Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

19 mars, 2010

Santé : y a-t-il de l’espoir?

Louis Langelier, étudiant à l’UQUAM, a analysé la saga du dossier de la corruption dans l’industrie de la construction à la lumière de la théorie de Bill Moyer : Moyer’s 8 stages of successful social movements. Un texte fort intéressant que vous pouvez consulter ici.

Si on utilise la même théorie pour établir où on en est avec le système de santé, on conclut que nous sommes probablement à la fin de l’étape 6.

Malheureusement, il faudra encore patienter avant que les vrais changements se matérialisent.

Étape 1 : tout semble normal. Le problème existe, mais la population en général n’en est pas encore consciente. Cette étape couvre approximativement la période 1975 à 1985.

Étape 2 : les efforts pour corriger la situation sont infructueux. Une vague d’opposition s’amorce; les pouvoirs en place soutiennent le statu quo. Le gouvernement Bourassa commande le rapport Rochon (1988).

Étape 3 : les conditions devant conduire à un changement s’accumulent. Le gouvernement ignore le rapport Rochon. Les coûts du système de santé mettent en péril les finances publiques. Le gouvernement n’a d’autres choix que de faire des coupes drastiques. La détérioration du système s’accélère. Le gouvernement Bouchard commande le rapport Clair (juin 2000). Le rapport est aussitôt tabletté.

Étape 4 : le décollage (take-off). Un évènement déclencheur vient mettre en lumière une violation de valeurs sociales profondes. Le 9 juin 2005, la Cour Suprême du Canada rend son verdict dans le litige Chaoulli c. Québec. Les quatre juges majoritaires de la Cour Suprême du Canada statuent que l'interdiction de souscrire une assurance privée menace directement le droit à la vie et à la sécurité des patients. Selon eux, les délais inhérents aux listes d'attente dans le système public augmentent la souffrance de certains patients, peuvent rendre leurs blessures irrémédiables, voire entraîner leur mort.

Étape 5 : perception d’échec. Réagissant aux menaces des groupes de pression, en particulier les syndicats, le gouvernement interprète le jugement de la Cour Suprême le plus étroitement possible et limite son application aux chirurgies de la hanche, du genou et des cataractes. Fort de cette victoire. Les syndicats redoublent d’effort pour protéger leurs acquis.

Étape 6 : l’opinion publique devient favorable. Le mouvement devient un véritable combat à long terme. Chaque jour amène son lot de dénonciation. Chroniques, éditoriaux, blogues, enquêtes, etc. sont unanimes et dénoncent l’inaction du gouvernement. Le gouvernement commande le rapport Castonguay pour apaiser l’ire de la population (février 2008). Il est aussitôt tabletté.

La crise économique met en évidence l’inévitable : le système de santé bouffe 45 % du budget et croit deux fois plus rapidement que l’économie. La population voit pour la première fois le mur qui se rapproche à vitesse grand V.

Deux cas particulièrement pathétiques de décès dus à l’ineptie du système galvanisent l’opinion publique. Tous dénoncent l’inaction du gouvernement.

Étape 7 : les changements deviennent réalité. Il est plus coûteux pour le pouvoir en place de maintenir sa position que d'en adopter une nouvelle. Le pouvoir en place abandonne la stratégie de l’opposant et propose des changements visant à satisfaire l’opinion publique. Il est probable que 2010 marquera le début d’un vrai changement.

Étape 8 : le cycle recommence.

Aucun commentaire: