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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

10 octobre, 2007

Éducation et aide internationale

Louise Labrecque


Les critères et valeurs qu’appelle la mondialisation doivent être engagés dans un processus concret et équitable, pour promouvoir l’éducation dans le monde. La banque mondiale, depuis 1983, travaille à cet aspect important de l’équitabilité, en octroyant par exemple des prêts (ou microcrédits) aux initiatives locales. Quelque 25 pays sont maintenant partenaires et sont impliqués activement dans l’initiative individuelle et collective d’une nouvelle vision équitable. En effet, aider les pays à développer des compétences permettent de construire un monde où le savoir est démocratique, accessible et innovant. L’objectif du ministère de l’Éducation est d’atteindre 2015 avec 88 pays ayant reçu l’éducation primaire à tous, voir plus. En effet, la formation supérieure étant le moteur du développement économique, l’UNESCO s’implique aussi largement dans cette démarche.


Plus près de nous, l’approche réflexive en éducation et dans la formation des maîtres est importante et on doit pouvoir mettre davantage de l’avant les initiatives des gens sur le terrain, pour intégrer concrètement les réflexions dans des projets éducatifs. Les nouveaux programmes et référentiels, avec la mise en applications de douze compétences biaisent la notion même de la réflexion, au cœur des apprentissages et surtout, mis à part la résistance évidente des structures, cela n’apporte rien de constructif, concrètement, pour les luttes à la pauvreté et aux inégalités. Lorsque l’on songe à l’approche réflexive, il devrait également être possible d’y inclure des options, pour abattre les clivages et clichés.


En Afrique, l’enfant d’âge préscolaire, n’a pas, face aux adultes, le droit de parole. Il ne pose donc pas beaucoup de question, mais l’ambiance est conviviale. En ce sens, la nécessité de comprendre la culture sociale propre à chaque pays est importante, car les préjugés doivent être combattus, et ce, à long terme. Dans certains pays, la majorité de la population est en état de survie. Il y a une course perpétuelle dans ce but. Les traditions du cercle familial y sont donc larges, et tout le monde s’entraide et s’occupent des enfants. Toutefois, dans certaines familles, il y a beaucoup d’enfants (peu ou pas de planifications des naissances, polygamie), les bambins vont donc travailler à la ville et les trafiquants en profitent pour exploiter les enfants. Par exemple, au Gabon, pays un peu plus riche, quelques petites filles seront domestiques dans les familles, et victimes de mauvais traitements. Une voie de trafic d’enfants vers le Gabon, en pirogue, crée beaucoup de décès. Les petits garçons quant à eux, iront sur les plantations, dans des conditions épouvantables. De plus, l’esclavage d’enfants, notamment 400 000 au Togo, 500 000 au Bénin, selon des sources d’ONG, doit soulever notre attention pour l’établissement de luttes concrètes sur le terrain. Il est en effet facile d’imaginer l’ampleur du problème, qui dépasse l’entendement. L’éducation est aussi à faire dans les familles, pour convaincre les parents « de reprendre » les enfants, de les envoyer à l’école. L’État congolais a voté une loi en août 2005, et des conventions universelles avec L’UNICEF, pour le droit des enfants. Par contre, ces lois ne sont pas appliquées, c’est la langue de bois dans ces pays, car la survie, la pauvreté est telle qu’il n’y a pas d’autres solutions. Il est donc impératif de s’occuper à résoudre le problème de la misère en Afrique. Le jour où la logique sera de répartir les richesses et donner de l’argent à ces pays, nous pourrons voir naître un monde nouveau. L’effort d’y croire et de travailler pour ce changement d’optique, travailler pour encadrer des projets en ce sens et faire le nécessaire pour combattre l’esclavage des enfants, voilà un grand pas. Les rapports accablants, notamment dans les engagements internationaux, doivent être sévèrement jugés, car sans ce partenariat, il est impossible de voir des résultats concrets sur le terrain.


Dans certains pays, notamment en Afrique de l’Ouest, il y a beaucoup d’enfants séropositifs. Cette réalité doit également être prise en compte dans les programmes éducatifs.


