La Pat’ Patrouille est-il le film le plus libertarien depuis que Disney a sorti Robin des Bois ?
Un article de la Foundation For Economic Education
J’ai récemment emmené mon enfant de 4 ans voir La Pat’ Patrouille : Le film.
Il est un grand fan de la série télévisée et, étant le plus jeune de mes trois enfants, le petit Beck a tendance à avoir moins de temps et d’attention de la part de papa que ses frères et sœurs plus âgés. C’était notre premier film juste tous les deux ; j’ai donc pris deux glaces et une petite montagne de pop-corn pour regarder ce film à propos d’un garçon prénommé Ryder qui dirige une équipe de chiots héroïques de recherche et sauvetage dans un pays appelé Aventure Bay.
Pour être honnête, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de voir ce film. Cependant, à ma grande surprise, La Pat’ Patrouille s’est révélé être assez bon, et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que l’histoire comporte un message non négligeable qui raconte une leçon économique importante et intemporelle.
MONSIEUR HELLINGER, UN MÉCHANT BIEN RECONNAISSABLE
Ceux qui ont vu la série télévisée La Pat’ Patrouille connaissent probablement monsieur Hellinger, un politicien égoïste et cupide qui cherche toujours à utiliser sa position de maire à son propre avantage.
Hellinger n’est pas différent dans le film. En tant que maire d’Aventureville – un contraste notable avec Adventure Bay – Hellinger transforme rapidement la métropole en chaos en utilisant son autorité pour alimenter son propre ego et ses plans infâmes. Contrairement à Adventure Bay, une petite communauté où les gens échangent et s’entraident par le biais du commerce et d’actions volontaires, Aventureville est gérée de manière très verticale, Hellinger ordonnant à ses habitants de se conformer à ses propres objectifs.
Au début du film, nous apprenons qu’il capture des chiens errants et les garde dans un refuge secret. Pire encore, Hellinger, fatigué du temps pluvieux d’Aventureville, décide d’améliorer la ville en se débarrassant des nuages qui rendent les choses si lugubres (il se trouve que les nuages menacent également le feu d’artifice qu’il organise pour sa propre fête…).
« J’ai entendu dire que vous avez une machine météo qui aspire les nuages. C’est vrai ? » demande Hellinger à la scientifique qui dirige la machine à l’université.
« Vous êtes en train de la regarder ! » répond-elle. « C’est un appareil de confinement et d’analyse du temps télécommandé, flottant librement et équilibré par des gyroscopes… Nous l’appelons le capteur de nuages. »
Hellinger n’a manifestement aucune idée du fonctionnement de la machine, mais il pense pouvoir l’utiliser pour résoudre son problème météorologique, malgré l’avertissement de la scientifique qui précise qu’il s’agit d’un appareil destiné à étudier le temps et non à le manipuler.
« Je veux que tous ces nuages soient aspirés avant la fin de la journée », s’exclame Hellinger.
La scientifique accepte à contrecœur d’utiliser la machine pour aspirer les nuages de pluie « juste pour ce soir » lorsque Hellinger la menace de mettre fin au projet si elle ne se conforme pas à son ordre. La machine n’est pas arrêtée après avoir été mise en marche – une autre leçon qui prépare le terrain pour un événement météorologique cataclysmique plus tard dans le film.
Heureusement pour Hellinger et les habitants d’Aventureville, une équipe privée de chiots de secours dirigée par un petit garçon est en mesure de les aider. Avec l’aide d’un chiot sans abri, nommé Liberty, la Pat’ Patrouille est en mesure de nettoyer les dégâts causés par Hellinger.
PAT’ PATROUILLE : ET SI JE SURINTERPRÉTAIS UN PEU TROP ?
Il y a des rebondissements en cours de route, bien sûr. Chase, un berger allemand qui fait office de chien policier, perd confiance en lui et se retrouve à la fourrière après avoir été capturé par deux hommes de main de Hellinger. Ryder se brouille avec Chase. Les chiots éteignent quelques feux (au sens propre et figuré) et sauvent Chase. Liberty, la nouvelle venue, obtient ses propres roues.
Pourtant, je n’ai pas pu me défaire de l’impression que l’intrigue globale ressemblait à un exemple brillant hayékien de planification centrale ayant mal tourné. Dans son orgueil démesuré, Hellinger essaie de faire une chose – améliorer le temps – et finit par faire quelque chose de très différent : provoquer une catastrophe écologique.
