Tous les experts vous le diront, une entreprise gérée par plusieurs patrons est vouée à l’échec. Les patrons se contredisent l’un l’autre, s’engagent dans des luttes de pouvoir néfastes à la bonne marche de l’organisation, multiplient les interventions inutiles et souvent nuisibles, etc.
Le système de santé est la plus grande victime de la multiplication des patrons. Il y a le patron politique (le ministre), le patron bureaucratique (les fonctionnaires), le patron syndical (les différents syndicats de l’établissement), le patron professionnel (les différents ordres de médecin) et finalement le DG de l’établissement. Aucun humain ne peut gérer une telle structure. Au mieux, les établissements de santé soumis à l’ego de ses trop nombreux patrons peuvent fournir un minimum de service. Pour faire plus, le personnel soignant et administratif doit contourner les règles et contraintes imposées par les trop nombreux patrons et cela à leurs risques et périls.
Le cas du CSSS d’Arthabaska et de l’Érable, rapporté dans le Journal de Montréal, est un exemple type qui démontre clairement qu’il est impossible de gérer efficacement un monopole d’État.
Aux prises avec une convention collective qui au fil des ans est devenue un vrai carcan, et un manque criant d’infirmières, le directeur des ressources humaines du CSSS avait deux choix : laisser les services se détériorer comme dans la plupart des CSSS ou contourner la convention collective pour embaucher des infirmières non assujetties à la convention collective.
Il y a plein d’infirmières à la retraite qui veulent travailler, mais elles refusent de se soumettre aux contraintes ridicules de la convention collective. Le Directeur RH a donc créé une agence (une OSBL) qui embauche ces infirmières et ensuite les seconde au CSSS. Ainsi, ces dernières ne sont pas assujetties à la convention collective du CSSS.
Je félicite le Directeur RH et son DG qui, à leurs risques et périls, ont trouvé une solution créative au problème de pénurie de personnel. Toutefois, n’est-il pas ridicule que des gestionnaires, dont le mandat est de fournir des services de qualité à la population, soient continuellement contraints à se battre contre le système?
En théorie le système est sensé appuyé les gestionnaires de première ligne et leur fournir les ressources et les outils nécessaires à leur travail. Pourtant, dans la vie de tous les jours c’est le contraire qui se passe.
Malgré les trop nombreux discours qui prétendent le contraire les politiciens, les syndicats, les fonctionnaires et les ordres professionnels veillent à protéger leurs droits acquis au détriment des gestionnaires locaux et des usagers.
Le résultat : un système qui coûte de plus en plus cher et qui soigne les structures plutôt que les usagers.
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