par François Turenne
L’écologisme est une idéologie radicale, elle tire ses inspirations du marxisme ou de Rousseau. A l’heure où la défaite du communisme est actée définitivement dans nos sociétés occidentales, toute une partie de la gauche a dû se réinventer. Ainsi, l’écologisme serait une idéologie postmarxiste avec un vocabulaire et des procédés similaires à ceux des communistes du début du XXème siècle. En France, cette mouvance de moins en moins disparate s’incarne en politique notamment dans le parti Europe-Ecologie-Les-Verts et La France Insoumise. Dans la société civile, diverses ONG très militantes, notamment Greenpeace, tentent d’imposer par des modes d’action contestataires, voire violents, leurs agendas politiques.
Entre rationalité et radicalité, les écologistes ont choisi
L’écologisme s’est éloigné de la rationalité depuis la fin
des années 80, pour tendre vers la radicalité. Alors que les gouvernements
prenaient la mesure du problème, en incitant les acteurs économiques à diminuer
les besoins énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre, les
écologistes postulaient, eux, la fin de notre mode de vie. Pourtant
rétrospectivement, l’humanité a fourni des efforts très importants afin de
réduire son impact écologique sans tout bouleverser. A titre d’exemple, les
avions consomment 70% de
moins de kérosène que dans les années 60. Airbus et Boeing travaillent à créer
un avion zéro émission de carbone pour 2050. Des essais sont en cours pour
tester la fiabilité d’un avion électrique ou utilisant des carburants hydriques
(kérosène et biocarburant). Les constructeurs automobiles ne sont pas en reste,
une voiture diesel consommait en moyenne 6,6 l/100km en 1995 contre 4,9
l/100km en 2019. Le progrès technique continu permet à l’humanité de
tendre vers une économie moins polluante sans impacter ses habitudes et sa
façon de vivre.
Le nucléaire, ou le grand n’importe quoi des écolos
L’activisme de Greenpeace contre les centrales nucléaires en
France n’a pas commencé avec le scandale de l’intrusion de plusieurs de ses
membres au sein de celle de Tricastin en février 2020. Le projet Superphénix fut
le premier à mobiliser massivement des associations écologistes. Il a été lancé
à la fin des années 70 par EDF et l’Etat français. Il visait à développer des
réacteurs nucléaires utilisant du combustible recyclé. En effet, à la suite de
la construction de nombreuses centrales nucléaires au début des années 70, le
gouvernement a rapidement dû considérer la question des déchets et du
combustible appauvri, issus de ces réacteurs. Le projet était prometteur mais
nécessitait des investissements lourds et de nombreuses années de recherche. Sa
réussite aurait pu permettre de rendre la production nucléaire pratiquement
propre, tous les déchets produits par les réacteurs classiques auraient pu être
réutilisés par le réacteur de la centrale
Superphénix.
Cependant, l’opposition de la part d’associations et partis
politiques écologistes s’est rapidement manifestée. En 1982, le site de la
centrale est visé par un tir de lance-roquette, l’auteur ne sera jamais arrêté
mais en 2003 le député de Genève Chaïm
Nissim en revendique la responsabilité. De nouvelles manifestations
ont lieu à la fin des années 80, après l’incident de Tchernobyl. La
contestation fédère des associations écologistes françaises, suisses et de
l’Europe entière. Pourtant, en 1992, le premier ministre Pierre Bérégovoy
commande un rapport, lequel statue positivement sur la poursuite du projet et
le peu de risque inhérent à son redémarrage. Mais il est abandonné en 1997 par
le Premier ministre Lionel Jospin, poussé par les verts qui composaient sa
coalition parlementaire à l’époque. Le rapport du Sénat et
de l’Assemblée
nationale l’ont critiqué. Ils pointaient du doigt le calcul politicien
du gouvernement Jospin alors que le projet était viable. Les écologistes
gagnèrent une première bataille contre la science et l’énergie nucléaire.
Ecologie et modernité, une opposition récurrente
Un nouveau projet attise aujourd’hui l’opposition de
Greenpeace : le projet
ITER (international thermonuclear experimental reactor). Il s’agit d’un
projet de recherche expérimentale en vue de maîtriser la fusion nucléaire. Le
développement d’une telle technologie permettrait une production électrique
quasiment illimitée, peu énergivore et peu créatrice de déchets. L’idée que la
production nucléaire devienne propre fait peur à Greenpeace puisque cela irait
à l’encontre du discours alarmiste et pessimiste de l’organisation. En
substance, la science ne peut nous sauver, seule Greenpeace et
ses propositions le peuvent.
Greenpeace ne cesse d’attirer l’attention sur le coût du
projet qui représente pourtant 20 milliards d’euros répartis entre une
trentaine de pays. L’ONG explique qu’il ne permettra pas de répondre à l’urgence
climatique, elle semble ignorer les possibilités ouvertes par la fusion. Aucune
avancée scientifique majeure n’a été faite sans
investissements massifs et de l’ambition. L’opposition est plus fondée
sur un anti-nucléaire primaire que sur une réalité scientifique tangible, les
plus grands cerveaux de la physique des particules travaillant sur ce projet.
Le discours politique écologiste, à contre-courant du bon
sens
Le parti EELV a maintenu l’ambiguïté dans ses rapports avec
la science durant de nombreuses années, notamment sur la question de la
vaccination. Le candidat à la primaire, Jean-Marc
Governatori, affirmait il y a quelques semaines que « la vaccination
est une fabrique à maladie ». Le président du parti, Yannick
Jadot, s’est lui prononcé en sa faveur mais il demeure le tenant d’une
ligne modérée. Une autre candidate, Sandrine
Rousseau, a carrément appelé à rompre avec la rationalité, elle
déclarait : « Le monde crève de trop de rationalité, de décisions
prises par des ingénieurs. Je préfère les femmes qui jettent des sorts que des
hommes qui construisent des EPR ». Cette phrase est un résumé de la
matrice idéologique au cœur de l’écologie politique : un rejet de la
science, du nucléaire et la description d’un monde imaginaire.
Quels que soient les représentants de l’écologisme :
ONG partis ou économistes ils tiennent un discours anti-modernisme qui dénigre
le progrès technique. Cette approche est dangereuse à long terme, car à la
manière des tenants du marxisme, ils nous promettent un appauvrissement et la
fin de nos modes de vie. Les quelques élus locaux écologistes ont démontré une
habileté remarquable à s’attaquer aux traditions et à l’écosystème économique
de leurs villes. En outre, ils ont multiplié les polémiques et les ratés, nous
laissant présager un avenir sombre s’ils arrivaient à l’Elysées en 2022.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire