Par Louise V Labrecque
Le silence des musulmans dit modérés a de quoi laisser
pantois. Il vient un temps où il faut cesser de s’accouder à la fenêtre, pour
enfin prouver au monde notre « extraordinaire vision ». En effet, aucun vœu
pieu ne fera l’affaire : ce qu’exige maintenant tous les états éclairés de la
communauté internationale, ce sont des preuves, des données tangibles,
empiriques, irréfutables, exprimant hors de tout doute que l’Islam est bel et
bien une religion de paix. Et si nous sommes un tantinet pressés, voire
clairement agacés, c’est que la farce a assez durée : nous sommes las de ce
scandale fondamental laissant croire en une paix puisant hypocritement son eau
à la source des pires barbaries, du terrorisme, de la haine perverse et
mortifère. Bref, face à ce génocide de la conscience humaine, la responsabilité
des musulmans dit modérés, interpelle actuellement le monde entier, notamment
le monde occidental. En effet, seule cette voix éclairée pourra apporter une
réelle aide opérationnelle afin d’ouvrir la possibilité de débats sur la
question du désengagement terrorisme au cœur de l’Islam, grand responsable du
fiasco actuel. Le régime de terreur imposée ici dépasse l’imagination la plus
abjecte et le thème de l’agression (agressions sous toutes ses formes), doit
être abandonné : les massacres de masse ne font pas avancer la cause de la paix
dans le monde. Il y aurait beaucoup à en dire, trop pour les besoins de cet
article, mais je vous laisse aux innombrables documents et archives disponibles
partout, notamment sur le web, pour mesurer un indice de l’ampleur de violence
et d’asservissement dont on parle ici. Pour l’heure, regardons de près le
déconcertant message caché sous l’affirmation de cette simple phrase : «
L’Islam est une religion de paix » Cette antinomie est plus qu’une
contradiction complexe. En effet, opposer le concept de civilisation à la paix
individuelle et collective (mondiale), et élargir ensuite l’enseignement de
cette idéologie à une recherche historique amène une telle contradiction que
l’on finit par ne plus se comprendre; les ravages découlant de ce fouillis
ambigu ne porte aucune allusion éclairée puisque sous le couvert bouillonne les
feux (et contre-feux) des pires thèses ravageuses, barbares, dénuées bien
évidemment de toute décence, sous sa prude pensée d’apparat. L’islam a toujours
été pluriel et les citoyens d’origine musulmane sont très divers : j’en appelle
donc à ces contemporains, avec insistance sur la civilisation de mémoire, afin de
sortir des discours ethnocentriques, identitaires, pour entrer réellement au
cœur des enjeux de la crise actuelle, celle de la république laïque avec
l’islam essentialisé, comme toutes les autres religions (en particulier le
catholicisme), ramenant du même coup l’importance cruciale de la séparation de
l’Église et de l’État.
Incontestablement, la voix publique de tous les musulmans
dit modérés, doit, sans paradoxe, s’afficher au grand jour. L’heure est venue
de la métamorphose : la doctrine islamique doit changer, les rapports humains
entre hommes et femmes doivent sortir de la violence, de la terreur, de la
barbarie. Il est facile de jeter la pierre : des millions de jeunes femmes et
de jeunes hommes, notamment en France et en Algérie, ont été aveugles sur la
nature du pouvoir qui s’opérait devant leurs yeux : son obsessif autoritarisme
aurait pourtant dû, davantage, mettre bravement toute la population en
sentinelle. Or, sans entrer dans la psychologie sociale, les mutations mentales
peuvent, sous la pression, adopter des solutions extrêmes (relégation de masse,
épurations ethniques, génocides.) Ce sont des changements parfois insidieux,
par exemple l’idée que la paix passe par une violence nécessaire, dans un
travail d’approche transversale, centrée sur les comportements des individus,
pour ensuite amener l’idée de « bonne société », pragmatique et non-utopique;
en somme, telles sont les deux faces d’un même enjeu prenant racine au cœur du
principe de responsabilité.
