Par Louise
V. Labrecque
Nous vivons à une époque exceptionnelle
dans l’histoire de l’humanité. En effet,
nous sommes désormais sortis des mythes anciens qui décrivaient, d’une manière
ou d’une autre, la création de l’Univers.
Nous sommes sortis d’une vision du monde réductrice, étriquée, qui traçait
invariablement une frontière nette entre le Ciel et la Terre, entre le Bien et
le Mal, entre les Arts et les Sciences. Cette
vision manichéenne du monde plaçait la planète Terre au centre de l’Univers,
tel un nombril originel, et la religion était, de ce fait, profondément
imprégnée de la pensée d’Aristote.
Toutefois, dès l’instant où Galilée découvrit ses nouveaux détails
astronomiques dans « le ciel divin », nous étions déjà passés de
l’autre côté du miroir. Et, nous
connaissons la suite ; surtout l’impact que ces observations, désormais
célèbres, eurent sur la vie des idées. Pour ce faire, il a fallu néanmoins
vaincre la censure, tant Galilée et ses travaux eurent la vie dure en son temps,
tant elles furent méprisées, ne soyons pas étonnés, par une telle expression de
la bêtise. En effet, Galilée, fort intelligent et possédant une véritable
originalité, fut traité de manière condescendante par tous les imbéciles et
autres complexés autour de lui, réduisant ses découvertes audacieuses à un
blablatage insipide et inepte, allant jusqu’à se moquer du ridicule de ses conclusions ;
finalement, ce fut un compliment de bas étage de la part de ces fanatiques, servant la science alors plus que jamais telle
une véritable chapelle idéologique. Ainsi, et l’Histoire se souvient :
cette découverte non seulement agira à la manière d’un effet de levier afin de
vaincre l’imbécilité de son temps, mais celle-ci eut également un impact extraordinaire
sur l’avenir de la civilisation en général et sur la recherche scientifique en
particulier.
Ainsi, les travaux de Galilée – et son
traitement- furent éloquents tant qu’à la pertinence de cultiver un véritable
libre arbitre, pour un esprit critique loin de la facilité. De même, la
nécessaire curiosité intellectuelle est bien la preuve de son effet salvateur,
non seulement pour un esprit génial tel Galilée, mais pour tout le monde, en
particulier pour les jeunes esprits de demain. De ce fait, cela est fascinant
de constater combien les questionnements
existentiels persisteront toujours dans la tête des gens. Ainsi, les astronautes, ayant fait le tour de
la Lune à bord des missions Apollo, ont dû répondre à la question : « Avez-vous
rencontré Dieu derrière la Lune ? ».
Dieu ne s’y trouvait pas. En
revanche, l’une des surprises de notre temps aura été de découvrir que les
étoiles, dont le Soleil, se comportent comme de véritables instruments de
musique, émettant des sons, par des vibrations internes, semblables à des
caisses de résonnance, et détectables par des instruments sophistiqués,
analysant la lumière des vibrations stellaires.
Ainsi, à défaut d’être audibles, la « musique des étoiles » est visible.
En effet, il existe plus de 200
milliards d’étoiles dans notre Galaxie, dont beaucoup sont entourées de
planètes… Je vous laisse imaginer la symphonie !
De même, imaginez également ceci :
pour chaque étoile, compte tenu de sa luminosité et de sa température, on peut
définir une « zone habitable ». C’est
ainsi que « la pluralité des mondes
possibles » a fait son entrée dans la recherche scientifique contemporaine.
Toutefois, de par le poids de l’histoire, tout en prenant conscience de
l’étendue des connaissances et des découvertes scientifiques, c’est avec
humilité, presque un genre de tendresse, que l’on parcourt le livre de Sylvie
Vauclair. En effet, nous sommes de nos
jours loin, très loin, du postulat initial de l’antique image de la Terre,
centre du monde et entourée de quelques planètes. Cela oblige les esprits à entrevoir,
peut-être, la possibilité des « autres mondes » : plusieurs « Super
Terre » ont été découvertes à ce jour, ainsi que plusieurs « objets célestes »,
tellement nombreux qu’il serait trop long de les énumérer ici. Par ailleurs,
cet ouvrage n’est pas un ouvrage faisant la nomenclature des composantes du
cosmos, toutefois, il s’agit d’un véritable plaisir de lecture. Celui-ci
alimente également nos réflexions sur la nécessité de vaincre, une bonne fois
pour toute, la bêtise, celle qui mute constamment, et qui aime ramper pour se
mettre servilement au service de la pensée médiocre et vulgaire.
De ce fait, l’être humain n’étant plus
le centre de l’Univers, il lui faut encore s’y habituer. L’évolution des connaissances en physique et
en astrophysique est telle qu’elle invite, tout naturellement, à la méditation. Ce qui est mit en lumière dans cet ouvrage,
c’est un également un discours qui pourrait paraître ésotérique, s’il n’était
appuyé d’un solide corpus scientifique. En somme, aurions-nous toutes et tous
comme un genre de destin cosmique ? Pour l’auteure, Sylvie Vauclair et
Hubert Reeves, lequel signe la préface de ce livre La Terre, l’espace et l’au-delà, cela est très clair : nous
venons du cosmos et nous retournerons au cosmos. Il devient donc fascinant de se projeter
personnellement, d’aller au-delà, de transgresser quelque peu, afin de
découvrir sa véritable raison d’être dans ce contexte, lequel est bel et bien
le nôtre.
En somme, cet ouvrage sans pareil nous
invite, avec une belle fraîcheur intellectuelle à se laisser lire et relire. Il
est écrit par Sylvie Vauclair, agnostique et
ancienne élève d’Hubert Reeves, lequel se passe de présentation tant ses
travaux parlent d’eux-mêmes. C’est un
livre vulgarisé avec sensibilité et qui fait le tour de la planète Terre, cette
planète océane, en passant par le système solaire, la naissance des
mondes, leur fin, sans oublier la
pluralité des mondes possibles, pour se terminer avec un épilogue fascinant, lequel
invite à la méditation poétique.
Astrophysicienne et professeur à
l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Sylvie Vauclair a publié plus de deux
cent articles de recherche scientifique et signe de nombreux ouvrages sur les
thèmes de l’astronomie et de la planétologie, dont La symphonie des étoiles et La
Chanson du Soleil. Elle a entrepris
depuis plusieurs années un remarquable travail de vulgarisation, en mettant à
la portée du grand public d’innombrables découvertes scientifiques en matière d’astrophysique
et d’astronomie. À la manière d’une étoile, Sylvie Vauclair diffuse
démocratiquement des informations importantes pour notre avenir à tous. De son travail incomparable, fusent des
questionnements et des réflexions essentiels à la pensée humaine, voire à notre
vie tout court, pour l’avancement intellectuel certes, mais également pour les
enjeux touchant aux questions de la justice sociale et de la dignité humaine.
VAUCLAIR, Sylvie : La
Terre, l’espace et au-delà, Paris,
édition Albin Michel, 2009.
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