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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

07 décembre, 2012

Santé : l’heure des choix


Revue de livre par Joseph Facal


Des fois, c’est aussi au citoyen de faire son effort. Alors aujourd’hui, je vous donne une sorte de devoir à faire.

Si vous voulez comprendre les causes des problèmes qui affligent notre système de santé, si vous vous demandez ce que l’on devrait faire, de façon réaliste et concrète, lisez le petit livre de Claude Castonguay, intitulé Santé : l’heure des choix, publié chez Boréal.

Diagnostic

En 195 petites pages, tout est là, exposé de façon sereine et réfléchie, sans cris ni idéologie, mais avec un solide attachement à des valeurs d’équité, de solidarité… et d’efficacité. C’est à mon sens irréfutable.
Non, l’auteur ne plaide pas pour un démantèlement du réseau public au profit du privé, mais pour que l’on accepte de regarder la réalité en face, de changer en profondeur, de se soucier des patients avant les slogans idéologiques, de s’inspirer de ce qu’on fait dans des sociétés qui réussissent infiniment mieux que nous, de ne plus tolérer les indignités que l’on impose à des humains au nom du «système».

Il faut, dit l’auteur, changer complètement la façon de financer, freiner la croissance des dépenses, revoir les services que le régime devrait couvrir et ceux qu’il ne devrait pas couvrir, débureaucratiser, décentraliser, ne plus tout concentrer dans les hôpitaux, revoir la rémunération des médecins et le partage des tâches entre professionnels, et desserrer l’emprise des groupes de pression.

Oui, je sais, vous avez déjà entendu tout cela. Mais ici, c’est expliqué, illustré, démontré. Au passage, des idées reçues sont déboulonnées : non, le Québec ne vit pas une pénurie de médecins. Et non, plus d’argent n’est pas la solution. Et non, ne croyez pas ceux qui vous disent qu’on fait des progrès sérieux.
Quelles sont les chances que tout cela devienne réalité? J’aimerais tant me tromper, mais je pense qu’elles sont très faibles.

Peu probable

La preuve a été faite mille fois : le courage n’est pas payant en politique. Les éditorialistes vous félicitent, mais les groupes d’intérêts vous crucifient et les électeurs vous achèvent.

Nous entrons aussi dans une période où les gouvernements minoritaires élus avec l’appui de guère plus du tiers de l’électorat seront plus fréquents. Leur faiblesse les confinera à l’impuissance. Les tractations entre les partis seront faites dans un esprit partisan et non avec l’intérêt général en tête.

Enfin, l’information-spectacle en temps réel et ces égouts à ciel ouvert que sont les médias sociaux empêcheront une discussion calme et approfondie de questions complexes. Ils seront cependant parfaits pour faire peur.

Pensez-y : une société qui, depuis des décennies, n’arrive pas à régler une question comme celle des droits de scolarité sans sombrer dans le psychodrame est-elle prête à prendre à bras-le-corps le chantier mille fois plus compliqué de la santé ?

Vous avez deviné ma réponse.

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