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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

24 mai, 2007

Monopoles publics et droit de grève

Tant et aussi longtemps que le transport en commun sera géré par un monopole public, le droit de grève doit être aboli.

Les gras durs

Alain Dubuc
La Presse, 23 mai 2007

La grève des employés d'entretien de la Société de transport de Montréal aura de multiples conséquences. Elle perturbe la vie de milliers et de milliers d'usagers, souvent parmi les plus vulnérables de la société, immigrants, petits salariés, personnes âgées. Elle écoeure des centaines de milliers d'automobilistes aux prises avec la congestion. Elle menace l'intégrité des finances publiques municipales. Et enfin, elle compromet les efforts de Montréal pour donner aux citoyens le goût des transports en commun.

Et tout ça pourquoi? Pour que des travailleurs choyés maintiennent leurs privilèges et les fassent payer par d'autres travailleurs en général moins bien payés qu'eux. Pour que les gras durs restent des gras durs. Une caricature de la justice sociale. Solidarité: que de bassesses ne fera-t-on pas en ton nom!

L'administration municipale, on le sait, est au bout du rouleau. Elle a donc proposé un cadre financier serré, qui prévoit entre autres un gel des salaires pour cette année. Un cadre que les valeureux guerriers de la STM veulent défoncer. Quelles seraient les conséquences? Une augmentation des tarifs des transports en commun qui pénalisera les plus pauvres et qui compromettra l'essor des transports en commun. Ou une hausse des taxes foncières municipales, d'autant plus qu'une victoire syndicale affecterait la capacité de la ville d'imposer son cadre financier aux autres groupes de travailleurs.

On pourra pester ou se plaindre. Cela ne donnera rien si on ne s'attaque pas à la racine du mal. Car ce conflit n'est pas un accident. C'est la quinzième grève dans les transports en commun montréalais depuis quarante ans. Il y a là un pattern, qui ne peut manifestement pas s'expliquer par l'exploitation dont seraient victimes ces travailleurs ou par leurs mauvaises conditions de travail. Il s'explique par le fait que le cadre réglementaire et politique favorise ces conflits, qui sont objectivement rentables pour les syndiqués. Et c'est cela qu'il faut casser.

Les employés municipaux, de façon générale, vivent dans le meilleur des mondes. Ils ont les salaires du privé et les avantages sociaux du public. Ils sont payés 15% de plus que les employés du gouvernement du Québec, un écart encore plus important pour des catégories d'emploi que l'on retrouve à l'entretien de la STM, 18% pour les ouvriers, 24% pour les journaliers. Avec de belles retraites et full sécurité d'emploi.

Au nom de quelle logique des villes, cassées comme des clous, ou des organismes de transports en commun, sous-financés, payent beaucoup mieux leur monde que le gouvernement du Québec? Parce qu'elles n'ont pas le choix.

Les syndicats ont le droit de grève. Mais leurs vis-à-vis patronaux ne disposent pas des outils des employeurs privés, comme le droit de lock-out. Ils sont en plus impuissants, parce que les grèves surviennent souvent dans des activités essentielles, où il y a un monopole public et donc pas d'alternatives. Les administrations doivent céder tôt ou tard, et régler à grands frais parce que les longues grèves ne seraient pas acceptables.

Cette certitude de règlement relativement rapide, doublée du fait que les travailleurs ne courent aucun risque, puisqu'ils sont certains de retrouver leur job après le conflit, fait que les syndiqués ont le gros bout du bâton. C'est ce qui, par exemple, permet le terrorisme des cols bleus à Montréal.

D'autant plus que les villes ne peuvent pas, comme le gouvernement du Québec, imposer un retour au travail à leurs employés ou déterminer leurs conditions de travail par décret. Chaque conflit est essentiellement politique. Et il repose sur un pari. Que l'opinion publique, quand elle sera vraiment écoeurée du conflit, se retournera contre les élus municipaux et les forcera à céder. Voilà pourquoi les employés du secteur municipal, au mépris de la logique, sont mieux rémunérés que les employés de l'État québécois.

Au fil des ans, les gouvernements qui se sont succédé à Québec s'en sont lavés les mains. Et n'ont jamais soutenu les administrations municipales. Le gouvernement Charest adoptera-t-il cette fois-ci une autre attitude? Fera-t-il ce qu'il faut pour éviter que la métropole s'affaiblisse et pour aider la métropole dans son virage stratégique en faveur du transport en commun?

Il y a peut-être de l'espoir. Parce que le maire Gérald Tremblay veut faire preuve d'une fermeté indéfectible dans ce dossier. Mais aussi parce le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, veut forcer le gouvernement Charest à se tenir debout. Si les libéraux et les adéquistes, qui représentent presque les deux tiers des Québécois, se serrent les coudes, l'Assemblée nationale, pour la première fois, jouera son rôle pour soutenir la métropole, et pour venir en aide à ses habitants pris en otages.

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