Revue de livre par Joanne
Marcotte
Denise
Bombardier avait raison. Lire le dernier essai de François
Ricard, Moeurs
de province, rend heureux.
Comme je ne suis pas une critique littéraire, je vous réfère
plutôt à l’article
de Daniel Lemay ou encore au passage
de Madame Bombardier à l’émission Culture Club avec René-Homier Roy.
Je vais toutefois me faire plaisir en vous confiant que
François Ricard m’a fait sourire, réfléchir et surtout fait jalouser les élèves
du département de littérature de McGill qui ont pu jouir de son enseignement.
Je termine ce livre avec une nouvelle curiosité et avec une
appréciation de la générosité qui caractérise une écriture aussi claire,
limpide et fluide que la sienne. Les chapitres "Ego trip", "Une
soirée de lecture à la maison" et "Le sexe des
anges" ne m’ont pas seulement fait sourire mais ont
provoqué chez-moi l’absolue nécessité de partager l’expérience avec
l’insatiable lecteur qu’est mon conjoint, impatient de le lire à son tour.
Observateur sans complaisance ni indulgence de la scène
québécoise, Ricard traite avec un humour épicé de pointes d’ironie les
phénomènes dont les médias ont fait grand cas ces dernières années: les vitres
givrées du YMCA, le phénomène "Occupy", le printemps 2012 dont
"certains, sans craindre l’abus de langage, ont osé appeler "le
printemps érable"", le phénomène "Indignez-vous",
l’hypothétique "anti-intellectualisme",etc.
Bien qu’une province jouisse du luxe "de ne pas se
trouver aux commandes du monde", (comme l’exprime le 4e de couverture du
livre), Ricard s’interroge néanmoins sur l’avenir de la langue française et de
la littérature québécoise. Le passage sur le concept de "responsabilité de
la littérature" est particulièrement intéressant.
Enfin, la dernière partie du livre intitulée
"Rencontres" nous fait pénétrer dans l’intimité de Ricard qu’on
aimerait bien rencontrer davantage par le biais de textes subséquents qu’il
pourrait publier sur Internet qu’il a dû se résoudre à apprivoiser. En réponse
à Lettre sur la petite vieillesse, j’ai envie de lui dire qu’il n’est
pas assez vieux pour qu’on se passe du plaisir de le lire et à regarder notre
vie de provinciaux à travers la lorgnette de son implacable, mais tout de même,
délicieuse lucidité.
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