En effet, un enjeu doit préserver l’humanité, tant en ce
qui concerne les conditions physiques d’existence, qu’en ce qui concerne l’idée
d’humanité et les idéaux moraux qui y sont rattachés; Hans Jonas a écrit sur
cette forme d’éthique à l’orée de notre civilisation technologique, et cela avait
soulevé quelques soubresauts, notamment dans les milieux académiques et universitaires.
Mais en quoi parle-t’on ici d’humanisme ? En effet, en matière de débats
haineux nous sommes servis allégrement, et la sous-culture qui en découle
forcément, est souvent tout sauf édifiante. Qui plus est, certains éléments
fourre-tout présentent de maladroites tentatives de synthèse : bref que faire
lorsque les débats semblent tellement teintés de haine et de tentative
d’émancipation réservée à une petite « élite », qu’il faille invoquer les
Lumières (qui ne parlent plus guère ou qui laisse parfois sceptique) ? L’idéal
libéral (« le plus grand bonheur possible ») a rompu avec le néolibéralisme,
telle une contradiction durable : nous sommes en réalité à la croisée des chemins
(et les Lumières ont aussi leurs intégristes). Comment reconnaître les
intégristes ? Facile : aucune question ne les taraude. Ils croient vivre, ou
vivent bel et bien, sur une planète de la raison totalement éclairée; or, nous
le savons : dans le réel (comme dans la philosophie), la raison n’a jamais
cessée de manifester son double, sa face d’ombre, sa déraison. Néanmoins cette
indifférence, cette lassitude, voire cette haine face aux Lumières cache
toujours un danger porteur de violence. En effet, critiquer les Lumières est
légitime et il n’est pas question ici de refaire le procès de ce qui constitue
la figure la plus importante, sensée, humaine et éclairée de notre
civilisation. Qui plus est, la critique oblige à admettre que l’invasion de la
raison n’est pas pour demain tant l’humanité est corrompue, en proie à ses
pulsions les plus asservissantes, navrée de bêtises. Il nous faudra bientôt
réellement transposer cette raison éclairée en actes, afin de relever une
véritable éthique de confiance, une réalité vivante de la laïcité, afin de
construire un nouveau destin pour l’Occident. Les critiques contemporaines des
Lumières ouvrent donc la voie sur de nouveaux courants qui se réclament d’un
pluralisme où tous les individus peuvent s’exprimer; actuellement, avec la
montée des intégrismes, l’heure est grave. En effet, la montée de l’émotionnel
cherche à lier la raison à la foi, et on peut voir ce que cela produit : le
fanatisme et la barbarie. Ainsi, des conflits violents risquent d’éliminer bien
vite nos réflexions actuelles, et de ce qu’on appelle « l’effet rebond », nous
allons mesurer l’impact d’une inversion des Lumières. Les fanatiques y
travaillent en cherchant à créer un triangle insoluble. Toutefois, nous sommes
plus fort qu’eux car nous avons compris : « un peu de raison éloigne Dieu »
(dixit Pascal) et de cette simple citation il poursuit : « et beaucoup de
raison l’y ramène », tel un point d’ancrage solide. En réalité, nous ne parlons
pas de dieux, mais de la loi naturelle (la raison), et c’est précisément en
allant au bout de celle-ci que l’on peut toucher à son essence (certains diront
« essence divine »). En somme, si de rares déraillements sont bel et bien nés
des Lumières, il ne faut surtout pas oublier qu’elles étaient liées au
Christianisme : ainsi de nombreuses catastrophes, par exemple la Shoa, n’aurait
jamais eu lieu. Le cardinal Lustiger a lui-même avoué : « c’était des idées
chrétiennes devenues folles », et sans remettre en question les principales
valeurs de la Révolution (Liberté, Égalité, Fraternité), nous devons insister
sur toutes les formes de barbaries qui se sont servies des Lumières afin de
commettre leurs perversions folles. Aujourd’hui l’heure est venue d’en appeler
de tous les esprits éclairés, afin de se mettre dans une expérience de la
pensée « comme si Dieu existait » (or combien notre puissance n’est pas
infinie. Il nous faudra bien un jour sortir de ce transhumanisme, puisque la
perfection n’existe pas), simplement soyons de dignes héritiers des Lumières,