Éducation ! Éducation ! Éducation !


Le renouveau pédagogique à travers le monde éprouve de sérieux problèmes dont il faut en prendre bonne note, car outre la pénurie d’enseignants, les implications réelles font cruellement défaut. Le nombre d’élèves par classe représente, bien souvent, un casse-tête pour les enseignants et la détresse de ceux-ci se révèle exponentielle. Même au Québec, on se retrouve avec des classes surchargées et le nombre de jours d’absences des enseignants pour cause de maladie et autres, est un problème majeur. Comment peut-on passer sous silence les débats houleux de ces dernières années ? La rénovation devrait, en principe, appeler une nouvelle pédagogie. Or, dans les faits, ce n’est pas le cas. Les nouvelles formes d’apprentissages appellent de toute urgence l’implantation des TICS à l’éducation, notamment au secondaire et la mise en place d’un réel réseau d’aide à distance.


L’utilité du savoir comme condition sine qua none de la connaissance est-elle une partie du problème, notamment au collégial et à l’université ? Évidemment, dans les pays en développement, l’analyse se positionne sous un autre angle, tant l’actualisation de soi n’est pas la priorité face aux enjeux de survie. Comment créer l’équilibre au travers une vision équitable de l’éducation dans le monde ? Les systèmes scolaires doivent s’ajuster aux réalités et aux propositions pédagogiques. Évidemment, revoir les méthodes d’enseignement prend du temps, c’est pourquoi il faut plus que jamais s’activer de façon à ne plus perdre une minute.


Une question d’éducation : lutte à la pauvreté


En effet, comment peut-on fermer les yeux sur les enfants pauvres du Mali, qui doivent parcourir en moyenne huit kilomètres pour se rendre à l’école ? Et toutes ces femmes et ces enfants, qui n’arriveront à atteindre une clinique médicale qu’au bout de 23 kilomètres ? Et pire encore, pour retrouver, la plupart du temps, la clinique vide, faute de médecins ! Même chose pour les enseignants, par exemple en Inde et en Éthiopie, 45 % des enseignants sont absents au moins un jour par semaine, et 10 % d’entre eux trois jours et plus. Cette situation ne fait qu’envenimer une situation difficile, comme l’affirme monsieur Jean-Louis Sarbib, nouveau président de la banque mondiale et ancien vice-président de la Banque pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord : « Il est indispensables d’offrir aux pauvres dans le monde des services vitaux comme la santé et l’éducation, si on veut faire des progrès rapides en matière de développement humain ». Malgré qu’il semble y avoir des améliorations notables particulièrement en Indonésie et en Ouganda, ou la population pauvre s’est vue offrir des écoles, grâce à de l’argent accumulé dans les réserves pétrolières ; dans les faits, ces pays affichent un taux énorme d’analphabétisme et il est stupéfiant de constater le nombre d’enfants errants dans les rues. Comment cela se fait-il? Où est le problème ? En réalité, ces programmes maintiennent l’étau serré sur les pauvres, les laissant sans voix et sans pouvoir. Les endroits ou la population s’organise, parle, lutte et s’investit dans les programmes d’aides donnent de bons résultats, encore faut-il un travail d’éducation populaire, « sur le terrain », en amplifiant la voix des citoyens par un plus grand accès à l’information, une libéralisation de la presse et une véritable démocratie. Je rêve ou bien des millions de personnes dans le monde sont elles à ce point nié dans leurs fondements humains qu’elles ne puissent plus avoir un espace de débat démocratique ? L’assujettissement humain n’est pas une logique sociétale acceptable et je dis non, je redis non, encore et toujours non à cette perversion qui se donne des airs de sainteté. La nouvelle latitude qu’appelle la globalisation mérite la défense de l’individu, toutes formes d’exceptions incluses et cela doit interroger incessamment les objectifs et contenus affichés en lutte pour la démocratie mondiale.


