La saga du remplacement des voitures de métro est le dernier d’une longue liste de projet (la 30, les trains de banlieue, la rue Notre-Dame, la liste complète) qui démontre que nos politiciens, tout parti confondu, sont incapables ou ne veulent pas gérer en fonction des intérêts de la population.
Est-ce vraiment de l’incompétence ou serait-ce plutôt que les politiciens ont troqué le rôle de représentant des intérêts de la population pour celui de représentant des groupes d’intérêt?
Prenons, à titre d’exemple, le cas du projet de remplacement des voitures de métro. La défense des intérêts des usagers et des contribuables exigeait que ce projet suive un processus de soumission serrée pour obtenir le meilleur rapport prix/qualité. Mais le gouvernement a jugé opportun d’imposer à la STM une négociation de gré à gré avec Bombardier. Il est évident que le but visé était de favoriser les intérêts de Bombardier et de son syndicat même si cela devait se faire au détriment des usagers et des contribuables.
Mais Alsthom ne l’entendait pas ainsi et la justice lui a donné raison. Au lieu de profiter de l’occasion pour remettre le projet sur les rails, le gouvernement a récidivé. En permettant à Alsthom et Bombardier de former un consortium, la STM perdait tout pouvoir de négociation ce qui, encore une fois, favorisait les intérêts du consortium au détriment de celui des usagers et des contribuables.
Il est arrivé ce qui devait arriver. Devant un client aussi accommodant, pourquoi Alsthom et Bombardier se seraient-ils gênés pour multiplier les marges.
Les prix proposés par le consortium étaient tellement hors norme que le PLQ a craint de soulever l’ire de la population. Pour une deuxième fois, au lieu de profiter de cette nouvelle occasion pour remettre le projet sur les rails, le gouvernement a préféré multiplier le projet par trois en le faisant passer de 342 voitures à près de 1 000. Ainsi, il devenait possible de berner la population en camouflant l’augmentation indécente des prix dans un nouveau projet beaucoup plus important.
Heureusement, ce changement ne respectait pas les règles du droit international. La STM a donc dû refaire ses devoirs. Les Chinois et les Espagnols ont profité de l’occasion pour participer au processus de soumission.
La STM sera donc probablement obligé de revenir à la case zéro et reprendre tout le processus en respectant les règles de l’art comme cela aurait dû être fait dès le départ. Le gouvernement en profitera-t-il pour finalement remettre le projet sur les rails ou cherchera-t-il une autre façon de favoriser les intérêts du consortium Alsthom/Bombardier?
Au fur et à mesure que les délais s’accumulent le service se détériore. La STM en est rendue à devoir planifier l’addition de centaines d’autobus pour pallier aux pannes de plus en plus fréquentes du métro dues à la vétusté des voitures.
En plus, cette saga a déjà coûté des centaines de millions aux contribuables et la caisse enregistreuse continue d’additionner les frais de toutes sortes à vitesse grand V.
Tout ça pour favoriser au départ les intérêts de Bombardier et de son syndicat.
Vraiment, nous n’avons rien à envier aux républiques de bananes.
P.S. Où sont les partis d’opposition dans ce dossier, eux qui sont si prompts à déchirer leur chemise sur la place publique pour tout et rien. Craignent-ils de perdre les généreuses contributions de Bombardier ou de soulever la colère du syndicat?
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