Ce n’est donc pas demain la veille que l’on verra un État
aminci dont la priorité est la protection des individus. Alors, dans l’intérim
est-il possible pour le gouvernement d’intervenir dans l’économie autrement que
par des programmes de subventions inefficaces?
Prenons par exemple le cas de l’entreprise Levinoff-Colbex.
À la fin de 2005, lorsque les États-Unis ont fermé leurs frontières au bœuf
québécois dû à la maladie de la vache folle, l’entreprise a été contrainte
d’offrir des prix dérisoires aux éleveurs de bovins. La réaction, typiquement
québécoise, ne se fit pas attendre : l’entreprise
essaie de nous voler, le gouvernement doit agir. La Fédération des
producteurs bovins du Québec s’empressa donc de demander l’aide gouvernementale
pour acheter l’entreprise (on devrait dire nationaliser l’entreprise).
Donc, le ministre de l’Agriculture du temps fit appel à Investissement
Québec pour financer l’achat de Levinoff-Colbex par la Fédération des
producteurs bovins. Les contribuables québécois, par l’entremise d’Investissement
Québec, investirent près de 30 millions de dollars dans cette aventure. Ce qui
devait arriver arriva. L’entreprise est maintenant fermée et les contribuables
ont perdu leur argent.
Non seulement les contribuables ont-ils été floués, mais les
éleveurs bovins doivent, jusqu’à la fin de 2014, verser une cotisation spéciale
à la Fédération pour rembourser un prêt de 32 M$ contracté en leur nom par la
Fédération.
À qui a bénéficié l’argent des contribuables (30 M$) et des
éleveurs (32 M$)? À la famille Cola, propriétaire de l’entreprise qui, grâce à
la générosité de nos politiciens, a pu retirer ses marrons du feu avant qu’il
ne soit trop tard. Il ne faut pas blâmer la famille Cola qui a bien joué ses
cartes. Les filous dans ce dossier sont les politiciens.
Dans ce cas précis, si les politiciens géraient l’argent public
en bon père de famille qu’auraient-ils fait?
Le rôle premier du gouvernement était d’aider les éleveurs bovins
à traverser une mauvaise passe. Donc, l’aide gouvernementale aurait dû leur
être versée directement plutôt qu’à l’entreprise. Ainsi, les éleveurs auraient
profité d’une aide nécessaire au lieu de devoir payer une cotisation spéciale
pour renflouer leur Fédération. De plus, les contribuables auraient au moins eu
la satisfaction d’aider les éleveurs bovins à survivre en attendant la
réouverture des frontières américaines et le rétablissement des prix.
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