Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

09 novembre, 2020

Une brève histoire de l’homme, de Hans-Hermann Hoppe

 L’histoire à travers le prisme de l’École autrichienne d’économie et du libertarianisme.

Une brève histoire de l’homme de Hans-Hermann Hoppe ne parle que de trois événements, mais ils sont parmi les plus marquants de l’histoire de l’humanité. Car le premier est à l’origine de la propriété privée, le deuxième de la révolution industrielle et le troisième de l’État.

Il ne s’agit donc pas d’une histoire événementielle au sens habituel. L’auteur parle d’ailleurs d’une reconstruction austro-libertarienne, c’est-à-dire effectuée à partir de deux sciences :

  • la praxéologie (l’économie autrichienne) qui est logique de l’action humaine ;
  • l’éthique (le libertarianisme) qui permet de distinguer le progrès moral du déclin.

LA SURPOPULATION

Les humains modernes apparaissent il y a quelque 100 000 ans. Ce sont des chasseurs-cueilleurs nomades. Ils sont en petit nombre et n’ont que de petites possessions en raison de leur mode de vie.

Ils ne produisent rien et ne font qu’épuiser l’offre de la nature. Ils mènent donc une vie parasitaire se contentant de chasser et de cueillir, ce qui ne les occupe qu’une faible partie de leur temps.

Dans ces conditions leur seul problème va être la croissance de la population initiale qui ne va leur donner le choix que de se battre entre eux ou sinon de migrer vers d’autres terres à parasiter.

LES MIGRATIONS

Les migrations des humains modernes ont commencé il y a 50 000 ans, par bateaux, qu’ils ont réussi à construire à ce moment-là et qui étaient un moyen de se déplacer plus rapide que la marche.

La séparation entre les différentes sociétés humaines s’est traduite au fil des siècles par des différenciations génétiques et linguistiques tandis que les conditions naturelles changeaient.

À un moment donné se battre ou migrer ne suffirent plus à résoudre le problème de l’offre fixe du facteur de production terre. Ne resta plus qu’une solution : inventer pour l’augmenter.

L’AUGMENTATION DU FACTEUR DE PRODUCTION TERRE

Ce fut la révolution néolithique : le passage de la production alimentaire par chasse et cueillette à la production alimentaire par agriculture et élevage, il y a environ 11 000 ans, au Moyen-Orient.

Hans-Hermann Hoppe à la suite de Carl Menger fait la distinction entre un bien économique et un bien gratuit (appellation trompeuse) : le premier est sous contrôle humain, le deuxième ne l’est pas.

C’est le contrôle humain qui a permis de changer le bien gratuit en bien économique. Au lieu de simplement cueillir, les humains cultivèrent. Au lieu de simplement chasser, ils élevèrent.

LA PROPRIÉTÉ ET LA FAMILLE

Cette réussite cognitive s’est traduit par deux institutions durables :

  • l’appropriation et l’utilisation de la terre comme propriété privée ;
  • l’établissement de la famille et du foyer familial.

Les humains contrôlèrent la production de plantes dont ils améliorèrent le rendement. Ils firent de même avec le bétail. Ils devinrent sédentaires et durent protéger leurs terres. La propriété foncière était née.

Celle-ci ne résolvait qu’en partie le problème posé par la surpopulation. C’est l’institution de la famille qui permit d’en parachever la solution en privatisant la tutelle des enfants.

À partir du Moyen-Orient, cette révolution se répandit, semble-t-il, dans le reste du monde par des nomades qui imitèrent et adoptèrent ce nouveau mode de vie de leur propre initiative, si bien que le nomadisme devint marginal.

L’ENRICHISSEMENT

La théorie économique donne une réponse claire à la question de comment accroître la richesse et s’enrichir :

  • par l’accumulation de capital : en fabriquant des biens de production ou des biens d’équipement ;
  • par la division du travail : en se spécialisant soit dans la production de biens où l’avantage est le plus grand, soit dans celle où le désavantage est le plus petit ;
  • par le contrôle de la population : en maintenant sa taille optimale.

Le problème de surpopulation ne fut cependant pas résolu de manière permanente par les inventions de l’agriculture et de l’élevage et par l’institution de la famille : c’est ce que Ludwig von Mises appelle le piège malthusien.

L’INTELLIGENCE HUMAINE

La population augmente toujours, même si de nouvelles terres sont exploitées, même si une meilleure technologie est incorporée dans les biens de production et que la division du travail est étendue et diversifiée.

Passer de la cueillette et de la chasse à l’agriculture et à l’élevage était déjà une réussite cognitive exceptionnelle. Les améliorations technologiques qui y furent apportées permirent certes l’augmentation de la population mais sans pour autant que s’ensuive une hausse des revenus par habitant.

