Dans son livre, Dindification,
développer son esprit critique dans le monde du prêt-à-penser, Éd.
Transcontinental, 144 p., Pierre Fraser déplore que nous ayons baissé les bras
devant toutes les formes plus ou moins évidentes de nous imposer ce que nous
devons penser.
Selon Fraser nous sommes tous des dindes. Le fermier nourrit ses dindes soigneusement
pendant 1000 jours, il est donc logique de penser que le 1001e jour sera pareil
aux 1000 précédents. Eh bien non, le 1001e jour, le fermier coupe
soigneusement la tête des dindes parce que c'est Noël! L’auteur
utilise cette métaphore pour nous démontrer que l’abandon de notre sens
critique fait de nous des dindes manipulées par les bien-pensants. Des centaines de milliers, voire des millions
de personnes sautent à pieds joints dans une tendance à la mode et en
embrassent les valeurs promues par les dindificateurs.
Qui sont- ils au juste? Ce sont les bien-pensants de tout
acabit : gourous, spécialistes, experts, éditorialistes, chroniqueurs, etc..
Le gourou définit le discours à la mode. Il est charismatique et fait la promotion sans
distance critique des valeurs à la mode. Par exemple, dans le domaine de l’environnement
on retrouve les Steven Guilbault, David Suzuki, Laure Waridel, etc. Par contre,
le spécialiste, connaît les limites de son savoir, mais dès qu’on lui présente
un micro, il se sent obligé d’en rajouter. Alors son discours confond souvent science
et croyance. L’expert, quant à lui, est une espèce bien particulière. Il n’est
ni gourou ni spécialiste, mais à mi-chemin entre les deux. Chaque média, écrit
ou électronique, a ses experts maison qui vulgarisent les discours des gourous et
des spécialistes. Enfin, les éditorialistes et les chroniqueurs propagent
« la bonne parole » des gourous, spécialistes et experts.
Le processus de dindification
est initié par les gourous, amplifié par les spécialistes et les experts et
propagé par les éditorialistes et les chroniqueurs. Il démarre lentement; il
devient le sujet de prédilection des initiés et des groupies; il est ensuite adopté
par les artistes à des fins d’autopromotion; les politiciens, qui ne ratent
jamais une bonne occasion, l’utilisent à des fins électoralistes; et enfin les
entreprises s’en servent à des fins mercantiles. À ce stade une majorité de la
population souscrit au système de valeurs prêchées par les gardiens
autoproclamés de la bonne morale. Seul un évènement imprévisible peut changer
le cours des choses. Dans la métaphore de Fraser c’est le fermier qui coupe la
tête des dindes.
La pensée unique, un phénomène particulièrement présent au
Québec, est le symptôme le plus évident d’une société dindifiée.
Quels sont les grands courants de la pensée unique québécoise dont personne ne peut critiquer publiquement sans se faire vilipender sur la place publique? Ils sont nombreux, mais les plus dommageables sont : l'écologie et le modèle québécois.
Quels sont les grands courants de la pensée unique québécoise dont personne ne peut critiquer publiquement sans se faire vilipender sur la place publique? Ils sont nombreux, mais les plus dommageables sont : l'écologie et le modèle québécois.
Ceux et celles qui, au quotidien, nous disent quoi penser
tiennent à peu près tous le même discours : il faut éliminer les
hydrocarbures, il faut manger bio/local, il faut taxer les riches et les
entreprises, il faut protéger nos acquis, il faut plus de programmes sociaux, l’État
est seule apte à fournir les services publics, etc. À peu près aucune voix
discordante, sauf quelques sceptiques à qui il faut bien accorder un peu d’espace
médiatique pour créer un semblant d’objectivité journalistique.
La répétition constante, dans tous les médias, du discours des
dindificateurs, prend tout l’espace médiatique
au détriment d’un débat rationnel qui permettrait un éclairage plus juste des défis
auxquels nous sommes confrontés. Pour s’en convaincre, il suffit de penser au
dossier du transport du pétrole par pipeline ou à celui du retour nécessaire au
déficit zéro.
Ça prend beaucoup d’efforts pour combattre la pensée unique.
Il faut se demander quels sont les intérêts de celui qui prononce le discours. Il
faut relever les contradictions dans le discours, il y en a toujours. Il faut
rechercher quels sont les discours opposés à ce discours. Il faut mesurer quels
sont les impacts du discours sur nos vies et la société. Ce n’est pas de tout
repos, mais c’est le prix à payer pour éviter d’être dindifié.
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