et relevons les défis du sens et de la portées de son action en cette époque où
la lutte de celles-ci risquent de faire le lit des obscurantismes les plus
haineux, et signer ni plus ni moins le retour à des pratiques et conceptions
irrationnelles. En effet, nous sommes à la fin d’une époque, à un changement de
civilisation. La paix mondiale marche sur un fil. De plus, une grave crise
économique est à nos portes. Or, nous le savons : outre les structures
administratives, ce sont les structures juridiques qui fondent et nourrissent
le phénomène de la violence dans la vie quotidienne. Un exemple : la montée des
intégrismes passe beaucoup par le web, ainsi une véritable culture
d’intimidation publique fait des petits, depuis plus de vingt ans, et se
conjugue au climat de peur produit par le 11 septembre. Or que fait Barak
Obama, lui qui a su profiter de celle-ci afin de lancer brillamment sa
candidature, en marge des grands appareils politiques. En effet, rappelons-nous
: les méfaits de l’organisation Bush furent dénoncés, notamment par plusieurs
maisons d’éditions et une vague de livres, qui a été ensuite appuyée par un
réseau de sites internet, des bloggers, et des mouvements activistes
(MoveOn.com, qui compte plus de quatre millions de membres), lesquels ont
réussis à créer une véritable sphère publique médiatique alternative.
Toutefois, une crise ou une menace n’étant pas toujours une chance, dans le cas
des dérives des fanatiques islamistes, il nous faudra des leaders forts pour
réagir, remettre ces intégristes à leurs places, de la même manière que
certains hauts dirigeants ont remis le capitalisme sur ses rails afin de nous
éviter le pire, il n’y pas si longtemps. Aussi, je pense à Peter Thiel, jeune
financier qui a créé PayPal (avant de financer Facebook), et qui explique sa
démarche, et l’importance d’éviter l’éclatement d’autres bulles spéculatives,
lesquelles amènent trop souvent des actes de violence. Les fanatiques
islamistes sautent sur toutes les occasions, afin d’amener l’idée que le
capitalisme serait mortel, dangereux, diabolique, et que la catastrophe – du
moins sa perspective apocalyptique- est imminente, tant et si bien qu’ils sont
certains que l’anti-mondialisation l’emportera, or, nous le savons : la
mondialisation se nourrit à ce qui s’oppose à elle (dixit Tocqueville), en ce
sens elle est universelle, unique, puissante et durable.
En ce moment, la menace la plus terrible (outre le
conflit nucléaire généralisé), serait un autre attentat du même type que le 11
septembre. Un autre acte terroriste de cette ampleur, voire l’explosion Humanae
vitae ne doit pourtant pas se nourrir de la peur. La peur motive le lien
politique: vient ensuite la rupture contemporaine laissant la voie libre à
toutes formes d’idéologies mortifères. Lorsque la peur devient le socle d’une
cohésion sociale, celle-ci devient source de défiance et de division. Le dogme
de l’inquiétude sécuritaire, prudent, désenchanté, calculateur, s’assure ainsi
de son indépassable état en puisant dans le politique : celui-ci exhibe ce
qu’il garantit et il va entretenir la peur jusqu’à légitimer son action, voire
sa violence, son terrorisme et ses pires barbaries. Ce constat d’une communauté
fondée sur la terreur est un non-sens, et sans rêver, il nous faut admettre la
nécessité d’une transformation, passant par un réel renouveau politique. Le
courage de s’extraire, à la manière du Nautilus du Capitaine Nemo (dixit Roland
Barthe) oblige à dire non à l’état de vigilance exacerbée, à cette tentative de
crainte universelle, de menaces permanentes. Non nous ne serons pas des
automates ! Cette stratégie d’intimidation afin de créer un état atrophié,
soumis à la peur, n’aura pas de vis-à-vis : la gestion des risques où l’État
traque frénétiquement l’aune du jeu rationnel n’aura aucune détermination
propre car l’individu possède un agir où se fabrique une police du possible, de
tous les possibles, et sans atteinte aux droits fondamentaux. Bref, nous avons
le droit de vivre en paix
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