Lettre ouverte à l’intention du COVID-19
Cher COVID-19,
Ne m’en veux pas, mais je vais te parler franchement, sans
détour.
Ça fait déjà deux mois que je suis en confinement. Je fais partie
de la tranche d’âge de celles et ceux que tu affectionnes tout particulièrement.
Je ne t’ai pas invité à me fréquenter. Je ne te connais pas. Je ne connais pas
non plus ta nationalité. Les Américains prétendent que tu es chinois. Les
Chinois prétendent que tu es américain. Quant à moi, tu pourrais être un extraterrestre,
je ne te trouverais pas plus sympathique.
Tu es vraiment effronté. Tu arrives sans crier gare. Tu te
camoufles partout, sur les meubles, les sacs d’épicerie, les comptoirs. Tu
pousses le sans gêne jusqu’à t’agripper à mes mains en prenant un air inoffensif.
Tu décuples ainsi tes chances de me contaminer. Tu sais très bien que je porte
mes mains au visage plusieurs centaines de fois par jour.
Les experts t’ont démasqué. Ils t’ont enlevé ta cape
d’invisibilité et ils t’ont vu nu. J’ai vu des croquis. Tu ressembles à un
citron sur lequel on aurait planté des clous de girofle. Au Québec lorsqu’on
dit de quelqu’un ou quelque chose que c’est un citron, ce n’est pas un
compliment.
Le monde entier, t’occulte, t’analyse, spécule sur ton degré
de dangerosité. Les big pharmas
investissent des milliards pour trouver tes points faibles. Les médias ne
parlent que de toi. Trump, Poutine, Xi Jinping et bien d’autres sont verts de
jalousie. Ceux qui comme Boris Johnson te défient, tu les envoies au soin
intensif. C’est un peu extrême. Même si les médias raffolent de tes prouesses,
il n’y a pas de quoi être fier.
Mais pourquoi t’en prends-tu aux personnes, qui comme moi,
ont atteint un âge vénérable ? On a payé notre dû à la société. Maintenant, tu
me prives de tout ce qui compte pour moi. Tu m’obliges à garder une distance de
deux mètres entre moi et les personnes que j’aime. Comment puis-je consoler mes
enfants et mes petits enfants dans ces conditions. Tu m’empêches d’aller à la
campagne pour entretenir ma forêt pour combattre le réchauffement climatique. Es-tu
un climatosceptique ?
À cause de toi, je suis confiné à la maison. Heureusement,
il me reste l’humour. Crois-moi, le rire est un antidote au stress et à la
peur. Certains prétendent que le rire améliore la longévité. Je navigue sur
Twitter et Facebook à la recherche des perles d’humour qui me font sourire. Je
partage les meilleurs avec ma famille et mes amis.
En voici quelques-unes :
« Pour ne pas se contaminer, il faut se confiner
Mais pour se déconfiner, faut être immunisé
Pour être immunisé, faut se faire contaminer
Pour se faire contaminer, faut se déconfiner » —Les
Goguettes
« Si les écoles restent fermées trop longtemps, les
parents vont réussir à trouver un vaccin bien avant les scientifiques… »
« Plusieurs parents sont en train de découvrir que ce
n’est pas le professeur qui est le problème. »
« Vous vous sentez coupables que vos enfants regardent
trop de télé ? Vous avez juste à couper le son, à mettre les sous-titres et…
boum ! Ils lisent. »
« Achetez deux Corona et obtenez une Mort subite gratuite. »
« On ne s’ennuie pas trop à la maison, mais il est étrange
que dans un paquet de riz d’un kilogramme il y ait 7759 grains et dans un autre
du même poids et de la même marque il y en a 7789. Bizarre. »
« — Papa, pourquoi il y a des supporters à 20 h sur
les balcons ?
— C’est pour soutenir le corps médical.
— Ils jouent contre qui ?
— Le COVID-19.
— Ils vont gagner ?
— Uniquement si on joue à domicile. »
Comme tu peux voir, les Québécois poussent l’audace jusqu’à
se moquer de toi.
Tu peux nous faire peur. Tu peux nous empester l’existence
un certain temps, mais tu ne gagneras pas. Si j’étais toi, je plierais bagage
et je me trouverais une planète où les habitants sauront t’apprécier. Crois-moi,
si tu restes parmi nous, on finira par avoir ta peau.
Sincèrement,
Serge
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