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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

21 mai, 2007

Pénuries annoncées

Pourquoi les futurs médecins se laisseraient-ils écœurer au Québec alors qu’ils sont traités aux petits oignions ailleurs ?

Le lundi 14 mai 2007
Pénurie d'effectifs médicaux: à qui la faute?

L'auteur, le Dr Martin Bernier, est le président de la Fédération des médecins résidents du Québec.

Le Québec souffre d'une pénurie chronique d'effectifs médicaux. Récemment, le débat entourant l'accueil de médecins étrangers a refait surface et tous ont jeté le blâme sur le voisin, pour décrier le nombre restreint de ces candidats acceptés en résidence.

Qui du Collège des médecins, des facultés de médecine, des établissements de santé et/ou du ministère est responsable? Selon nous, tous ont une responsabilité, tous ont une volonté de trouver une solution, mais le dossier est complexe.

De surcroît, cette année, le Québec n'arrivera pas à combler les postes de résidence disponibles. Ce déficit d'admissions en résidence est inadmissible dans les circonstances. Cependant, bien qu'il soit trop tôt pour dégager une tendance, le gouvernement pourrait être en voie de démontrer que la façon qu'il a choisie pour gérer la formation médicale et la pratique de la médecine au Québec, est inefficace et néfaste à plusieurs égards.

Examinons de plus près les raisons qui ont pu entraîner la désaffection de 77 étudiants en médecine formés au Québec, qui ont préféré poursuivre leur formation ailleurs, principalement en médecine familiale.

1-Le gouvernement ne cesse de mettre en place des mesures restrictives qui amènent les médecins en formation à considérer d'autres options que celles offertes par le Québec. Si le nombre de places disponibles dans certaines spécialités est limité à l'entrée en résidence, pourquoi ne pas tenter sa chance ailleurs?

2-Malgré l'harmonisation des formations et des examens de certification entre le Collège des médecins et les collèges canadiens, la formation en médecine interne et en pédiatrie est de cinq ans au Québec, mais de quatre ans ailleurs au Canada.

3- Quant aux plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM), la modification constante et la rigidité des règles entourant la répartition des effectifs médicaux au Québec exacerbent les inquiétudes des médecins résidents et les pousse à rechercher d'autres options. On restreint l'installation dans certaines régions qui présentent de réels besoins, en limitant le nombre de postes aux plans régionaux d'effectifs médicaux. Et ces mesures sont de plus en plus connues des médecins en formation à l'extérieur du Québec. D'ailleurs, on note cette année une diminution du nombre d'admissions de candidats provenant de l'extérieur du Québec dans les facultés québécoises.

4- Les conditions de travail difficiles des médecins au Québec, en raison de la pénurie de main-d'oeuvre, l'adoption de lois spéciales limitant le droit à la négociation et à la rémunération, sont aussi des raisons qui influencent le choix des médecins en formation.

5- La pratique actuelle, avec le manque de ressources et le manque de disponibilité de certains plateaux techniques, devient aussi un irritant majeur.

Trois solutions ont été mises en place pour contrer la pénurie de médecins. D'abord, la maximisation du nombre d'entrées en médecine. Les facultés de médecine ont rapidement comblé leurs places d'accueil, mais ont dû, pour répondre à la demande, développer des campus satellites et des unités de médecine familiale à travers tout le Québec, amenant ainsi les médecins résidents à être formés sur l'ensemble du territoire québécois.

Deuxième solution, favoriser davantage l'émission de permis restrictifs à des médecins étrangers, sur une base annuelle. Enfin, l'accueil en formation postdoctorale de diplômés hors Canada et États-Unis.

Le Québec en accueillera 54 cette année, comparativement à 3, il y a à peine 4 ans. Déjà, la FMRQ en compte 160 dans ses rangs, alors qu'en 2000, il n'y en avait que quelques-uns.

Malgré toutes ces mesures, certaines normes doivent être respectées. Ainsi, les mesures mises en place pour vérifier la qualité de la formation des candidats à une formation postdoctorale au Québec ou à un permis restrictif sont essentielles.

De plus, il faut favoriser leur intégration au sein d'un réseau de santé souvent très différent de celui dans lequel ils ont évolué préalablement. Le Collège des médecins et les facultés de médecine ne font que leur devoir. Le ministre Couillard n'a pas le droit de les blâmer, alors que celles-ci ont fait plus que leur part, malgré un manque évident de ressources.

Il est souhaitable que le gouvernement continue de dépenser ses énergies pour attirer et mieux intégrer les médecins étrangers. Ses efforts seront futiles, s'il ne s'attarde pas également à retenir la relève médicale formée au Québec.

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