Au nom du peuple toutes les ignomies sont permises, au nom de la liberté que fait-on ? Ce n’est plus la volonté imposée par l’État qui doit préfigurer le décloisonnement de la pauvreté, mais l’individu au cœur de l’enjeu, dans une dynamique de démocratie culturelle. Les hommes ont, de tout temps, selon leurs capacités et compétences, trouver des solutions propres à leurs cultures, pourquoi irions-nous jusqu’à nous mêler des façons de faire des ces gens ? Au nom de quoi assujettir l’esprit décisionnel d’un pays pauvre, qui lutte pour trouver des solutions respectant ses valeurs et sa culture ? Les collectivités sont conscientes et responsables de leurs conditions. L’aide internationale est un outil indispensable et en ce sens, nous devons défendre un droit de coconstruction des politiques culturelles. La pauvreté dans le monde doit rompre avec ses choix antérieurs effectués en un temps ou l’idée nouvelle « croissance propauvre » était un véritable paradoxe vivant : croissance et pauvreté ! Deux mots tellement opposés aux besoins criants de la population, sur le terrain, que je dis : assez de la langue de bois ! Vraiment, j’en ai assez, on tourne en rond avec toujours les mêmes problèmes récurrents, les mêmes idéologies fallacieuses, le même disque rayé, à l’infini. L’implacable sur l’horreur, c’est cela : l’insulte suprême faite aux pauvres du monde entier. La majorité de la population mondiale, humanistes crétinisés qui pensent que les pauvres, dans la rue, vivent ainsi parce qu’ils aiment cela ! Cette femme assise par terre avec une tirelire à la main, tu passes sans même la regarder, pire, en détournant la tête. C’est ça le fondement du problème, il ne faut pas le moraliser, mais le prendre de face, sans le rendre caricatural, mais bien incarner dans le réel : cela existe vraiment ! Une partie du monde entier crève de faim, de soif, et d’insalubrité, alors qu’on ne me parle pas de croissance propauvre dans un congrès d’intellectuels qui, sous des airs de fausse humilité indigeste, ne pensent qu’à se branler intellectuellement à qui mieux mieux.


Solutions


Au cœur des grands enjeux de développement, une prise de conscience culturelle par rapport à l’ éducation est plus que nécessaire, non seulement pour une réflexion active de lutte à la pauvreté dans le monde, mais aussi, et surtout, pour l’investissement massif de contributions que ce développement suppose pour l’élaboration d’une société civile en pays sous-développés. La nécessité d’alimenter le débat international sur les différentes dimensions du développement durable est une responsabilité individuelle. Chacun de nous doit éveiller sa propre conscience pour un éveil collectif, dans le respect des libertés individuelles. Comme le diction chinois «ne donne pas un poisson à celui qui a faim, apprends-lui à pêcher » par extension, les outils de production ne manquent pas, mais la volonté d’y arriver est d’abord individuelle. C’est au cœur de l’homme que se trouve la solution. L’implantation des TICS en pays pauvres est un bel exemple du type d’action et stratégie à mettre en place, à grande échelle, pour réduire la pauvreté. Dans cet esprit, créer un pacte social mondial n’est pas une bonne idée. Je dénonce ce cynisme désabusé qui inonde la tribune de nos culpabilités. L’aide humanitaire est un mouvement individuel, et ne devient collective que dans une logique sociale oubliée : L’homme au cœur de l’homme. Pourtant, la loi du plus fort, la sélection naturelle, toutes idéologies moralisatrices face au flux financier, oublient la quête des bons outils permettant à l’homme d’être libre dans une vision de développement durable, une logique d’exploration. Le désespoir ne doit plus être une option et l’on doit promouvoir des partenariats publics/privés qui seront autant de modes, normes, valeurs, modèles, qu’il y a d’individus. L’eau gratuite et accessible à tous, une justice sociale globale, un enjeu mondial : l’éducation pour tous. Nous pouvons concentrer l’aide pour recréer une vision qui tient compte de l’individu et son pouvoir individuel en tant que tel, dans un respect de son unicité. Parce qu’une société forte est d’abord le résultat d’individus forts. Culturellement, la mutation de l’aide humanitaire doit maintenant créer un état de lieux propice à cette émergence de l’homme libre. L’aide internationale, financière de ce développement, gagne en crédibilité face aux désespoirs grandissants des bilans antérieurs. La justesse d’analyse que l’on confond sans cesse avec l’objectivité a le don de me donner des boutons. La misère est un enjeu politique, alors qu’on arrête de nous raconter n’importe quoi. L’abus de pouvoir qui est fait à ces gens-là, sous prétexte qu’on les aide financièrement, est insupportable, pire que la mort. Alors, on s’étonne des résultats peu significatifs des campagnes mondiales antipauvreté ? Je pourrais en rire si c’était drôle, c’est l’extrême limite de toutes les limites, un scandale démocratique qui perdure et perdura tant que l’individu n’aura pas retrouvé sa valeur. La confiance aveugle en des dogmes, religions, incluant le christianisme, crée une société nihiliste et nous avons raison d’être en colère. Les faits, je vous en prie, n’oublions pas les faits ! La pauvreté dans le monde existe encore, et elle tourbillonne dans la rue, dans le froid, dans la faim et la misère perpétuelle. Du haut des tours, les grands spécialistes de l’état du monde parlent de « La Crise ». Comment pourrait-il en être autrement ? Avec d’éternelles mesures pour aider le collectif, on se donne bonne conscience, on met un baume –« oui oui c’est de l’aide » -, mais l’individu, privé de tout pouvoir décisionnel, passe de l’espoir au désespoir, de l’impuissance au désabusement ; il s’avoue vaincu et le reste du monde ferme les yeux. Nous sommes des complices si on ne crie pas notre indignation.


