Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

24 octobre, 2007

Bureaucratie et immobilisme

Les défis qui confrontent les entrepreneurs sont nombreux et difficiles à surmonter. Le rôle des bureaucrates est de leur faciliter la tâche. Malheureusement, trop souvent ils sont une embûche de plus que l’entrepreneur doit surmonter.

Le mercredi 10 oct 2007
LE SOLEIL - POINT DE VUE
«Les gens de Québec dorment en attendant un sauveur»
Karl A. Talbot
Président, directeur généralNemex Network Corporation / Corporation Réseau Nemex

Après les événements des derniers mois, je crois qu'il est temps pour moi de prendre l'occasion de «mettre les pendules à l'heure» comme homme d'affaires.

Pour obtenir, préparer et réaliser la venue de Bill Clinton à Québec ou développer des relations d'affaires avec des équipes d'une telle envergure, il nous a fallu travailler d'arrache-pied et passer par une enquête complète menée par l'équipe Clinton et les services secrets américains, tant sur la compagnie que sur tous nos employés, de même que sur nos administrateurs. Lorsque nous avons eu la confirmation de sa venue, il nous a fallu nous battre pour obtenir les collaborations souhaitées à Québec. Nous dérangions sans doute l'establishment... La seule ville qui demande : «Combien il coûte??? »

Pour ce qui est de notre dossier Red Bull Air Race, croyez-vous vraiment qu'une multinationale du calibre de Red Bull n'a pas, elle aussi, fait enquête pour savoir si nous étions une entreprise sérieuse et déterminée; si nous avions les compétences requises pour traiter un tel dossier? Croyez-vous vraiment qu'ils laissent à n'importe qui le mandat de les représenter alors qu'ils génèrent plus de 2 milliards $ de ventes par année à travers la planète? «Wake up» les grands penseurs de Québec...

Ça fait plus d'un an que nous travaillons le dossier avec Red Bull. J'ai hélas eu la naïveté de penser que d'obtenir des événements d'envergure internationale à Québec pouvait se faire dans un climat de bâtisseurs à l'aube d'une fête qui devrait être historique. La ville de Québec a bâti l'Amérique que nous connaissons; pas les voisins, nous, notre ville. Et l'on dirait que tout le monde dort et attend un sauveur.

Pas le droit de rêver ici...

À Québec, quand tu commences, t'es un rien. Tu n'as pas le droit de rêver de devenir gros et encore moins d'aspirer à la réussite internationale. Aux États-Unis, avec ce genre de rêve, tu es vu comme un bâtisseur. Le village préfère partir des rumeurs et essayer de miner la crédibilité des bâtisseurs qui travaillent jour et nuit pour développer et créer la richesse dans la ville. Ce week-end, un partenaire d'affaires américain me demandait pourquoi je m'acharnais à vouloir garder mon siège social à Québec malgré tout, plutôt que d'aller à Los Angeles où tout le monde m'aiderait à bâtir. Simplement parce que je crois naïvement que l'on peut changer les choses. Et j'y crois encore, et je me battrai jusqu'au bout pour collaborer à la vie économique de Québec.

Pour en revenir au dossier Red Bull Air Race, la première de toutes les exigences de la multinationale pour la tenue d'une étape de la course était très simple, c'est d'être la bienvenue dans la ville où pourrait se tenir un tel événement. Sur 44 villes, une seule a su les insulter de façon publique et médiatique, en tenant de faux propos à l'égard d'un dossier qui était soi-disant mal monté. Ce dossier était monté de toutes pièces par les experts de Red Bull, avec la collaboration de Nemex. Il est déposé et accepté dans toutes les villes du monde, sauf...

Pendant plus de 3 mois, l'élément principal que l'équipe du Air Race voulait, c'était une lettre officielle de la Ville, signée par le maire de la ville, qui les invite et démontre qu'ils auront une collaboration de toutes les parties de la ville, incluant les services requis fournis. Mais tel que me l'a poliment expliqué le directeur général du Air Race à San Diego, lors de la dernière course, «la façon dont nous sommes accueillis dans une ville est toujours un indicateurs du genre de collaboration que nous aurons de cette ville pour l'événement». Et vlan !

