L’article 33 de la Charte des droits et libertés québécoise
stipule qu’un individu est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. Malheureusement,
ce principe, garant des libertés et de la démocratie, est de plus en plus
bafoué.
Le premier coupable est le ministère du Revenu du Québec. Le
législateur n’a pas hésité à promulguer
des lois et règlements qui vont à l’encontre de la charte dans le but exprès de renflouer les coffres de
l’État. Pourquoi s’embarrasser de beaux principes si cela risque d’amputer le
trésor public? Les exemples d’abus de l’ARQ (autrefois MRQ) sont légion. (voir ici,
ici, et ici)
Loin de moi l’idée de défendre les fraudeurs du fisc, mais
avec tous les moyens à la disposition des fonctionnaires, il serait certainement
possible de les coincer sans imposer aux contribuables honnêtes l’odieux de la
présomption de culpabilité.
Un autre domaine où la présomption de culpabilité a
préséance est celui de l’environnement. Dans ce cas, le lobby des écologistes a
convaincu le politicien/législateur d’ignorer la charte pour mieux piéger les
pécheurs et les punir le cas échéant.
Yvan
Allaire, Président exécutif du conseil d’administration de l’Institut sur
la gouvernance (IGOPP) dénonce la Loi sur la qualité de l’environnement qui
stipule que lors d’une infraction à la loi, l’administrateur ou le dirigeant
d’une entreprise est présumé coupable à moins qu’il ne prouve le contraire.
En matière d’environnement, les zélotes de la religion
écologique ont pris le contrôle du ministère de l’Environnement. S’ils ont réussi à imposer une clause de présomption de
culpabilité à la Loi sur l’environnement sous un gouvernement libéral, imaginez
ce qui pourrait advenir sous un gouvernement péquiste majoritaire? Verrons-nous
bientôt un tribunal inquisitoire, présidé par l’ex-ministre Daniel Breton,
chargé de débusquer les climatosceptiques?
Enfin, les révélations de la commission Charbonneau ont
poussé la population au bord de la révolte. Les politiciens ont jugé nécessaire
de légiférer rapidement pour apaiser la grogne populaire. La
nouvelle loi adoptée à toute vapeur stipule que les gestionnaires d’entreprise
désirant participer aux lucratifs contrats publics ne bénéficient plus de la
présomption d’innocence. Ils doivent donc démontrer qu’ils n’ont pas péché pour
avoir le privilège de participer aux appels d’offres de l’État.
Je suis le premier à dénoncer le gaspillage des fonds
publics résultant de la collusion entre
des entrepreneurs véreux, des fonctionnaires pourris et des politiciens tordus.
Fallait-il pour autant imposer l’odieux de la présomption de culpabilité à tous
les entrepreneurs? C’est d’autant plus inacceptable que les fonctionnaires et
les politiciens continuent de bénéficier de la présomption d’innocence, un bel
exemple de deux poids, deux mesures.
Il est important de se rappeler que le législateur est avant
tout un politicien. Il n’est donc pas surprenant que les intérêts du politicien
priment sur ceux du législateur. Les priorités politiques, les incitatifs
électoralistes ou la pression populaire ne justifie en aucun cas que le
législateur ignore un principe aussi fondamental que la présomption
d’innocence. Accepter que le concept de présomption de culpabilité soit justifié
dans certaines circonstances c’est comme accepter que le recours à la torture
soit parfois justifié. Dans un cas comme dans l’autre, c’est inacceptable en toutes
circonstances.
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