Le développement de l’intelligence humaine s’est fait lentement mais il le fut davantage là où l’environnement était le plus difficile (avec des variations saisonnières fluctuantes) parce que l’enjeu de l’intelligence y était le plus grand et était un préalable au succès économique, par conséquent reproductif.

LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

Si la révolution industrielle a permi d’échapper au piège malthusien, elle n’a eu lieu dans les pays froids et difficiles de la planète que lorsque l’intelligence humaine arriva à un niveau de développement suffisant.

La révolution industrielle remonte à 200 ans. À partir de ce moment-là, la courbe de la population devient exponentielle et celle des revenus également, encore qu’il y ait un point de rupture entre les pays qui progressèrent et ceux qui déclinèrent.

Dans les pays où la révolution industrielle a pu se produire en raison du développement de l’intelligence humaine, les augmentations de productivité ont continuellement dépassé la croissance de la population.

Mais, dans le même temps, l’État exploiteur a pu croître en continu sans faire baisser le revenu par tête ni réduire le nombre d’habitants. Il est alors devenu un frein permanent à l’économie et aux revenus de chaque habitant.

LA FÉODALITÉ ALLODIALE

Si quelqu’un disait à un autre : à chaque cas de conflit, y compris ceux dans lesquels je suis moi-même impliqué, j’aurai le tout dernier motson interlocuteur ne serait pas d’accord. C’est pourtant ce qu’une institution appelée l’État a mis en œuvre au terme d’une longue évolution.

Dès que la société est devenue complexe, au Moyen-Âge, les conflits ont été réglés en se tournant vers les autorités naturelles, c’est-à-dire vers les membres de l’aristocratie naturelle, les nobles et les rois, qui étaient respectés parce qu’ils avaient fait leurs preuves.

Cet ordre était caractérisé par :

  • la suprématie d’une loi et la subordination de tout le monde à celle-ci ;
  • l’absence de tout pouvoir législatif ;
  • l’absence de tout monopole légal de la magistrature et de l’arbitrage des conflits.

L’INSTITUTION DE L’ETAT

Cet ordre naturel quelque imparfait qu’il ait été (en de nombreux endroits il y avait l’institution du servage) a fonctionné du début du Moyen-Âge jusqu’à ce que les rois féodaux soient remplacés par des rois absolus, puis par des rois constitutionnels.

Dès lors un monopole territorial de la magistrature suprême fut établi, et avec lui le pouvoir de légiférer, et la séparation du droit de et sa subordination à la législation. L’État devenait l’ultime juge, financé par des tiers.

Cela s’est fait quand les rois pour devenir absolus excitèrent l’envie du peuple envers les aristocrates, quand ils corrompirent ces derniers et quand les intellectuels de cour justifièrent ce changement en le présentant comme la fin de la lutte de tous contre tous et le résultat d’un accord contractuel avec les sujets.

Mais la position d’un roi absolu était encore précaire. Être un roi constitutionnel allait permettre au roi, par l’introduction d’une constitution, de formaliser et de codifier son pouvoir de taxer et de légiférer : la Constitution ne fut pas une chose qui protégeait le peuple du roi, mais qui protégeait le roi du peuple.

LA DÉMOCRATIE

L’ironie est qu’en devenant constitutionnel le roi a ouvert la voie à la démocratie qui allait précipiter sa chute. En effet, aux yeux des critiques, le roi apparaissait comme le détenteur d’un privilège personnel, incompatible avec l’égalité devant la loi. Il fallait que tous puissent accéder à l’administration de l’État pour que ce principe soit satisfait.

Seulement, avec la démocratie, les privilèges sont désormais à la portée de tous. Par l’accès au parlement ou à l’administration, chacun est libre de promouvoir et d’essayer de mettre en œuvre une législation à son avantage et de la financer par la fiscalité. Et comme cet accès est temporaire, il faut l’exploiter au plus vite, sans souci de ce qui restera.

La résistance à l’État est affaiblie parce que la démocratie donne l’illusion que chacun se gouverne lui-même. D’ailleurs chacun est libre d’exprimer toute demande confiscatoire quelle qu’elle soit […]. Sous un régime « un homme-un vote », une machine incessante de redistribution des richesses et des revenus est donc mise en place.

LE DÉCLIN

Les grands gagnants de ce régime ne sont pas ceux que l’on croit. Ce sont ceux que William Graham Summer nomme les ploutocrates : ces grands banquiers et hommes d’affaires super-riches, qui ont réalisé l’énorme potentiel de l’État en tant qu’institution capable de taxer et de légiférer pour leur encore plus grand enrichissement futur…

Mais tout a une fin. Un tel régime ne peut que s’autodétruire. Il ne peut indéfiniment exploiter les personnes productives qui restent : un effondrement économique imminent stimulera les tendances à la décentralisation, les mouvements séparatistes et sécessionnistes…

Aucun commentaire: