Par Louise V. Labrecque
La Sainte Famille et le Saint Laurent
C’est à la Sainte-Famille que se groupa d’abord la
population de l’île d’Orléans.
Mes ancêtres, comme plusieurs autres familles souches du
Québec, sont arrivés de France, plus précisément de Dieppe, en Normandie, afin
de fonder la Nouvelle-France. Arrivés à la belle saison, les marins Pierre,
Jean et Jacques arrivèrent à l’île après une longue traversée, foulant le sol
la première fois à Sainte-Famille, paroisse la plus ancienne de l’île, avec les
plus anciens registres paroissiaux s’ouvrant en 1666.
Fort d’une belle dévotion à La Sainte Famille,
monseigneur François de Laval lui rendit hommage en la nommant ainsi à sa
fondation, en 1661. Le premier curé fut François Lamy. C’est lui qui
collabora à l’édification de la première église Sainte-Famille, vers 1669,
laquelle fut érigée canoniquement en 1684. Autour d’elle, la vie
s’organise rapidement. L’église reçoit le mandat d’éducation et d’hospitalisation.
Pionnière de l’architecture religieuse du Régime français et rare témoin de
celui-ci, de style classique, sa façade, entreprise en 1743 fut reprise
en 1808 et 1843. L’église de pierres remplace donc la première
église, plutôt une chapelle, située non loin, un peu plus au nord.
En 1679, quatre autres paroisses sont fondées sur l’île d’Orléans.
La paroisse de la Sainte-Famille est toute située dans le
fief de Charny-Lirec, concédé à Charles de Lauzon-Charny avant 1656 et qui
passa aux mains de Mgr de Laval le 2 septembre 1666. Le
soi-disant fief Maheu, de 15 arpents de front, situé sur l’extrémité ouest
de la paroisse, s’étendait sur toute la largeur de l’île. Il fut concédé à René
Maheu en 1651, mais les habitations Maheu ne furent construites que 10 à
15 ans plus tard. Entre 1667 et 1681, nombre des pionniers de
Sainte-Famille allèrent se fixer dans les autres paroisses de l’île, où le
défrichement progressait également.
Saint-Laurent est porte le nom de Saint-Paul
jusqu’en 1698. Le saint patron de la paroisse est Saint-Laurent de Rome.
La première église fut une petite chapelle en bois, construite en 1675 par
le maître-charpentier Charles Pouliot. Elle était située à 100 m de
l’église actuelle, à l’ouest. Ensuite, une première église de pierre fut érigée
en 1697, puis l’église actuelle fut construite en 1860. Devant le
monument extérieur dédié au Sacré-Cœur, les grandes portes de bois sont peintes
en carmin ; pour les atteindre, nous devons gravir quelques marches, face
au fleuve, non loin du Club nautique, à côté d’un grand stationnement, point de
départ d’un beau tour de l’île déroulant lentement le ruban du chemin Royal.
L’église a la forme d’une croix latine avec un transept et des croix latérales.
En 1700, la paroisse est desservie par un missionnaire ; au même moment,
cette année-là, arrive le premier curé à Saint-Laurent. C’était un
curé-résident, l’abbé François Poncelet. Le 27 août 1714, l’église
est érigée canoniquement et le 27 juin 1759, l’église est épargnée du
saccage de l’armée britannique.
En somme, par la richesse de son histoire et de son
patrimoine religieux, l’île d’Orléans, microcosme du Québec, est aussi la
gardienne de ce que nous avons fondé de meilleur, individuellement et
collectivement ; ses églises en sont un exemple, de même que ses croix de
chemin, ses chapelles, ses cimetières et ses presbytères. Pour en mesurer toute
la profondeur, il faudrait remonter jusqu’à Jacques Cartier, débarqué sur l’île
il y a longtemps, en 1535; l’île s’appelait alors Windigo « le coin
ensorcelé », en algonquin. Depuis, une présence surnaturelle l’habite,
c’est certain, comme si un ange, ou une bonne étoile veillait sur elle et sur
nous toutes et tous pour l’éternité.
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