Combien ça rapporte!

Et ils ont raison. Il aura fallu plus de trois mois afin d'arriver à presque qu'obtenir une simple lettre (que nous avons eu en moins de 48 heures de Lévis, signée par la mairesse de Lévis), pour apprendre qu'elle dormait tranquillement sur un coin de bureau, et le fax lui? Un document PDF peut-être? Un courriel? Comment expliquer que 43 villes à l'échelle de la planète arrivent à préparer et déposer des candidatures préliminaires complètes en moins de 3 semaines, sans avoir besoin de cahier de charge, et pas nous? Et nous avons la prétention de nous dire meilleur? Nous accusons un retard économique de 20 ans sur le reste du monde. À Québec, on regarde combien ça coûte... Ailleurs dans le monde, on regarde combien ça rapporte.

Parlons maintenant du 3 millions de dollars de frais d'inscriptions pour un événement diffusé dans plus de 100 pays (pour une fois, autre que le nôtre) à l'aube d'une fête qui est censée être historique? Nous avions couvert cet aspect afin de ne pas demander à la ville un tel montant, sachant le genre d'accueil que nous aurions eu, mais nous l'avons eu de toute façon. Toutes les villes le payent, c'est un investissement pour eux, non pas une dépense.

À peine deux semaines après la tenue du Air Race à Londres, le maire de la ville annonçait avec grande joie qu'il désirait obtenir l'événement dès l'an prochain et déposait lui-même la nouvelle candidature. Le message fut tellement bien accueilli, qu'il ait fort à parier que Londres sera désormais une ville permanente d'un circuit de Formule Un du ciel. Londres, qui n'a définitivement pas besoin de publicité pour attirer du tourisme, reprend l'événement dès l'an prochain. Espérons qu'en 2009, des multinationales et partenaires naturels de Nemex, tels Everlast, AEG Worldwide et bien d'autres auront un intérêt pour un tel événement, car je pense qu'il appartient à la ville et aux différents paliers gouvernementaux d'assumer cette dépense, surtout avec les taxes et impôts qui prennent 50% de nos salaires toutes les semaines.

Montréal a investi plus de 6 millions pour ne pas perdre un acquis, la Formule 1, mais surtout, ne pas perdre des dizaines de millions de retombées en économie locale pour des propriétaires de commerces qui payent des milliers de dollars en taxes municipales.

Des insultes en remerciement

Contrairement à ce que certaines personnes ont pu laisser croire, lorsque nous nous sommes présentés à la Ville de Québec, ce n'était pas un simple «flash». Non seulement notre dossier était conforme aux exigences de Red Bull, il a été classé parmi les meilleurs par la haute direction de cette compagnie d'envergure. C'est la raison pour laquelle ils ont décidé de lui donner suite. Nous avons rencontré les fonctionnaires de la ville. Je me suis fait traiter de menteur en pleine assemblée municipale, prétendant que nous n'avions jamais rencontré ces gens, jusqu'à ce que les preuves démontrent le contraire. Qui des deux devait fournir des excuses à qui? J'ai encaissé le coup. Je me suis fait traité de «coucou», de «cowboy» (pris comme un compliment dans ce cas-ci), «de joueur de trains électriques», «de quidam» et de quoi d'autres encore, sans broncher, par les plus hautes instances de la ville. J'ai pilé sur mon orgueil... pour leur donner une porte de sortie honorable, car l'enjeu était grand.

L'événement était plus important que la cause. C'est la seule ville au monde qui ait dit que les dossiers préparés par Red Bull étaient pourris, et exigé que tous les documents soient traduits en français pour y donner suite.

Des semaines d'efforts pour obtenir les résultats souhaités, car Red Bull est aussi un partenaire avec qui nous échangeons régulièrement, et tenir le Air Race durant le 400e les intéressait au plus haut point. Tellement, qu'une semaine après la visite en hélicoptère, ils sont revenus une seconde fois avec un expert pour débuter le plan de l'emplacement du site pour les 350 tonnes de matériels nécessaires à tenir une telle course. C'est là qu'ils étaient rendus. La démarche était donc des plus sérieuses.

