Jean Charest est prêt à tout pour atteindre les objectifs de
réduction des GES que s’est fixés son gouvernement. Encouragé par les gourous
écologistes, il a donc décidé que l’autobus de l’avenir serait électrique et en
aluminium. Le
gouvernement va investir 30 M$ pour financer le développement de deux autobus.
Quinze millions de dollars par autobus ça peut sembler un peu cher, mais comme
disent les Anglais notre premier ministre n’hésite pas à « put his money
where his mouth is ». C’est l’argent des contribuables, mais c’est tout comme
si c’était le sien.
Décidément, les politiciens savent des choses que nous
simples contribuables ne pouvons pas comprendre. Si les plus grands manufacturiers
d’autobus ne jugent pas à propos d’investir leur propre argent pour développer
des autobus électriques en aluminium, c’est certainement parce qu’ils n’ont
rien compris eux non plus. Alors, nos généreux politiciens doivent les motiver
en leur distribuant notre argent, car c’est bien de notre argent dont il
s’agit.
Mais ne serait-ce pas plutôt le contraire? Les
manufacturiers savent peut-être quelque chose que nos généreux politiciens ne
savent pas. Peut-être que les risques du projet sont trop grands compte tenu de
l’état actuel des technologies impliquées?
Dans le domaine des véhicules électriques, le fiasco de la
Volt a de quoi faire réfléchir les plus optimistes.
Le projet de production de la Volt est né dans la foulée des
négociations du sauvetage de GM par le gouvernement américain. Là comme ici, les
politiciens savent des choses que ni le monde des affaires ni les contribuables
ne peuvent comprendre. Aussi, en échange d’un investissement dans l’entreprise,
les politiciens ont exigé que GM prenne le virage écologique. De là est née la
Volt et c’était un bien petit prix à payer en échange d’un chèque de 36,1 G$.
Mais voilà que GM
annonce la suspension de la production des voitures Volt. Les ventes sont
anémiques et la Volt encombre les stationnements des distributeurs.
Oups! Que s’est-il passé? Est-ce que les consommateurs américains
sont des ingrats? Refusent-ils de suivre leurs politiciens qui se dévouent corps
et âmes pour eux?
Bien au contraire, les consommateurs savent compter. Les
économies de carburant sont insuffisantes pour compenser le prix d’achat
de la Volt. Pourquoi paieraient-ils 40 000 $ pour un véhicule qui vaut
25 000 $ et qui, tout au long de sa vie utile, permettra à son propriétaire d’économiser moins
de10 000 $ d’essence? C’est ce qui explique pourquoi GM a vendu seulement
7 671 Volts en 2011 et 1 626 au cours des deux premiers mois de 2012.
À ce rythme, GM abandonnera la production de la Volt après les élections
présidentielles. Ayant bénéficié des largesses du gouvernement, les dirigeants
de GM n’oseront pas torpiller la campagne d’Obama en faisant des mises à pied
quelques mois avant les élections.
Mais soyez rassuré, le fiasco de la Volt n’aura aucune
influence sur notre projet d’autobus financé par nos politiciens verdoyants. Le
succès du projet ne dépend pas des consommateurs mesquins et avares. Ces
autobus seront achetés par des politiciens dévoués et bien informés pour qui le
prix n’est jamais un critère de décision. Ils ne sont pas avares eux.
De plus, nos politiciens, on le sait, ne prennent jamais de
risques inutiles avec l’argent des contribuables. Le projet a reçu l’aval des
écologistes et tout le monde sait que s’il existe un groupe capable de prédire l’avenir ce sont eux. S’ils peuvent prédire une augmentation de température de
1 à 2 degrés dans cent ans, ils doivent bien savoir quel sera l’autobus de
l’avenir dans cinq ou dix ans.
Ouf! Je suis soulagé, ils ont vraiment pensé à tout. Pour
une fois, l’argent des contribuables ne sera pas gaspillé!
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