Michel de Rougemont, 14 février 2020
L’heure est venue de déclarer mon incompétence en matière de climat, ou plutôt mon extrême naïveté face aux grand pontes scientifiques qui s’en occupent.
Jusqu’ici je ne les tenais que pour des enflures, des gens se donnant de l’importance en exagérant leurs propos, que ce soit en estimant que le climat est hypersensibles aux gaz à effet de serre (les modèles surchauffent) ou en simulant des scénarios de dingue (émissions prévues allant bien au-delà des capacités productives de carburant fossiles) afin de maximiser la frayeur qu’il faudrait en avoir et motiver une mobilisation d’urgence qui devrait sauver le climat ou nous sauver du climat, je ne l’ai jamais vraiment compris.
Nez en moins je les prenais pour des enflures plutôt compétentes, en tous cas quant aux aspects scientifiques et techniques de la chose. Eh bien il me faut déchanter : ou bien ils sont compétents et mentent systématiquement et en bande organisée, ou alors ils sont vraiment des imbéciles.
Hier, Judith Curry a publié un billet captivant sur son blog à propos de la plausibilité des scénarios utilisé pour calculer la probable évolution du climat au cours de ce siècle.
Tout cela ne serait que de la tambouille entre soldats de la même compagnie si elle ne mettait pas en évidence que les scénarios utilisés par la communauté climatique n’incorporent que les projections de l’activité humaine (scénario d’émissions de CO2 et autres gaz) et ne considèrent en rien que des facteurs naturels changeront aussi. Ça, je ne le savais pas, j’accordais donc aux climatologues la sagesse d’en tenir compte avec tous les imprévus que cela comporte. Que nenni, les variations de l’irradiation solaire, les éruptions volcaniques et les variations décennales des océans ne font l’objet d’aucun scénario. C’est comme si l’on testait un modèle d’aéronef sans vent latéral, une omission légitime quand on ne sait pas comment faire mais malhonnête si l’on prend les résultats comme valables pour tous les cas.
Comme ces facteurs sont actuellement alignés vers un refroidissement, leur impact doit être évalué. Sans entrer dans les arcanes de ces calculs, voici ce que cela donne (tableau 6 de l’article) pour trois scénarios concernant tous les facteurs :
Scénario : | Plus chaud | Modéré | Plus froids |
---|---|---|---|
Émissions | +0.70 | +0.52 | +0.35 |
Volcans | 0 | -0.11 | -.30 |
Irradiation solaire | 0 | -.0.10 | -0.25 |
Océans | 0 | -0.20 | -0.30 |
Changement net | +0.70 | +0.11 | -.50 |
Tableau : Changement de température attendu entre 2020 et 2050, en °C, selon trois scénarios tenant compte de tous les facteurs de perturbation, humains et naturels.
On constate donc qu’il est bien possible qu’il fasse un peu moins chaud en 2050 qu’aujourd’hui.
Bien entendu on rétorquera que, ne sachant pas comment le soleil, les volcans ou les océans vont évoluer, il est légitime de ne pas supposer quoi que ce soit à leur sujet – Business as usual would mean no business. Ce à quoi je rerétorquerai que cette imprédictibilité vaut aussi pour les activités humaines. Les scénarios d’émissions humaines de gaz à effet de serre sont et font toujours l’objet de discussions vaticanes et de publications indigestes. Mais pour ce qui est de la nature, et comme il n’est pas prévu que les changements climatiques en dépendent – la définition onusienne ne retient que l’action humaine – son rôle reste sans intérêt, donc occulté. Ou alors ce rôle ne joue pas dans le sens du narratif officiel, raison de plus pour l’occulter.
Ces considérations seront bien sûr considérées comme diabolique par la communauté climatique, et ce d’autant plus que Judith Curry y est vue comme une sorcière moderne.
Les adeptes de la décarbonation seront les moins réceptifs, car un tel résultat tendrait à la démobilisation face à un péril qui n’est plus si urgent ni important. Que l’on ne me comprenne pas de travers : il faudra qu’un jour le Monde se soit sevré des carburants fossiles. Cependant cela peut et doit se faire selon des critères autres que la panique et les décisions à l’emporte-pièce. Aussi, les questions de fond sur la sensibilité du climat au CO2 ou sur les impacts socio-économiques d’un changement climatique restent. Le champ des incertitudes s’élargit, exigeant que tout ça soit étudié plus sobrement, en prenant le temps qu’il faut et en abandonnant des a priori anthropogènes.
Toute personne honnête réagira en posant de sérieuses questions ; et les malhonnêtes climatistes devront apprendre à y répondre sans omissions. Il faut tout de suite faire cesser les clameurs d’urgence et stopper les dépenses pharaoniques engagées dans des actions qui resteront futiles. Les ressources ainsi libérées – personnes, matériaux, énergie, finance – peuvent être utilisées à bien meilleurs escient.
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