Par Bruneau Lebeau.
D’article en article sur Contrepoints, de nombreux auteurs ont largement argumenté sur les dérives de l’idéologie écologiste et comment elle dessine peu à peu les contours d’un avenir dystopique, comme on dit maintenant. Même aseptisé ce mot semble presque irréel, relevant d’un cinéma d’anticipation dont les cauchemars ne pourraient « bien évidemment » pas se réaliser, tentons-nous de nous convaincre pour nous rassurer.
Dimanche, longeant la mer sur la Côte d’Azur, par une belle et plutôt douce journée automnale, je pensais à tout ce que les écologistes menaçaient dans leurs diatribes vindicatives.
Quand l’écologie menace la vie
Ils ne s’en prennent pas seulement au progrès technique, moteur de la croissance économique des entreprises, de l’emploi, du niveau de vie d’un pays. C’est à l’essence même de la vie.
Des militants écologistes s’obstinent à vouloir dégrader l’art, saccager dans des raids menés dans les musées du monde entier comme sur les places publiques. Mélange de revendications fantaisistes contre le pétrole (comme si des œuvres de Léonard de Vinci ou de Van Gogh avaient quelque chose à y voir), et de wokisme (statues couvertes de peinture quand elles ne sont pas purement et simplement déboulonnées comme aux États-Unis avec la complicité d’autorités municipales démocrates complaisantes).
La nourriture et ce qui produit ce lien avec les autres, tels le barbecue du dimanche entre amis, sont devenus l’objet négatif de leurs fantasmes, auquel il faudrait mettre fin. Devrions-nous vraiment renoncer aux chipolatas et aux steaks pour ingurgiter des insectes, nouveau standard de la pensée inique qui s’est immiscée jusqu’au G20, bien que les convives étaient, eux, attablés autour de fruits de mer et de bœuf Angus de premier choix ? Il est vrai que ce qui « bon » pour le peuple l’est moins à la table des rois.
De la créativité à la connaissance et la science, faudrait-il renoncer à Aristote, Descartes, Kant, au logos pour la logorrhée, au rationalisme pour des peurs irrationnelles, au langage pour la novlangue, à l’esprit critique pour l’idéologie, aux Lumières pour l’obscurantisme ? N’est-ce pas le dessein des écologistes que de tout ramener à la peur du ciel qui nous tombe sur la tête, menant leurs inquisitions contre toute forme de progrès technique et économique ?
Le progrès technique est bénéfique pour tous
Le progrès technique, la croissance économique, l’expansion de l’industrie dans la majeure partie du monde ont pourtant permis un progrès humain vertigineux depuis la première révolution industrielle au XIXe siècle. En 1800 la quasi totalité du milliard d’habitants vivait dans la pauvreté pour ne pas dire la misère. De 1988 à 2018, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a été divisé par 2,5 en passant de 1,7 milliard à 660 millions, selon un rapport de la banque mondiale ; soit 9 % de la population mondiale contre 34 % en 1988 ! Et ce alors que la population mondiale bondissait de 5,1 milliards à 7,6 dans la même période.
Dans un article du New-York Times, Carl Zimmer relatait comment l’espérance de vie avait plus que doublé, passant de 30 ans en 1900 à plus de 70 ans en 2018. Plus précisément, de 1960 à 2018, l’espérance de vie est passée de 50,7 ans à 70,6 ans pour les hommes et de 54,6 à 75,1 ans pour les femmes, publiait le Statista Research Department dans un rapport du 30 août 2019.
Et cette tendance est mondiale : ainsi en 1910 l’espérance de vie d’une Chilienne était de 33 années ; aujourd’hui elle dépasse 78 ans. En 1910, elle avait une probabilité sur trois de mourir avant l’âge de 5 ans ; aujourd’hui, moins d’une sur cinquante.
La créativité, l’innovation dans tous les domaines de la science et des techniques, la croissance économique, l’industrialisation, ont permis de meilleurs accès à la santé, à l’éducation, à un meilleur niveau de vie, qui a profité à une immense partie de la population mondiale, notamment au cours du XXesiècle. Les progrès de la science ont été considérables, particulièrement en médecine mais ils ont aussi permis d’améliorer les conditions de travail, rendant celui-ci progressivement moins harassant et destructeur de la santé. Comment comparer le machiniste de la locomotive à vapeur de La bête humaine (1938) au pilotage de n’importe quel TER de nos jours ?
Du train à la voiture, il est un dernier pas. L’automobile a été un progrès immense dans le monde entier. L’évolution des transports a été évidemment fondamentale pour le progrès économique et son extension dans le monde entier. Le camion est l’apanage de l’expansion des entreprises, de l’exploitation des ressources naturelles, l’outil essentiel des échanges commerciaux au moins dans leur dernière étape de distribution.
Mais la voiture fut aussi l’incarnation d’un autre progrès humain primordial : la liberté de se déplacer rapidement et facilement à travers nos contrées dans tous les espaces habitables de la planète. Il n’est nul lieu, même le plus reculé, qu’on ne peut atteindre avec une voiture, même simplement adaptée aux chemins les plus escarpés et aux terres les plus isolées.
Elle fut le moteur de toutes les mobilités ayant aussi contribué au développement économique de par le monde.
L’automobile a permis la mobilité des travailleurs, mais au-delà elle fut aussi l’instrument de la liberté des Hommes. De la Nationale 7 aux virées du samedi soir, d’un week-end à Rome sur une musique ritale aux riders adeptes des grands espaces chevauchés sur la moto sa cousine, la voiture sera devenue plus qu’utilitaire, la compagne de nos vacances comme de nos virées romantiques et d’épopée fantastique le long de la route 66 comme de la croisière jaune en 1931, pari fou et tenu d’André Citroën. Qui n’a pas frissonné un instant au vrombrissement du moteur, promesse d’un voyage ou d’un rendez-vous changeant une vie ?
Symbole de la liberté individuelle, sacre de son avènement, la voiture n’est-elle pas encore le rite de passage à l’âge adulte et la liberté sitôt obtenu le précieux papier rose, passée l’adolescence ?
Oui, c’est bien à tout cela, au progrès humain, à la liberté de chacun, que l’écologisme politique et sa vision totalitaire veut diriger les conduites individuelles, contraindre quiconque à la servitude d’États qui ont oublié les enseignements de John Stuart Mill et d’Alexis de Tocqueville ; ce que le philosophe Français Paul Ricœur, appelait « le rique permanent de l’abus de pouvoir et de l’arbitraire ». Le principe même de l’État de droit n’est-il pas justement de garantir qu’obéir aux lois est précisément de s’émanciper pour ne plus servir des maîtres ?
Car c’est bien là, aux fondements mêmes des Lumières, du principe de liberté individuelle, socle de la démocratie libérale, que s’attaque l’écologie. Il ne s’agit plus de s’amuser d’un éventuel retour à la lampe à huile, mais bien d’une guerre de civilisation que les écologistes mènent contre chacun d’entre nous. Il faut vaincre cette idéologie pour préserver notre principe le plus fondamental : le droit de vivre libre dans la dignité et avec l’objectif d’un progrès humain accessible à tous grâce à la croissance, l’élévation du niveau de vie et la liberté, autrement dit ce qui donne sens à la vie.
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