Ils rivalisent d’ingéniosité pour monter en épingle des
anecdotes anodines : un commissaire a changé son mobilier de bureau, le
maire Gendron se félicite d’écraser les chats errants, le directeur d’un CSSS a
mangé au restaurant aux frais de la princesse, un fonctionnaire a accepté une
bouteille de vin, etc. Pendant que les médias amusent la galerie, les vrais
filous en profitent pour contourner les règles et pour dévaliser la population.
Il y a quelques années, alors que les maladies nosocomiales
dues à la malpropreté fauchaient de nombreuses vies dans nos hôpitaux, les
médias n’avaient rien vu venir. Ils étaient trop occupés à traiter les anecdotes
croustillantes dont raffole le public. Pourquoi a-t-il fallu attendre qu’il y ait
de nombreux morts avant que les journalistes s’intéressent à cette situation
dramatique. Bien entendu, lorsque l’information est devenue publique, les
médias en ont fait leur première page. Malheureusement, il était trop tard pour
plusieurs.
Pendant que les médias dénonçaient les cônes oranges, les trappes
à billets, les photos radars, les ingénieurs-conseils et les entrepreneurs en
construction détournaient des centaines de millions d’argent public à leur
profit et à celui des politiciens. Il est vrai que ce sont les mêmes médias qui
ont débusqué les filous. Mais pourquoi a-t-il fallu subir trente ans de corruption
avant que les médias sonnent l’alarme?
En général, les groupes d’intérêt monopolisent les médias en
exigeant la réglementation des moindres activités humaines : le goût de
beurre de la margarine, le covoiturage rémunéré, la location de chambres aux
touristes, la malbouffe, le casque à vélo, le cellulaire au volant, les heures
d’ouverture des magasins, etc. Alors que l’attention de la population est
monopolisée par une multitude de dossiers farfelus, les filous en profitent pour
détourner les fonds publics et mettre en danger la sécurité des gens.
Les exemples ne manquent pas pour démontrer le caractère
réactif des grands médias. Pour un dossier traité proactivement, il y en a dix
traités réactivement.
Les journalistes et les médias représentent, semble-t-il, le
quatrième pouvoir après l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Encore
faudrait-il qu’ils s’en servent pour autre chose que d’amuser la galerie et
détourner l’attention du public.
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