viande qui est égorgée au
nom d’Allah. Ce sont souvent des
moutons, mais aussi des poulets et des bœufs. Ils sont abattus vivants. C’est
ce fait qui est et demeure insoutenable, pour la plupart des êtres humains
dignes de ce nom. Les animaux sont littéralement pris au piège, avec des
contentions, et le carnage dure de sept à dix minutes. C’est d’une tristesse et
d’une barbarie sans nom. De plus, les
questions d’hygiène et de propreté suscitent, de ce fait, des questionnements (l’animal se voit mourir et parfois il se
débat de peine et de misère, allant
jusqu’à vomir, tout en essayer de continuer à respirer, ce qui fait parfois entrer,
tandis qu’il est sous ces souffrances incroyables, des microbes dans son corps,
dont la bactérie E. Coli). Qui sont les responsables de tant de dangerosité
pour la santé publique, tant de cruauté animale, dont le nombre est tellement effrayant
qu’il se chiffre par des tonnes et des tonnes de viande ainsi consommées, mais sans
enrayer le flou autour de la viande halal et kascher, les taxes (ce seul sujet
pourrait faire l’objet d’un article en entier tant la polémique est vive),
l’étiquetage. Un processus complexe et
une démarche nécessitant des heures de recherche de la part de celles et de ceux qui tentent courageusement
de faire opposition à l’opacité de toute cette affaire, dont l’auteure Suzanne
Bouquet, avec son livre Les certifications religieuse – le business
de la crédulité. Véritablement, nous sommes ici dans une logique opposée à
la transparence. Dans ce continuum, le silence, le mépris, les coteries, et les
tergiversations vont main dans la main. Toutefois, c’est l’indifférence,
laquelle est présente partout, qui est la pire.
Comme d’habitude, ne soyons pas surpris : c’est une minorité
agissante qui mène le bal sur une minorité silencieuse. Aucun repli stratégique ici : il s’agit
d’un dossier lucratif et obscur, lequel s’impose à notre insu, de manière plus
ou moins subtile, afin de s’ancrer dans le quotidien de tout le monde; un
scandale !
Mais, le pire scandale
qui prévaut actuellement, et qui est au cœur de tous les débats, c’est précisément
celui de la question de la dignité animale. L’abattage rituel, en fait,
qu’est-ce que c’est ? C’est une méthode d’égorgement, sans étourdissement, la
tête de l’animal devant être tournée vers la Mecque (condition sine qua non
pour que la viande soit estampillée « halal »). Celui qui préside à
cet acte se nomme « purificateur » ou
« sacrificateur » ; en tranchant les veines carotides situées dans
le cou de la bête, il tue vivant l’animal,
lequel meurt au bout de son sang, avec des souffrances terribles.
Comment pouvons-nous collectivement endurer cela, moralement parlant ? Évidemment,
la transparence et la noblesse de l’esprit, cela n’est pas le fort des
abattoirs, contrairement au livre de Suzanne Bousquet, qui l’est tellement, qu’elle nous amène plus loin, non pas sur le
terrain des affects, mais simplement dans le vif du sujet, de manière
rationnelle. De ce fait, la somme de travail exigée afin de faire naître cet
ouvrage important mérite d’être gravée en lettres d’or, tant elle révèle, sans
commune mesure, une volonté d’apporter un juste éclairage sur nos paniers
d’épicerie ; qui plus est, en décortiquant un dossier aussi compliqué, lequel réussit
l’exploit d’être rendu limpide, par une écriture fluide, de tout ce qui est
caché aux consommateurs, l’auteure fait réellement une œuvre d’éducation.
Une économie ? Plutôt : un
nouvel eldorado !
Justement, ce droit
aux consommateurs, voilà qu’il est véritablement mis à rude épreuve et constitue, en somme, le cœur
des questionnements soulevés par cet ouvrage magistral. De la même manière,
nous réfléchissons ensemble à cette véritable folie sur les marchés, car le
saviez-vous ? Déjà, arrivent de nouvelles épiceries, des supermarchés 100%
halal, en France. Bientôt chez nous, au Québec ? Les lois (et l’esprit des
lois) doivent tenir à la fois des droits des consommateurs et rendre des comptes
également aux animaux, ce droit à la dignité et à la vie. Or, tout est actuellement pensé pour les
stratégies commerciales, qu’importe les sanctions, qu’importe les infractions. Or,
nous devons protéger les animaux, et c’est si peu dire que de l’exprimer ainsi.
En même temps, nous avons des devoirs envers
les consommateurs ; nous avons donc le droit de savoir ce que nous
achetons et consommons ! Également, le
rôle des pouvoirs publics doit demeurer cohérent, de même que les valeurs de
santé publique. Souvenons-nous de cette histoire, fortement médiatisée, l’an
passé, sur le fait de souhaiter servir des repas halal dans une cafétéria
scolaire de chez nous, au Québec. Ces clivages idéologiques au sein même d’une
école, cela interpelle directement la mission de l’éducation au Québec. C’est
qu’au lieu de rassembler, voilà qu’elle divise; ce qui est le pire de ce que
nous pouvons offrir aux enfants, dont l’éducation, nous le savons, demeure un outil essentiel, servant
la liberté, afin de rendre, justement, l’individu libre. Avec de telles idées, voilà qu’elle passe tout
droit son chemin. Ainsi, notre réflexion individuelle et collective doit s’alimenter,
plus que jamais, sur le socle de la mission de l’éducation, car tant
d’ignorance, cela est trop.
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