Professeur d’économie et de philosophie à la réputée Université George Mason, Peter Boettke mélange l’économie autrichienne avec d’autres écoles de pensées, par exemple celle des choix publics et celle de l’économie institutionnelle.
Un article de l’Institut économique de Montréal
Nombreuses sont les écoles de pensée en économie, au point où il peut devenir difficile de s’y retrouver : keynésiens, monétaristes, supply-siders, choix publics, « autrichiens » et autres clans s’affrontent dans un combat intellectuel.
Ces débats ont créé une perception erronée de l’économie comme étant un domaine qui ne parvient jamais à un consensus, et ce même si la plupart des économistes s’entendent sur un grand nombre de choses, par exemple sur les bénéfices du libre-échange.
Une de ces grandes écoles de pensée est l’école autrichienne, dont les débuts remontent à 1871. Elle fut fondée par Carl Menger, puis mise à l’avant-scène par de grands économistes tels Ludwig von Mises et Friedrich Hayek.
L’APPORT DE L’ÉCOLE AUTRICHIENNE
Ce courant a permis de faire avancer la compréhension de la science économique grâce à l’apport de plusieurs concepts importants, comme la subjectivité de la valeur et l’analyse marginale, qui sont aujourd’hui intégrés à la théorie économique moderne.
Les tenants de l’école autrichienne sont d’ailleurs les premiers à avoir prévu l’échec inévitable de la planification centralisée en Union soviétique.
Cependant, l’école autrichienne a été relativement marginalisée au cours des dernières décennies, dans la mesure où elle se trouve à l’écart du courant principal ou populaire dans les milieux universitaires.
Une des raisons est le rejet des modèles mathématiques si prédominants dans la science économique contemporaine. Les penseurs autrichiens voient l’économie comme un système complexe et non comme une machine.
De leur perspective, l’étude de l’économie ressemble plutôt à la philosophie ou à la psychologie, et non à la physique ou à la mécanique.
Les enseignements de l’école autrichienne sont-ils pour autant moins pertinents ? Ses théories ont-elles encore leur place dans le milieu universitaire ? L’exemple de Peter Boettke démontre que c’est indiscutablement le cas.
BOETTKE, AUTRICHIEN ET MULTIDISCIPLINAIRE
Professeur d’économie et de philosophie à la réputée Université George Mason, Peter Boettke mélange l’économie autrichienne avec d’autres écoles de pensées, par exemple celle des choix publics et celle de l’économie institutionnelle.
Il est reconnu comme quelqu’un qui aime partager sa passion pour l’économie, et il la diffuse de plusieurs façons : en dirigeant des thèses et des mémoires, en inspirant la relève, en donnant des conférences et des entrevues, et en écrivant des livres. Il décrit son livre le plus apprécié, Living Economics :Yesterday, Today and Tomorrow, comme une œuvre visant à montrer la beauté de l’étude économique et à inspirer ceux que le sujet intéresse.
Boettke est aussi l’auteur d’environ 250 recherches. Au début de sa carrière, il a beaucoup travaillé sur l’économie de l’Union soviétique et l’effondrement de celle-ci. Ses travaux couvrent maintenant une multitude de domaines : économie politique, méthodologie, penseurs, rôle des institutions dans le développement économique, etc. Il est également actif au sein du Mercatus Center, un think tank basé à George Mason où il agit comme vice-président du Programme d’étude F. A. Hayek en philosophie, politique et économie. Enfin, il préside la Société du Mont-Pèlerin, une prestigieuse association internationale d’intellectuels qui défendent la liberté.
LE CARREFOUR DE L’ÉCONOMIE MODERNE
Boettke évolue dans un lieu de travail assez particulier pour un économiste. Reconnu comme ayant une approche unique, le département d’économie de l’Université George Mason a accueilli deux récipiendaires du Nobel d’économie : James M. Buchanan, à l’origine de la théorie des choix publics, et Vernon L. Smith, pionnier de l’économie expérimentale. C’est donc le lieu où la théorie des choix publics, l’économie expérimentale et la tradition autrichienne fusionnent. Il en résulte une vision assez particulière de l’économie que l’on ne trouve nulle part ailleurs. C’est cette façon de penser, en dehors du cadre établi, qui fait la réputation du département.
Alors que les banques centrales du monde tentent de sortir d’une décennie de politiques monétaires non conventionnelles, il est fort possible que les théories autrichiennes sur la monnaie et les cycles économiques bénéficient d’un regain de popularité.
Les conditions économiques incertaines soulèvent des questions, et les réponses se trouvent parfois dans les idées des penseurs des siècles précédents. Celles développées par Menger, Mises et Hayek, et maintenant portées par Peter Boettke et plusieurs autres, vont certainement démontrer encore une fois toute leur pertinence.
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