J’ai aussi remarqué qu’il y a une leçon sur la théorie des choix publics. Même les enfants verront que Hellinger n’agit pas dans l’intérêt général pour améliorer Adventure City. Ce qui l’intéresse, c’est d’avoir du beau temps pour ne pas gâcher sa fête. Y a-t-il jamais eu un meilleur exemple de « politique sans romance », pour reprendre une expression de l’économiste James Buchanan, lauréat du prix Nobel et pionnier de la théorie des choix publics ?
Bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si je n’en faisais pas trop ?
Pat’ Patrouille est un film pour enfants, après tout. Les scénaristes de la série, intentionnellement ou inconsciemment, explorent-ils vraiment ces idées dans leur film ? Ou est-ce que je suis en train d’imaginer tout ça ? (Je suis suffisamment conscient de moi-même pour savoir que j’écris pour une organisation économique, et que les humains ont le don de projeter leurs propres idées et expériences sur l’art et les affaires humaines, un peu comme le sujet qui fixe les taches d’encre d’un test de Rorschach).
Naturellement, j’ai décidé de mettre ma théorie à l’épreuve : j’ai commencé à chercher sur Google.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour découvrir que d’autres personnes soupçonnaient furtivement que la Pat’ Patrouille avait intégré des messages (dangereux) en faveur de la liberté dans ses histoires. Un message sur Reddit la décrit comme « une conspiration libertarienne« .
Un article du magazine Fatherly, quant à lui, dénonce « le noyau politique pourri de la Pat’ Patrouille » avec un enthousiasme désapprobateur à la fois impressionnant et bizarre.
« Qui est Ryder ? À première vue, c’est un enfant sans histoire, un inventeur et un génie de l’ingénierie », écrit Patrick A. Coleman. « Guidé par la logique et la raison, profondément individualiste, et peu intéressé par les opinions des habitants de la ville qui demandent de l’aide, Ryder contrôle sa meute de chiens de travail et la ville d’Adventure Bay. »
Vous avez compris ? Ryder est un personnage suspect parce qu’il est logique, profondément individualiste, et qu’il utilise la raison. Mais attendez. Il y a mieux.
« [Ryder] est, en résumé, un autocrate libertarien de 10 ans – le genre de garçon qu’Ayn Rand aurait essayé d’élever si elle s’était intéressée à ce genre de choses », poursuit Coleman.
Et puis, le bouquet final :
« En surface, la Pat Patrouille est exactement ce qui est annoncé : une demi-heure légèrement grinçante et exubérante d’animaux mignons censée apprendre aux enfants à résoudre des problèmes par le travail d’équipe.
Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un bien étrange spectacle sur une ville pastel étrange où Ryder n’est jamais remis en question ou poussé à rendre des comptes. Le fait qu’aucun des habitants ne parle jamais de la façon dont lui et sa meute de chiots sont parvenus à leur position dominante dans la ville dénote une censure ou une honte profondément enfouie qu’ils se sont permis d’avoir sous la coupe d’un enfant. Il semblerait donc qu’au quotidien, sur fond de chanson aux tonalités ska, Ryder et ses chiots jouent un concours de beauté anarcho-capitaliste.
Ce garçon est impressionnant, et pas seulement en raison de son style impeccable et sa coupe de cheveux gominés. Il surpasse le [John] Galt de Rand, qui est passé par l’université à 16 ans et a inventé un moteur incroyable. La maîtrise de la technologie et les prouesses d’ingénierie de Ryder sont indéniables. La preuve en est partout où vos yeux peuvent se poser.
Mais une interrogation glaçante plane sur Adventure Bay. Que se passerait-il si Ryder se lassait soudainement du chaos mesquin et sans fin de la ville ? … Que se passerait-il si Ryder laissait tomber ?
Peut-être que le principal danger de l’exemple donné par Ryder est qu’il fait croire aux citoyens d’Adventure Bay qu’il faut abandonner leurs pouvoirs et aux enfants américains que les personnes exceptionnelles méritent des pouvoirs exceptionnels. Et franchement, ils ne devraient pas. »
Ok d’accord.
Après avoir lu cette explication, je suis rentré chez moi, retenant une leçon importante : ne pas trop analyser les dessins animés. Cela mène à des voies obscures.
La Pat’ Patrouille est-il le film le plus libertarien depuis que Disney a sorti Robin des Bois, un classique de 1973 qui mettait en scène le merveilleux et maléfique prince Jean augmentant les impôts de manière punitive pour « soutirer jusqu’à la dernière goutte de ces insolents paysans musiciens » de Nottingham ?
Peut-être que oui, peut-être que non. Mon conseil : emmenez les enfants, prenez du pop corn et ne vous en faites pas trop. Profitez simplement du film.
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