Le gouvernement français avait cru réussir une très belle opération d’enfumage avec la Convention citoyenne pour le climat. Maintenant, tous ces braves citoyens vert(ueux) commencent à aller de déconvenue en déconvenue.
En ce mois de septembre 2020, je suis en vacances en Ardèche et je n’ai pas la télévision : une vraie bénédiction, ça permet d’avancer plein de lectures en retard entre deux randonnées. Mais les nouvelles m’arrivent quand même, que ce soit par l’internet ou la radio (« France info = la voix de l’État français »…).
À côté du « virus chinois » qui occupe toujours la première place, quelques autres points de l’actualité récente m’ont démontré que quand on essaie de camoufler la réalité par les discours (on la chasse « par la porte »), celle-ci finit toujours par vous rattraper (elle rentre « par la fenêtre »).
Le gouvernement français avait cru réussir une très belle opération d’enfumage avec la Convention citoyenne pour le climat, cette assemblée censée représentative façon sondages, mais soigneusement coachée dans le sens du politically correct vert par tout un ensemble d’experts au service de cette idéologie.
Emmanuel Macron avait ensuite validé l’ensemble des propositions à l’exception de trois d’entre elles décidément trop délirantes.
Mais voilà que maintenant tous ces braves citoyens vert(ueux) commencent à aller de déconvenue en déconvenue. Ils doivent manger leur chapeau sur plusieurs de leurs magnifiques propositions.
Commençons par les abominables néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Ils devaient être bannis pour toujours de la surface de la Terre, du moins celle sur laquelle l’État français exerce sa juridiction. Oui, mais voilà que seul cet insecticide est capable d’endiguer la jaunisse de la betterave. Si on ne veut pas tuer toute la filière sucrière française et tous les emplois qu’elle procure à l’heure de relancer l’économie, il faudra bien l’utiliser et voter une petite dérogation.
Les vert(ueux) demandaient de bonnes grosses taxes supplémentaires sur le transport aérien, cette industrie pour « riches qui n’hésitent pas à se déplacer pour un oui ou pour un non, sans égard pour les émissions de CO2 ». Évidemment, on ignorait volontairement que la part du transport aérien dans la demande mondiale de fuel n’est que de 5,8 %, et que par ailleurs le boom du low cost a mis ce moyen à la portée d’un nombre croissant de ménages modestes. Une nouvelle taxe à l’heure où il faut ressusciter une industrie particulièrement mise à mal par la pandémie, ce n’est pas vraiment la meilleure des recettes. Avons-nous oublié que le mouvement des Gilets jaunes a commencé par une nouvelle taxe abusive sur les carburants ?
Les ver(tueux) voulaient un moratoire sur la 5G. Pas de chance, Macron « ne croit pas au modèle Amish ». Et il est vrai qu’il est temps pour la France de rattraper son retard en la matière pour ne pas une fois de plus mettre son industrie en mauvaise posture par rapport à la compétition internationale.
Ce qui adviendra de la centaine d’autres propositions plus ou moins farfelues avancées par cette convention, cela reste à voir. Il n’est pas exclu qu’au milieu de cette avalanche se soient glissées certaines propositions réalistes et bonnes à appliquer. Même les idéologues les plus radicaux ont parfois un éclair de bon sens…
Un autre événement récent vient enflammer les médias : la fermeture dans le nord de l’usine de pneumatiques de Bridgestone, une firme japonaise. C’est évidemment très malheureux pour les quelques 800 personnes qui vont perdre leur emploi, et ça déclenche chez les politiciens et tout ce que la France compte de grands experts en stratégie industrielle des commentaires indignés. La ministre déléguée à l’Industrie, madame Pannier-Runacher a réagi énergiquement, en déclarant qu’elle allait « faire du bruit ».
Il semble que tous ces thuriféraires de l’État-stratège n’ont toujours pas compris quel devrait être le véritable rôle de l’État. Ils ne se sont pas encore posé la question de savoir pourquoi, en l’espace de quelques années, quatre fabricants de pneumatiques : Goodyear, Continental, Michelin et maintenant Bridgestone, abandonnent la France ? Ne serait-ce pas parce que la fabrication de pneus dans l’environnement fiscal, social et réglementaire français est simplement devenue non rentable ? Et ce ne sont pas les subventions qui vont y changer grand-chose.
En fait, une industrie ou une filière subventionnée n’est par définition pas durable !
Un autre exemple relevé dans le livre de Samuel Furfari dont je viens de terminer la lecture.
Dans un rayon de 40 km autour de la ville de Maastricht, trois pays : la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne ; et quatre régions dont deux régions de Belgique souveraines pour une partie de leur politique économique, la Flandre et la Wallonie.
Le Boston Consulting Group a relevé en 2013 que, suivant la région où vous habitez, pour placer des panneaux photovoltaïques, vous pouvez percevoir une subvention variant sur une échelle de 0 à 325. Devinez quelle est la région qui subventionne le plus : la plus riche me direz-vous ? Je vous laisse juge :
- Pays-Bas : 0 eur/MWh
- Région flamande : 21 eur/MWh
- Allemagne : 170 eur/MWh
- Région wallonne : 325 eur/MWh
Voilà les aberrations auxquelles arrivent les politiciens-stratèges désireux de plier la réalité à une idéologie, au lieu de laisser simplement fonctionner les mécanismes de marché.
L’État, où qu’il soit, devrait comprendre que son rôle est de créer le meilleur environnement possible (infrastructure, sécurité physique et juridique, level playing field pour la concurrence …) et ensuite laisser libre cours aux acteurs économiques. À ce jeu, la meilleure technologie finira toujours par émerger sans aucun besoin de subventions, ni de taxations qui en sont le corollaire.
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