Bref, « La nature de l’homme est mauvaise -dixit Spinoza - et il est illusoire de changer la nature de l’homme afin de leur donner leur vraie humanité ». Qui êtes-vous bandes de philosophes pour décider de la nature du cœur de l’homme ? L’organisation hypocrite de la souffrance des pauvres est une mise en scène parfaite des idéologies. Si l’ordre social est à ce prix, je salue bien bas l’ironie et la naïveté politique du commun des mortels. En effet, comme il est puéril de se gargariser de bonne conscience par des gloussements de satisfaction parce qu’on aide, -« oui oui on aide » - les pauvres, mais on ne s’indigne pas, non, on ne s’indigne pas plus que cela finalement et on s’habitue à voir la misère partout, comme si c’était naturel. On réduit son cri à l’analyse pragmatique des faits et à manger des sushis sur canapés comme si le bonheur communisme n’existait pas. Et on fait de l’ironie en dénonçant des ravages foutus d’avance. Rien ne sert de chercher des coupables, écrire sur la misère du monde, s’indigner, mais vous n’avez pas compris que c’est foutu d'avance ? L’ambiguïté des « hommes politiques à conscience sociale » est insultante pour la majorité des personnes intelligentes de ce monde. Le fatalisme qui en résulte sera un boulet énorme, qui n’a pas fini de peser lourd sur la liberté et le pouvoir de celle-ci, concrètement, dans les faits. Les riches et les pauvres ne sont pas une classe homogène, l’écart se creuse, et l’ampleur de ce phénomène éclaire, à sa juste mesure, sans faux-fuyants, une simple réalité : bienvenue en enfer !


Le véritable humanisme, loin du pathos, n’en est pas devenu pour autant un monstre de pragmatisme et de rhétorique creuse. Politiquement, il suit une logique des discours, mais sans marginalisation d’individus dits « hors normes ». Notre mort sociale ce serait cela : un miroir sur notre morbide politique culturelle faisant de l’individu pauvre un être sans objectivité, un pauvre de plus, une masse politique à manipuler pour un conformisme du « politicly correct » ou « rhétoriquement correct »comme fondement facile de notre altérité, de nos prêts-à-penser raisonnables, et par-dessus tout de notre illusion béate de ne pas être manipulés, ce qui relève autant de la bêtise que de l’ignorance crasse des principes humains à la base même de l’humain.

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