Combien de villes peuvent dirent qu'elles ont eu 90 millions pour une fête? Sur les derniers milles, les jours, voire les heures comptaient. Or, la lettre promise n'entre pas. Que s'est-t-il passé ? Comment voulez-vous qu'on puisse se positionner à l'échelle mondiale avec des inconséquences de ce genre ?

Il faut se poser de sérieuses questions sur la gestion de la ville et le prochain maire a tout un défi à relever. Comment un fonctionnaire, payé à même nos taxes pour nous venir en aide, avec un filet de sécurité à vie, ose-t-il travailler contre nous en minant nos efforts et mettant en péril nos investissements ; nous qui travaillons sans filet à la sueur de notre front ?

Un leader, pas un suiveux...

Quand on pense qu'une ville de 15 000 habitants comme Interlaken, en Suisse, a réussi à accueillir le Red Bull Air Races à l'été 2007 en sachant que les retombées seraient de plusieurs millions à court terme, sans parler de la visibilité qu'elle s'est donnée à plus long terme. Québec était la seule ville à exiger que Red Bull défraie les coûts supplémentaires liés à la sécurité policière et à la ville. Pourquoi a-t-elle soudainement décidé d'appliquer une telle politique à Nemex et Red Bull alors qu'elle ne le fait pas pour d'autres événements qui ont beaucoup moins de visibilité que le Red Bull Air Race? Quel signe d'accueil donne-t-on par un tel comportement, surtout à l'occasion d'un événement comme celui du 400ie ? Et quand recevra-t-on la copie de la dite lettre? Où est passée cette lettre? Quel en était le contenu réel ?

Alors quand j'entends les aspirants à la mairie prôner la continuité dans la gestion de notre ville, je frémis. Vous voulez un maire de «continuité»? C'est un ou une leader dont la ville a besoin. Un leader fort, de calibre international tant en gestion qu'en développement économique et en protocole qui saura faire rayonner le 400e et la ville par la suite à travers l'Amérique et le monde. Les Américains, voisins naturels à quelques heures de voiture de nos frontières, ont des fortunes à venir dépenser ici. Plutôt, on se retourne vers la France. Quels efforts ont été mis pour aller les chercher ces voisins... ???

Générer plutôt que couper

Pour atteindre un équilibre budgétaire, il y a plusieurs moyens dont un qui est de toujours restreindre sans évoluer, et l'autre qui consiste à développer en allant chercher de l'argent neuf en revenus qui entre dans les coffres de la ville générés par des projets d'envergures. C'est ce genre de projets que Nemex veut développer pour sa ville.

Une nouvelle génération de développeurs se pointe. Il est temps que les choses changent car la planète, elle, a changé, et son économie aussi. Il faut des jeunes dynamiques qui vont secouer cette ville. Des gens qui n'ont pas froid aux yeux, pas peur de parler un anglais presque parfait et s'ouvrir au monde. Il faut des projets mobilisateurs et créateurs d'emplois et de richesses. Il faut que chaque Québécois se donne le droit de devenir riche. Et pour cela, il nous faut un leader, pas un «suiveux».

Nous avons réveillé bien d'autres villes avec notre style controversé. Nous avons réveillé nos propres concurrents. Nous ne serons pas les seuls à demander le Red Bull Air Races pour 2009. Consolation, nous étions les premiers au Canada à faire une demande, et notre dossier est déjà monté pour 2009. Nous avons donc une longueur d'avance sur la future compétition. Si nous le voulons, nous devrons nous repositionner avec force mais pas juste pour le Air Race, pour tout nouveau projet qui arrive dans notre ville. C'est maintenant que ça se prépare. Il appartient maintenant à la ville de démontrer sa volonté de les accueillir et de faire ses preuves car Nemex, elle, n'a plus à faire ces preuves auprès de ces partenaires...

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